Astou Faye condamnée à deux mois d’emprisonnement

Le tribunal des flagrants délits de Dakar a jugé hier une affaire d’escroquerie au visa impliquant Astou Faye, une commerçante de 31 ans, mariée et mère d’un enfant. Déjà condamnée en début d’année pour des faits similaires, la jeune femme a de nouveau été reconnue coupable.
C’est avec son nourrisson de sexe féminin qu’Astou Faye s’est présentée à la barre hier. Née en 1994, elle est apparue fatiguée, le regard baissé, serrant contre elle son bébé. Poursuivie pour escroquerie, elle n’a pas nié les faits. « Je reconnais avoir reçu l’argent, mais je n’ai jamais eu l’intention de tromper qui que ce soit », a-t-elle déclaré d’une voix hésitante, expliquant avoir servi d’intermédiaire entre les plaignants et un certain El Hadji Malick Diop, présenté comme étant basé au Canada.
Selon ses dires, ce dernier lui a promis de faire voyager des candidats vers le Canada en leur procurant des visas et des contrats de travail. « Je n’ai pas d’agence de voyage. J’ai juste voulu aider. C’est Malick Diop qui m’a tout demandé. Moi-même, je n’ai jamais mis les pieds au Canada », a-t-elle assuré.
Plusieurs plaignants se sont succédé à la barre pour raconter leur mésaventure et réclamer réparation. Omar Thiaw, premier à témoigner, affirme avoir déboursé 4,5 millions de francs CFA pour obtenir des visas destinés à ses deux neveux. « C’est un certain Macoumba Samb qui m’a parlé d’Astou Faye, disant qu’elle faisait voyager des gens au Canada. Quand je l’ai rencontrée, elle a confirmé. Elle m’a montré des exemples de contrats de travail. Elle m’a même fixé des dates pour le dépôt des passeports », a expliqué le plaignant, visiblement amer.
Mademba Guèye, autre victime, raconte une histoire similaire. Mouhamed Wilane dit avoir perdu 2,52 millions, tandis que Paul Sombel affirme avoir remis 3 millions à la commerçante. Quant à Mame Cor Faye, elle soutient qu’Astou lui a restitué un véhicule et 460 000 francs, mais qu’elle lui doit encore 540 000 francs CFA.
Prenant la parole, Me Faye, conseil de l’une des parties civiles, a estimé que « l’infraction est suffisamment caractérisée » et a réclamé des dommages et intérêts pour ses clients. Même son de cloche pour son confrère, Me Matar Bèye, représentant Omar Thiaw. L’avocat a demandé au tribunal de retenir la prévenue dans les liens de la détention et d’ordonner qu’elle verse à son client 4,5 millions à titre principal et 2 millions de dommages et intérêts, « avec contrainte par corps ».
Manœuvres frauduleuses
Le procureur, pour sa part, a requis l’application stricte de la loi, estimant que la prévenue avait usé de manœuvres frauduleuses pour soutirer de l’argent à des citoyens en quête d’un avenir meilleur à l’étranger. De son côté, la défense a plaidé la clémence. L’avocat d’Astou Faye a reconnu la faute de sa cliente, tout en soulignant qu’elle n’était pas la principale instigatrice. L’avocat a également rappelé que Macoumba Samb, l’intermédiaire local dans cette affaire, avait déjà été condamné à trois mois ferme par le tribunal de Rufisque pour les mêmes faits. « Astou Faye a déjà purgé trois mois de prison dans ce dossier. Elle est aujourd’hui incarcérée avec son bébé. C’est une femme vulnérable, une mère, mais surtout une victime d’un réseau plus vaste », a plaidé la défense.
Après délibéré, le tribunal a reconnu Astou Faye coupable d’escroquerie. Elle a été condamnée à deux mois d’emprisonnement ferme. Le tribunal a également ordonné qu’elle verse aux différentes parties civiles les sommes réclamées, à titre de dommages et intérêts.
Cette nouvelle condamnation vient s’ajouter à celle prononcée plus tôt dans l’année contre la jeune commerçante, déjà sanctionnée pour des faits similaires.
MAGUETTE NDAO







