Sonko et les deux hypoths èses de Macky

Alors que le discours du président Macky Sall est attendu aujourd’hui, l’opposant Ousmane Sonko a pris les devants hier. Il a parlé des deux hypothèses qui peuvent découler du discours de l’actuel président de la République quant au sujet du troisième mandat.
Hier, Ousmane Sonko a pris la parole, alors que le président Macky Sall doit faire son adresse à la nation aujourd'hui. Selon le leader du parti Pastef, il n’y a que deux hypothèses dans la prise de parole de Macky Sall, ce lundi: soit il déclare ne pas être candidat pour l'élection présidentielle de 2024, soit il déclare sa candidature. Le redoutable opposant a anticipé sur ces hypothèses. D'après lui, dans le premier schéma, l'objectif serait de l’isoler totalement, lui et son parti. ‘’Parce que, dit-il, dès lors qu’il déclare ne pas être candidat, il y a la possibilité de persécuter Ousmane sonko et son parti politique, puisqu’une bonne partie de ceux qui, aujourd'hui, professent que sa seule préoccupation c’est le troisième mandat sortent immédiatement du combat de principe que nous sommes en train de mener. Et certains Sénégalais et de la communauté internationale diront que, dès lors qu’il a renoncé à une troisième candidature, le reste, on peut laisser passer’’.
Pour lui l’objectif du dialogue nation c’était de trouver les voies et moyens pour l'éliminer de la course à la présidentielle de 2024. ‘’Ce qui va se passer dans les prochains jours n’est autre que la pose du dernier acte pour finir ce complot contre ma candidature. L’Assemblée nationale va être convoquée certainement en procédure d'urgence pour faire passer ces mesures tendant à réhabiliter certains candidats et à tout faire pour exclure un candidat’’, a alerté M. Sonko. A l’en croire, cela passera par la relance de la machine judiciaire contre sa personne, et une tentative d’exécution physique sur sa liberté. ‘’Il n'est pas acceptable que cette machine soit mise en branle’’, prévient-il.
‘’Nous avons une certaine classe politique qui pense que les méthodes des années 1980, 1990 et même 2000 sont encore valables aujourd'hui. Ils n’ont pas compris que le peuple sénégalais est lucide et mature que personne ne peut le manipuler. Les deals d’une certaine classe politique qui, après s'être retrouvés en sourdine et en coulisse pour élaborer des schémas tournent tous autour d’un seul impératif : comment invalider la candidature de Ousmane Sonko’’, a-t-il expliqué.
Quant à sa liberté, il se montre pourtant confiant. Pour lui, le président de la République n’a aucune base légale pour l'arrêter et l'emprisonner. Il indique qu’il n’a pas reçu de convocation et qu’il n'avait pas disparu, lorsqu’il était jugé par contumace dans l'affaire Sweet Beauté. A cet effet, selon lui, la peine est anéantie. ‘’Si je me constitue demain ou qu’ils prennent l’initiative de venir m'arrêter, s’ils m'arrêtent à 8h, ils doivent me libérer à 10h. Parce que l'arrêt est anéanti. S’il n’y a pas de condamnation, vous ne pouvez pas retenir quelqu’un’’, a-t-il indiqué.
À l’en croire, dans ce cas, si on l'arrête, ce serait une détention arbitraire. ‘’Dans ces schémas-là, j’appelle tous les Sénégalais à se lever comme un seul homme et à se sortir massivement au nom du droit à la résistance et a cette fois-ci à en finir avec ce régime criminel’’.
Par rapport à l’autre schéma dans lequel le président Macky Sall déclarerait sa candidature, de l’avis d’Ousmane Sonko, cela ouvrirait un front plus vaste, puisque la candidature du président Macky Sall est l’affaire de tous les Sénégalais. Il note que c’est une question de principe. ‘’Devrions-nous continuer à accepter qu’un seul homme parmi les 17 millions ait un droit de vie et de mort sur qui il veut et, à chaque élection présidentielle, ait le pouvoir, en instrumentalisant la justice, de dire : tel sera candidat ou tel ne le sera pas ?’’, demande-t-il, invitant les Sénégalais à dire non.
Ainsi, ‘’dans tous les schémas, le premier comme le second, nous avons l'obligation historique d’en finir avec ces méthodes’’, a invité Ousmane Sonko. Il a ainsi lancé un message à l’armée nationale, après avoir chanté ses louanges. ‘’S’il y a encore une chose qui fait l'unanimité dans ce pays, c'est l’armée nationale. S’il y a encore ce qui n’est jamais contesté ni critiqué, c’est l’armée nationale. Tant que vous êtes en train de vous battre pour préserver l'intégrité nationale, vous êtes nos héros et vous avez nos soutiens absolus… mais, n’acceptez pas qu’on vous implique dans le jeu politique, ce n’est pas le rôle de l’armée’’, a-t-il lancé.
Le Sénégal traverse l’un des moments les plus sombres de son histoire. Depuis quelques années, comme l’a noté le leader du parti Pastef, les événements malheureux et douloureux se sont succédé avec leur lot de morts, d’emprisonnements, de blessés et de dégâts matériels. ‘’Tout ceci est dû exclusivement à la boulimie d’un homme à qui le peuple sénégalais a tout donné. Cet homme ne lésine sur aucun moyen illégal pour réprimer son peuple : instrumentalisation de la justice, l’usage excessif de la force régalienne par la police et la gendarmerie et par des milices privées’’, a pesté Ousmane Sonko.
Aux jeunes sénégalais, il leur demande de ne pas se laisser intimider. ‘’Que ces tentatives d'intimidation par le recours excessif de la force ne vous découragent absolument pas par rapport au combat que nous avons initié ensemble. Un combat de principe, un combat pour la reprise en main de notre destin national… pour une bonne redistribution de la richesse nationale. Il n’y a pas d’autre voie pour le Sénégal et pour l'Afrique plus globalement. Notre génération doit impérativement gagner ce combat, autrement nous allons continuer à nous enfoncer dans les abus du sous-développement, pendant que le monde décolle’’, a-t-il indiqué, soutenant qu’il ne reste que sept mois pour ‘’le combat final’’.
En ce qui concerne la plainte à la CPI, M. Sonko estime qu’elle a une portée et que les membres du régime actuel devraient craindre pour leur avenir. ‘’Les méthodes du régime actuel ont atteint leurs limites, puisque les dernières en date ont permis au monde entier de découvrir le vrai visage du régime’’, a-t-il estimé
BABACAR SY SEYE