Publié le 3 Oct 2017 - 22:43
FERMETURE DES ÉCOLES YAVUZ SELIM EN AFRIQUE

La raison du plus fort… économiquement !

 

La raison du plus fort est  toujours la meilleure. Cette leçon des fables de La Fontaine est aussi valable en économie et en diplomatie. À l’image du Sénégal, plus de 10 pays africains ont déjà capitulé face à la Turquie.

 

La Turquie est visiblement une grande puissance en Afrique. Le président Erdogan a pu imposer son diktat à la plupart de ses homologues du continent. Depuis le coup d’Etat attribué au prédicateur Fethullah Gulen, Recep Tayyip mène une offensive contre l’imam à travers les écoles créées sur inspiration. C’est dans ce cadre qu’il a décidé de fermer une centaine d’établissements ouverts dans près de 30 pays. Dans cette opération, l’Afrique est visiblement la proie facile.

En effet, pas moins de 10 pays, dans le continent, se sont pliés au désir du prince d’Ankara. Un pays comme la Somalie n’a pas attendu des pressions. Il est le premier Etat africain à avoir répondu favorablement à la ‘’requête’’ de la Turquie.

D’autres ont suivi par la suite. Il s’agit du Niger, de la Gambie, du Mali, du Tchad, de la République de Guinée, du  Rwanda, du Soudan et du Burundi. Ces pays ont cédé rapidement aux injonctions de la nouvelle puissance émergente de l’Asie. Pour le cas du Bénin, c’est le président Erdogan qui l’a annoncé lui-même, à l’occasion d’une visite de Patrice Talon en Turquie. Certains pays ont essayé de faire de la résistance. C’est le cas du Sénégal qui avait opposé une fin de non-recevoir. Des missions diplomatiques ont été dépêchées dans des capitales comme Dakar et Rabat. Finalement, la résistance n’a pas duré longtemps, que ce soit du côté de Macky Sall ou de Mouhamed VI.

Mais il y avait surtout le Nigeria. Le pays de Buhari avait formulé un refus catégorique et assumé en public. ‘’Le gouvernement fédéral estime que les allégations et la requête de la Turquie sont frivoles, car dénuées de fondement juridique’’, révélait un journal nigérian, ‘’The Daily Trust’’.  Mieux encore, le ministre nigérian de l'Éducation, Malam Adamu, a déclaré lui-même qu’il ‘’serait moralement et légalement injuste de céder à la requête du gouvernement turc sur de simples allégations’’. Au finish, la Turquie a obtenu gain de cause.

À ce jour, en dehors des pays pour lesquels nous n’avons pas d’infos précises (Cameroun par exemple), il n’y a que trois pays qui résistent réellement à l’ouragan Erdogan. C’est  la Tanzanie, le Kenya et  l’Afrique du Sud.

Une salle plénière contre 3 200 enfants

Inutile de chercher loin, pour comprendre le pourquoi de la capitulation. La raison est purement économique. La Turquie s’est imposée en Afrique comme une puissance, avec de nombreux projets financés par ses institutions. Pour le cas du Sénégal, par exemple, il est connu que ce sont les Turcs qui ont livré le Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio. Ils y ont joint un hôtel dont les travaux sont presque achevés. Il y a la gare des gros porteurs, le marché international et surtout l’aéroport  AIBD que les Turcs doivent terminer, sans compter l’accompagnement pour la nouvelle compagnie aérienne sénégalaise, Sénégal Air S.A. Sur le plan commercial, les deux pays se sont engagés récemment à atteindre 200 millions de dollars d’échanges commerciaux avant la fin de l’année en cours.

Dans la difficulté de reconnaitre les vraies motivations, on a du mal, parfois, à trouver les mots justes. Au Mali, rapporte RFI, le ministre de l’Education, qui s’exprimait devant les députés, a eu du mal à convaincre. ‘’Rien ne permet, au moment où je vous parle, de mettre en doute l’engagement du gouvernement turc, car il a toujours tenu ses engagements envers le Mali. La rénovation de l’Assemblée nationale en est une illustration incontestable’’, lance-t-il. Ce qui n’a pas manqué de provoquer la réaction cinglante du parlementaire Zoumana Doumbia : ‘’Ce n’est pas la rénovation de la salle plénière de l’Assemblée qui peut être comparée à l’avenir de 3 200 enfants.’’ Peut-être qu’il ne s’agit que d’une boutade, mais les questions en jeu sont plus importantes aux yeux des dirigeants. Même si c’est au détriment de la souveraineté des Etats et de l’intérêt des milliers d’élèves et de leurs parents.  

BABACAR WILLANE

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