Publié le 26 Aug 2025 - 08:42
ENTREPRENEURIAT, INCUBATEUR, BUREAU  

Les espaces de coworking à la mode

 

Les espaces de coworking connaissent une expansion à Dakar. Une aubaine pour les jeunes entrepreneurs. Ces sites offrent un environnement de travail et une vitrine auprès de partenaires techniques et financiers clés.

 

Face à la cherté des bureaux, de la location à Dakar et de l’électricité, entre autres, l’on assiste, de plus en plus, à l’ouverture d’espaces de coworking. Ce weekend s’est tenue l’ouverture d’un nouveau site de ce genre, dénommé Liberté Center. S’agit-il simplement d’un lieu de plus dédié au travail ? Ce centre offre aux jeunes entrepreneurs un espace où ils peuvent venir travailler à moindre coût (3 000 F CFA), bénéficier d’une connexion Internet, disposer de bureaux avec tous les équipements nécessaires. Cerise sur le gâteau, c’est un incubateur.

‘’Notre programme d'incubation pour jeunes entrepreneurs identifie des startups prometteuses, les aide à structurer leur projet, puis à passer à l'échelle via un soutien à la production et un accès aux financements’’, a soutenu le promoteur Amadou Tidiane Wane.

Par exemple, explique-t-il, les exploitants agricoles travaillent généralement sur deux hectares. Les incubateurs les aident à dépasser cette échelle en facilitant l'accès aux financements et aux partenaires commerciaux. ‘’On a beaucoup de partenaires qui peuvent aider les jeunes dans l'entrepreneuriat’’, a fait savoir M. Wane.

Ce dernier, après un engagement associatif de jeunesse dédié à la création de projets, a eu un cap clair à la retraite : mettre à profit ses 30 ans d'expertise en développement international de haut niveau pour la jeunesse du pays.

Lors de l’ouverture de l’espace, il a  fait appel, entre autres, à un jeune qui produit du jus naturel en pédalant sur un vélo équipé d'un extracteur. Il s’agit de Momar Guèye Koundoul, technicien audiovisuel (monteur) et entrepreneur. Il a créé Vélo Smoothie. ‘’J'ai intégré un mixeur dans le vélo. On peut tout mixer et c’est écolo. Au Sénégal, c’est très difficile. La plupart des restaurants ou d’autres espaces semblables à celui-ci refusent de collaborer. Ainsi, quand Liberté Center m’a contacté, j’ai saisi l'occasion’’, a expliqué M. Koundoul.

Pour sa part, Amadou Tidiane Wane explique : ‘’C'est un jeune qu'on a découvert comme ça, sur Facebook ou Instagram. On a vu qu'il faisait quelque chose d'intéressant. Son vélo, il l'a conçu tout seul. Aujourd'hui, il n'a pas les moyens d’en faire facilement 2, 3, 4, 5 vélos. L'idée, c'est de l'aider à pouvoir développer autant de vélos que nécessaire, qu'on puisse aussi avoir des vélos un peu partout dans ce pays.’’

Il salue l’aspect écologique du système qui fonctionne sans électricité. Pour lui, une telle innovation mérite d'être promue. Chaque foyer ou entreprise devrait être équipé de cette technologie locale. ‘’Plutôt que d'importer des machines électriques, il faut utiliser cette solution alliant activité physique et production de jus naturels – une alternative saine et durable’’, a indiqué M. Wane. ‘’Ce qu'on compte faire avec lui, c'est essayer de l'aider à trouver des partenaires, d’abord techniques, pour améliorer son système, mais aussi des partenaires financiers qui l’aideront à mettre en place une entreprise avec assez de moyens pour pouvoir même exporter’’, a-t-il fait savoir.

Garderies

Il y a aussi à Liberté Center une cafétéria permettant de se restaurer, mais aussi une salle de sport et un coin d'attente. Les mamans ne sont pas en reste. Elles peuvent faire garder leurs enfants dans l’espace public.

Hamidou Dia, vice-président Applied AI Engineering à Google Cloud aux États-Unis, applaudit cette initiative de M. Wane. ‘’C'est une idée extraordinaire. Le développement d'un pays repose sur un entrepreneuriat fort. Au Sénégal, il y a énormément de jeunes qui sont talentueux, qui sont inventifs, mais qui n'ont pas les moyens, un espace où travailler, ni les connaissances pour le coaching et pour les financements. Donc, c’est extrêmement noble d'avoir un centre comme ça’’, a-t-il déclaré.

Aux jeunes, il leur conseille de trouver leur mission, de travailler et surtout, de ne pas laisser personne leur dire qu’ils ne réussissent pas. ‘’Il ne faut jamais avoir peur de l'échec. Un échec, ce n'est pas un échec, on apprend toujours, et c'est à force d'essayer, à force d'apprendre… C’est comme ça qu'on trouve un produit phare qui va cartonner’’, a-t-il dit, invitant les jeunes à profiter du centre. Le maire de Sicap, Souleymane Camara, a abondé dans le même sens.

‘’Aujourd'hui, on sait que la jeunesse manque de référence. Et l’entrepreneuriat est une vraie alternative à l'emploi’’, a-t-il soutenu.

Échanges mutuellement bénéfiques

À Ouakam, précisément aux Mamelles, se trouve un autre site de ce genre. Il s’agit du Club Nibbisil, mis en place par WYB Group. L'objectif est de connecter les entrepreneurs de la diaspora avec leurs homologues locaux. Cette initiative vise à créer une synergie qui favorise les collaborations et les échanges mutuellement bénéfiques.

Le Club Nibbisil propose des événements mensuels : chaque premier jeudi du mois, il organise des talks, afterworks ou petits déjeuners thématiques. C’est l’occasion idéale pour les participants de partager leurs expériences et élargir leur réseau professionnel. Il organise aussi des ateliers et masterclass : des sessions conçues pour renforcer les compétences des participants. L’adhésion au club est de 60 000 F CFA par an pour les nationaux et 100 000 F CFA par an pour la diaspora. ‘’Les espaces du Club Nibbisil sont conçus pour offrir un confort de travail et favoriser les échanges’’, a expliqué Astou Sall. Des bureaux privatisés (contrat de bail précaire) ou partagés sont proposés. Il y a également un open space (de 5 000 F CFA la journée à 60 000 F CFA par mois), des salles de réunion (10 000 F CFA l'heure ou 60 000 F CFA la journée), et un espace convivial pour les pauses et les repas. Il est aussi possible de faire une domiciliation d’entreprise à l'adresse du Club Nibbisil.

Depuis longtemps, Regus aide les entreprises à trouver et à concevoir l'espace de travail idéal pour leurs employés. ‘’Notre réseau mondial d'espaces de travail a fait naître une communauté professionnelle de 2,5 millions de personnes à travers le globe’’, lit-on sur le site internet de cette entreprise mondiale, également basée à Dakar, et qui a bien misé sur le coworking.

Au-delà de la location d’espaces bureaux, Regus propose des environnements de coworking et salles de réunion équipés de tout le nécessaire. Il y a des coins détente et des événements de networking pour favoriser la collaboration et la croissance. Le client a le choix entre un espace de coworking ouvert ou son propre poste de travail dans un bureau partagé.

De son côté, Impact Hub Dakar, situé à la cité Keur Gorgui, propose un programme d’incubation de startups, des espaces de travail (coworking, bureaux privés, salles d’événements et séminaires), des événements de réseautage dynamiques, des ateliers, etc. L’on peut aussi noter la présence de Freepenseur dans ce domaine. Cet établissement, situé à Sud Foire au niveau de l’immeuble Soda Marième, fournit aussi, entre autres, des espaces de travail modernes et conviviaux, des bureaux de coworking.

BABACAR SY SEYE

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