Publié le 7 Nov 2015 - 10:57
EXCLUSION DE JEUNES FILLES ENCEINTES DE L’ECOLE EN SIERRA LEONE

Amnesty international dénonce une mesure discriminatoire

 

Plusieurs filles sont renvoyées de l’école en Sierra Léone pour cause de grossesse. Pis, le gouvernement a pris une mesure interdisant à toute élève enceinte de passer les examens. Suffisant pour qu’Amnesty international crie à la discrimination et à la stigmatisation.

 

Des milliers de jeunes filles enceintes sont exclues du système éducatif classique en Sierra Léone. Dans un rapport publié le 6 novembre 2015, Amnesty international informe que le gouvernement sierra-léonais leur a interdit de participer aux examens. Dans ce document intitulé : Shamed and blamed: Pregnant girls’ rights at risk in Sierra Leone, l’organisation de défense des droits de l’Homme révèle que cette exclusion a été confirmée par les autorités étatiques de ce pays. Ces élèves ‘’laissées pour compte’’  sont en plus humiliées par les acteurs du système éducatif. ‘’Cette mesure est parfois mise en œuvre en recourant à des examens physiques humiliants et stigmatisants. Quelque 10 000 jeunes filles  risquent de compromettre leurs perspectives d'avenir’’, soutient le document. La date des examens étant fixée au 23 novembre prochain, l’organisation demande aux autorités ‘’un lever immédiat de cette interdiction’’  qui prive des enfants de l’un de leurs droits fondamentaux.

 Selon toujours le document, le ministre de l'Éducation, des Sciences et des Technologies a publié le 2 avril passé une déclaration excluant les jeunes filles enceintes des ‘’établissements scolaires’’. ‘’Cette mesure, censée préserver les élèves innocentes  des influences négatives, va les stigmatiser davantage, d'autant que le langage utilisé est associé au reproche et à la honte’’, dénonce Amnesty International. A en croire Sabrina Mahtani, chercheur sur l’Afrique de l’ouest à Amnesty International, cette décision aura des conséquences très graves. ‘’L’éducation est un droit et les gouvernements ne peuvent pas décider de le supprimer à titre de sanction’’, a-t-il déclaré dans le rapport.

L’organisation affirme s’être entretenue avec beaucoup d’écolières qui ont toutes décrit comment elles sont humiliées dans les établissements scolaires. ‘’Dans certaines écoles, des traitements dégradants et humiliants sont faits aux adolescentes. Elles sont soumises à des palpations. Certains professeurs leur palpent la poitrine et le ventre pour tester  leur grossesse. Les jeunes filles ont déclaré avoir très peur de se voir accusées d'être enceintes ; d'autres ont parlé de l'humiliation ressentie lors des examens physiques’’, explique le rapport. ‘’Ils nous ont touché la poitrine et le ventre pour voir si nous étions enceintes. Certaines ont dû passer des tests urinaires. Une enseignante portait des gants lorsqu'elle nous a auscultées. J'étais vraiment gênée lorsque ce fut mon tour. Beaucoup sont parties parce qu'elles avaient peur qu'on ne découvre leur grossesse. Une douzaine d'adolescentes enceintes n'ont pas passé leurs examens’’, témoigne une fille de 18 ans citée par le document.

3 000 élèves enceintes

Pour venir en aide aux exclues, des classes provisoires spéciales ont été mises en place pour les élèves enceintes. Ce programme financé par les pays donateurs va durer jusqu’en juillet 2016. Selon le gouvernement, plus de 3 000 élèves enceintes se sont inscrites à ce programme. Toutefois, ‘’les jeunes filles demeurent interdites d'examen’’, regrette l’ONG. Par contre elle soutient cette initiative pour celles qui ne veulent plus poursuivre  dans le système classique.

Selon l’ONG, en 2004, après la fin de la guerre civile, la Commission de la vérité et de la réconciliation (TRC) avait recommandé au gouvernement de ne plus exclure les jeunes filles enceintes du système éducatif.  Elle  avait qualifié cette pratique de ‘’discriminatoire et archaïque’’.  ‘’Les jeunes filles enceintes sont montrées du doigt et couvertes de honte en Sierra Leone. Elles perdent des opportunités précieuses pour avancer dans leurs vies. Il faut faire en sorte que la grossesse précoce ne soit pas l'élément qui détermine tout leur avenir’’, conclut Sabrina Mahtani. 

ABDOURAHIM BARRY (STAGIAIRE)

 

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