Publié le 30 Jan 2023 - 23:56
CROISADE DE L'ESPAGNE CONTRE LE RACISME STRUCTUREL

Une députée espagnole  mise sur la valorisation de la diversité ethnique 

 

La première élue noire du Parlement espagnol, Rita Bosaho, est en visite à Dakar, dans le cadre d’une croisade de l’Espagne contre le racisme structurel. Actuelle directrice générale de l’Égalité de traitement et de la Diversité ethnique et raciale du ministère de l'Égalité, Rita Bosaho compte s’impliquer dans la lutte pour la reconnaissance et la valorisation de la diversité ethnique et la lutte contre le racisme.

 

Être une personne de couleur, en Espagne, comme dans bien d’autres pays européens, rime avec des problèmes qui ont pour noms exclusion, discrimination racisme, y compris si l’on est né et a grandi en Espagne et même quand on a un parent espagnol.

Mais manifestement, le Royaume d’Espagne semble prendre le taureau par les cornes, notamment sur le plan législatif, afin de lutter contre ces fléaux. C’est à cela que s’attèle Rita Bosaho, la première élue noire du Parlement espagnol et directrice d’un département ministériel dédié à cette cause.

Le racisme structurel en Espagne n’est pas une vue de l’esprit. Plusieurs études réalisées ces dernières années par la Direction générale de l’Égalité de traitement et de la Diversité ethnique et raciale du ministère de l’Égalité le prouvent à suffisance.

Selon Rita Bosaho, la directrice générale de ce département, ces études révèlent des problèmes ‘’de racisme qui affectent différents domaines particulièrement sensibles, tels que le logement, l’accès à l’emploi, le traitement par la police, l’éducation ou la participation publique et politique des communautés touchées par la discrimination raciale’’. 

Invitée par la fondation Mujeres pore Africa à Dakar, Mme Bosaho, qui est première députée d’origine africaine du Parlement espagnol, a donné une conférence au Centre culturel espagnol (Instituto Cervantes de Dakar) sur les ‘’Politiques d’inclusion, dans la perspective de l’afro-descendance et de la diversité ethnique et raciale en Espagne’’. 

Madame Bosaho a reconnu, d’emblée, la grande difficulté des institutions espagnoles à reconnaître à leur juste valeur la pleine citoyenneté d’une partie de la société. ‘’Il y a nécessité de mettre en évidence l’existence d’un racisme structurel, puisqu’elle est une ségrégation raciste institutionnalisée. Son existence doit donc être reconnue et traitée par des politiques proactives’’, a-t-elle proscrit.

Au sein de sa direction, Rita Bosaho travaille à mettre en œuvre des politiques pour la reconnaissance et la valorisation de la diversité ethnique et la lutte contre le racisme.

Approchant la montée des partis de l’extrême droite, la première députée noire du Congrès espagnol depuis 1968 se montre très inquiète. ‘’Cette montée fulgurante des partis de l’extrême droite est un grand défi pour nous qui nous considérons comme des démocrates. Pour la première fois en Espagne, il y a eu un gouvernement de coalition de progressistes. Et la grande partie, ce sont les partis de gauche.  Pour le cas de l’Espagne, l’extrême droite et la droite ont une représentation assez importante. Ils ont été dans des partis conservateurs. Et nous savons qu’ils sont en train de s’organiser sur le plan mondial. Le racisme et la xénophobie sont en train de prendre une grande importance en Europe. C’est un défi important pour nous de lutter contre cette progression des partis de l’extrême droite’’, a souligné la conférencière.

Pour la militante et femme politique afro-descendante, il y a ‘’nécessité de mettre en évidence l’existence d’un racisme structurel dont souffrent, en raison de circonstances historiques, certaines populations ou des groupes ethniques’’.

‘’Son existence doit donc être reconnue et traitée par des politiques proactives’’, a souligné la conférencière en présence de l’ambassadrice d’Espagne à Dakar Olga Cabarga Gomez et des représentants de plusieurs institutions, notamment de la CEDEAO.

La Commission de l’Union européenne définit le racisme structurel comme étant une structure profondément ancrée dans l’histoire des sociétés entrelacées avec leurs racines et normes culturelles, et qui peut se refléter dans le fonctionnement de la société, la répartition du pouvoir et la manière dont les citoyens interagissent avec l’État et les services publics.
Rita Bosaho travaille  au sein de sa direction à mettre en œuvre des politiques pour la reconnaissance et la valorisation de la diversité ethnique et la lutte contre  le racisme. Il y a, entre autres, les activités de la Décennie pour les personnes d’ascendance africaine 2015-2024 (proclamée par l’ONU, l’ouverture du débat sur l’opportunité d’introduire une question sur l’origine ethnique dans les statistiques, études et enquête en Espagne).

Portée à la Direction générale de l’Égalité du ministère, elle explique avoir réalisé trois études sur les questions telles que la prévalence de la discrimination ethnique ou raciale, afin de comprendre comment elle se produit et les domaines qui en sont concernés. Une autre étude sur l’approche de la population afro-descendante et africaine en Espagne (étude pionnière visant à établir un diagnostic de la situation dans différents domaines de la société, et une autre étude sur la discrimination raciale dans le domaine du logement. 

Sa direction vise encore plus loin, afin de mieux comprendre et d'apporter des solutions adéquates. ‘’Nous prévoyons actuellement une autre série d’études qui aborde de manière plus approfondie la situation de la population d’ascendance africaine, non seulement en Espagne, mais aussi dans l'Union européenne’’.

DIANA DIA(Stagiaire)

 

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