Un budget prévisionnel de 6 000 milliards annoncé pour 2023

Hier, le ministre des Finances et du Budget était l’un des invités des députés.
Il est clair que tout est devenu bien plus cher depuis quelques mois. Hier, devant les députés, le ministre des Finances et du Budget a rappelé que ‘’la pandémie de la Covid-19 a dévasté les systèmes de santé, entrainé beaucoup de pertes en vies humaines et fragilisé les économies à travers la planète, à commencer par les pays riches. Et alors qu’on commençait à entrevoir le bout du tunnel, le retour de la guerre sur le sol européen nous ramène vers des heures sombres pour l’histoire de l’humanité. Même si nous ne sommes point concernés par la guerre en Ukraine, qui se déroule bien loin de chez nous, nous en subissons, toutefois, les conséquences. En effet, notre pays subit de plein fouet les effets des tensions inflationnistes des matières premières agricoles et énergétiques’’, a expliqué Abdoulaye Daouda Diallo.
Où que puisse se situer le Sénégal, il ressent l’impact de cette guerre. ‘’En dépit de ces vents contraires, l’économie nationale a fait preuve d’une forte résilience. En témoigne un endettement et une inflation bien maitrisés, un déficit en constante diminution, n’eût été la survenance de la pandémie de la Covid-19 et un bon comportement du taux de croissance, meilleur reflet de la vitalité économique d’un pays. En 2020, dans l’épicentre de la pandémie, nous avions réussi à faire 1.3 % de croissance, alors que la quasi-totalité des États de la planète se trouvait en récession, c’est-à-dire en croissance négative’’, a-t-il déclaré.
Mieux encore, ‘’en 2021, notre pays avait déjà retrouvé le chemin d’une croissance forte, puisque nous affichions le taux très appréciable de 6.1 %. En 2022, malheureusement, le Sénégal subira, comme tant d’autres pays, les effets ravageurs du triptyque «choc pétrolier – inflation – crise alimentaire». Mais le plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré du PSE, le PAP2A, qui est notre antidote à la crise, nous permettra tout de même de faire 5.1% de croissance, selon nos dernières projections’’.
Et, avertit-il, ‘’sur la période 2023-2025, qui correspond au périmètre du Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle en votre possession, le taux de croissance moyen sera de 7.8 %, avec un pic de 10.5 % en 2023, à la faveur du démarrage de l’exploitation de nos gisements d’hydrocarbures. Sur la même période également, l’inflation se situera en moyenne à 3.8 %. C’est un peu plus que le plafond fixé dans le cadre de l’UEMOA, lequel s’élève à 3 %, mais on peut aisément faire le constat que notre pays est bien proche de la norme’’.
Cependant, assure-t-il, ‘’dans tous les cas, le gouvernement continuera d’être vigilant sur le sujet de l’inflation et de prendre toutes les mesures d’accompagnement permettant de protéger le pouvoir d’achat des ménages, mais aussi les marges des entreprises. Car tout ce qu’on fait, tout ce pour quoi le gouvernement lutte du matin jusqu’au soir, n’a de sens que si nos compatriotes vivent mieux. En effet, la raison d’être d’une politique publique est de répondre aux attentes et préoccupations des citoyens. De ce point de vue, la lecture du Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle permet de mesurer les progrès réalisés et d’entrevoir les perspectives’’.
Abdoulaye Daouda Diallo s’est félicité du fait que depuis l’accession de Macky Sall au pouvoir, le budget annuel du Sénégal ne cesse de croitre. En effet, souligne-t-il, ‘’en 2012, le budget était arrêté à 2 452 milliards F CFA. La loi de finances rectificative pour l’année 2022 a été arrêtée à 5 556,7 milliards F CFA et représente plus du double du budget de 2012. Et voilà qu’en 2023, les prévisions budgétaires ressortiraient à plus de 6 000 milliards F CFA, chiffre très révélateur sur les ambitions du gouvernement. Le trend haussier du budget est gagé sur les performances liées aux réformes engagées depuis 2012, dans le cadre de la gestion des finances publiques et du renforcement des bases structurelles de l’économie, à travers notamment la mise en œuvre du PSE, qui a permis la réalisation d’importantes infrastructures sociales, mais aussi des programmes structurants de construction d’infrastructures économiques stratégiques, en particulier dans les secteurs des transports et des services énergétiques qui doivent servir de base pour soutenir la croissance’’.
Dans ce sens, est noté le relèvement du revenu per capita qui est passé de 1 238 dollars US en 2015 à 1 467 dollars US en 2020. Aussi, il est noté une baisse du taux de pauvreté de cinq points, passant de 42.8 % en 2011 à 37.8 % en 2018-2019. ‘’Sur le terrain de la lutte contre l’extrême pauvreté, les résultats obtenus sont encore plus encourageants, puisque le taux est passé de 12.2 % en 2011 à 6.8 % en 2018-2019. Bien sûr, la pauvreté n’a pas disparu du Sénégal. Nous avons des millions de compatriotes qui continuent d’en souffrir. Le gouvernement est conscient que c’est un combat de longue haleine, qui exige des efforts, des ressources mais aussi de la patience. Mais nous œuvrons de manière très concrète pour améliorer la situation de nos concitoyens les plus vulnérables sur le plan économique’’, indique M. Diallo.
Dans ce cadre, ‘’l’État soutient chaque année 315 626 ménages bénéficiaires des bourses de sécurité familiale, de même que 64 728 titulaires de la carte d’égalité des chances. Le Programme national des bourses de sécurité familiale, instauré par Monsieur le Président de la République et lancé en 2013, a, jusqu’en 2021, exécuté 164,025 milliards F CFA. C’est en raison du succès dudit programme que la Banque mondiale a accordé, dans un premier temps, un appui financier de 27 milliards F CFA pour la mise en œuvre du Programme d’appui aux filets sociaux et dans un deuxième temps un financement additionnel de 43,4 milliards F CFA de transferts monétaires aux ménages pauvres’’. Ce qui est possible avec le soutien de la Banque mondiale. ‘’En 2021, 94 % des ménages ruraux avaient accès à l’eau potable, soit une augmentation de 14 points. Pour le milieu urbain, le taux d’accès à l’eau s’établit à 98 %. En 2021 toujours, le taux d’accès à l’assainissement est de 76 % en milieu urbain et 51 % en milieu rural’’.
L’un des piliers sur lequel le gouvernement peut s’appuyer pour résorber la pauvreté est l’éducation. ‘’Car c’est par l’éducation qu’on dotera chaque Sénégalais des armes pour gagner correctement sa vie, pour préparer son avenir et pour réaliser ses projets. Sur ce plan, le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle renseigne que le taux d’alphabétisation (51.8 % en 2019) est plus élevé en milieu urbain (65.1 %) qu’en milieu rural (37.3 %), plus élevé chez les hommes (63.1 %) que chez les femmes (43 %)’’, informe M. Diallo.
Mais ‘’le gouvernement ne se satisfait pas de ces chiffres. Les améliorer significativement sera une priorité sur la période 2023-2025. Notre objectif, je dirais même notre obsession, est facile à résumer : faire en sorte que tous les Sénégalais, femmes et hommes, soient alphabétisés. C’est pourquoi un autre indicateur nous interpelle : il s’agit du taux d’achèvement des études. Aller à l’école, c’est bien ; aller jusqu’au bout du cycle scolaire et en sortir avec le baccalauréat ou un diplôme professionnel valorisant, c’est encore mieux. Or, sur ce plan, il faut reconnaître qu’il y a encore des efforts à faire, puisque les taux d’achèvement sont les suivants : à l’élémentaire : 65 % en 2021 (72.7 % pour les filles et 57.5 % pour les garçons) ; au moyen : 41.8 %. Au secondaire : 28.2 %.
Dans l’enseignement supérieur, les chiffres sont rassurants. En 2020, le pays comptait 1 281 étudiants pour 100 000 habitants (sachant que la norme internationale est de 2 000 étudiants pour 100 000 habitants), auxquels il faut rajouter 521 inscrits en formation professionnelle et technique pour 100 000 habitants.
Par ailleurs, au plan sécuritaire, le gouvernement du Sénégal s’est engagé dans le renforcement des moyens de défense et de sécurité nationale dans un contexte de montée du terrorisme dans la sous-région. ‘’Un nombre important de mesures a été réalisé dans ce sens, notamment : l’acquisition de matériel adéquat pour les forces de défense et de sécurité ; l’adaptation du contenu de la formation pour une meilleure prise en charge du nouveau contexte de la criminalité (lutte contre le terrorisme, lutte contre la drogue et le crime organisé) ; le renforcement du maillage du territoire national par la construction et la réhabilitation de brigades de gendarmerie et de cantonnements militaires ;l’augmentation du recrutement du personnel pour répondre aux besoins sécuritaires’’, d’après Abdoulaye Daouda Diallo.
Mieux encore, ‘’en perspective, l’investissement portera prioritairement sur le Programme de renforcement des moyens de la défense nationale (Gaïndé), le Plan d’urgence de la gendarmerie nationale et le Programme d’équipement des forces de police. Un accent sera également mis sur la dotation allouée aux forces navales pour leur permettre d’effectuer des missions classiques, tout en mettant le focus sur la protection des ressources pétrolières’’, informe-t-il.
Babacar Sy Sèye