Le député Seydina Fall alias ‘’Bougazelli’’ a encore posé un lapin aux enquêteurs de la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane. Convoqué hier, il a de nouveau fait faux bond. Subitement déclaré malade et interné à l’hôpital par son entourage, il hume toujours l’air de la liberté, en dépit la gravité des faits à lui reprochés dans cette affaire de falsification de signes monétaires en cours dans un pays étranger. Pendant ce temps, ses présumés complices sont déférés au parquet, hier matin.

Malgré la sortie du garde des Sceaux, ministre de la Justice le week-end, assurant que l’Etat laissera la justice faire son travail, ils sont nombreux les Sénégalais à se demander pourquoi le député, arrêté en flagrant délit avec plus de 50 millions d’euros de faux billets de banque, a été laissé rentrer chez lui ?

A cette interrogation légitime, les autorités judiciaires vont devoir apporter des réponses précises, pour dissiper certaines frustrations. D’autant plus que le député, libéré sur convocation jeudi, narguait jusqu’à hier les enquêteurs. A moins qu’il ait été entendu en catimini par le procureur de la République sur son supposé lit d’hôpital.

Ainsi, à bien des égards, ce dossier du député Bougazelli ressemble fort à celui de Thione Ballago Seck. Tous deux portent sur des sommes colossales de faux billets portant sur des monnaies étrangères. Tous deux ont la particularité d’incriminer, en plus du justiciable lambda, de hautes personnalités. Le premier évolue dans la politique. Le second dans le showbiz. Dans les deux cas, la justice a fait preuve d’une bienveillance difficilement admissible pour les célébrités, tout en étant quelquefois intraitable envers les prévenus ordinaires. Renforçant, du coup, le sentiment d’une justice pour les forts, à côté d’une justice pour les faibles.

Pour rappel, Seydina Fall Bougazelli a été arrêté, jeudi dernier, en possession d’une somme importante de faux billets. Ses 6 présumés complices ont été déférés, hier, devant le procureur, pendant que le parlementaire est toujours libre. Le député a été piégé et arrêté à Ngor, où il s’était rendu, pensant y rencontrer des clients. Mais en lieu et place des clients, il a trouvé les pandores.