Publié le 26 Aug 2025 - 08:46
FORTES PLUIES À THIÈS  

Plusieurs quartiers sous les eaux, les routes impraticables

 

Des pluies diluviennes se sont abattues, ces derniers jours, sur la cité du rail, plongeant plusieurs quartiers de Thiès dans la détresse. De Médina Fall à Keur Issa, en passant par Randoulène, Mbambara et Thialy, de larges zones ont été littéralement submergées par les eaux, transformant rues et avenues en véritables canaux.

 

À Médina Fall, les habitants, surpris par l’abondance des précipitations, ont vu l'eau envahir ruelles et domiciles. ‘’Nous n'avons même pas eu le temps de mettre nos affaires à l'abri. Tout est trempé : les matelas, frigos, nourritures, les habits, les papiers...’’, témoigne Mariama, une mère de famille débordée, les pieds dans l'eau.

À Keur Issa, Randoulène et Mbambara, certains riverains ont improvisé des digues de fortune avec des sacs de sable et des planches de bois, dans une tentative désespérée de repousser l'avancée de l'eau. Mais l'ampleur des pluies a rapidement rendu ces efforts dérisoires.

Le spectacle est saisissant : voitures à moitié englouties, avenues transformées en mares boueuses, piétons contraints de patauger jusqu'aux genoux. À Mbour 1, la mosquée Massogui Tall n'a pas été épargnée : les tapis de prière, imbibés, sont devenus inutilisables. ‘’C'est grâce à la solidarité des jeunes du quartier que nous avons pu vider l'eau et nettoyer. Sinon, la mosquée aurait été impraticable pour plusieurs jours’’, confie un fidèle, encore éreinté.

Les principales artères de la ville, notamment autour du siège du parti Rewmi, du cybercampus ou de l'école Jules Sagna, sont désormais impraticables. Les chauffeurs de taxi et de motos-Jakarta refusent d'emprunter certaines destinations jugées trop risquées, comme Hersent (Thiès-Est) ou Médina Fall (Thiès-Nord). ‘’On préfère perdre la course plutôt que d'endommager nos véhicules’’, explique le taximan Ibrahima.

Face à ce décor désolant, beaucoup pointent du doigt l'inefficacité du Plan décennal de lutte contre les inondations (2012-2022), qui a englouti près de 750 milliards F CFA. ‘’On nous avait promis la fin des inondations, mais regardez : chaque année c'est le même cauchemar’’, lance Amadou, commerçant à Randoulène, visiblement en colère.

Dans les quartiers périphériques, la situation est encore plus critique : les routes secondaires sont méconnaissables, englouties par les eaux de pluie. Pour les automobilistes, c'est la croix et la bannière. Certains garent leur véhicule et poursuivent à pied, faute de pouvoir avancer.

Au-delà des pertes matérielles, c'est un sentiment d'abandon qui domine. ‘’Nous nous sentons seuls face à cette catastrophe. Si l'État ne déploie pas des moyens conséquents, nous allons encore souffrir tout l'hivernage’’, soupire une habitante de Thialy, les yeux rivés sur sa maison encerclée par les eaux.

À Thiès, le désarroi est total. Entre infrastructures défaillantes et absence de solutions durables, les populations restent livrées à elles-mêmes face à la furie des eaux.

Ndeye Diallo (Thiès)

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