Publié le 15 Feb 2014 - 14:20
HISSENE HABRE DECIDE DE RESTER SILENCIEUX FACE AUX JUGES

Les comptes et mécomptes d’une stratégie de défense

 

Le silence qu’affiche l’ancien président tchadien face aux juges des chambres africaines reste une stratégie qui s’analyse sous plusieurs dimensions. Comptes et mécomptes d’un silence bavard.  

 

Son passage hier devant les juges des Chambres africaines extraordinaires (CAE) à été du rebelote. Hissein Habré s’est encore tu comme il l’avait fait le jeudi face à la kyrielle de questions émanant des juges. Une posture qui alimente bien des débats sur ce qui pourrait advenir sur le plan juridique à l’ancien homme fort de Ndjaména.

Sous le signe de l’anonymat, cet avocat qui n’est pas du dossier renseigne que le silence n’a aucune signification en droit pénal, il «ne peut être ni un aveu de culpabilité ni un aveu de non culpabilité». Dès lors, il est laissé à la libre appréciation du juge d’aller au-delà de ce silence. L’avocat précise que le silence tout comme l’aveu ne sont pas en mesure de lier le juge, une personne pouvant avouer (un crime) sans être coupable.

Le silence ou l'aveu ne lie pas le juge

Ce qui lui fait dire alors que les juges doivent aller au-delà du silence de Habré pour trouver des preuves de ce qui lui est reproché. ‘’C’est une instruction, les juges doivent investiguer en entendant des personnes à charge comme des personnes à décharge’’, explique l’avocat qui informe que cette tâche reste entière et très ardue.

Avec la stratégie du silence adoptée par Habré, les juges se retrouvent devant un cas pour lequel ils ne sont pas trop habitués. Interpellé sur la question, Me El Hadji Diouf, l’un des conseils de l'ex président, explique ce choix par le ‘’mépris’’ à l'endroit d'une ‘’juridiction fantoche’’ constituée par les chambres africaines.

‘’Ces gens ont déjà ficelé leur conclusion avant l’enquête et ils ont déjà condamné Habré avant même de l’entendre, nous n’allons pas cautionner cette farce orchestrée...», lance le bouillant avocat. Une foudre qui n’épargne pas l’actuel président tchadien, Idriss Deby qui, selon lui, tire les ficelles de ce procès en injectant «presque 4 milliards» pour la construction d’une ‘’’Cour de mercenaires’’ pour juger Habré.

Les cas Taylor et Pinochet

Du coté de la partie civile, Me Assane Dioma Ndiaye soutient que la décision de Habré de garder le silence est respectée même s’il reste convaincu que la meilleure façon de se défendre est de réfuter ou de conforter les accusations qui pèsent sur lui. C'est sa liberté individuelle et il appartient aux juges d’en tirer des conclusions, ajoute-t-il.

Mais invoquant l’histoire récente des juridictions internationales, Me Ndiaye rappelle que Charles Taylor et Pinochet qui avaient adopté cette stratégie du silence étaient finalement revenus sur leur décision et ont fini par collaborer avec la justice en tentant de se disculper.

Toutefois, Me Assane Dioma Ndiaye affirme que, indépendamment des réponses, le juge peut conforter les charges qu’il a reçues et qui n’ont pas été combattues par le concerné. En tant que défenseur des droits humains, il aurait souhaité que le procès permette à toutes les parties de disposer de la possibilité de se défendre. Néanmoins, le silence assumé de Habré n’enlèvera en rien la crédibilité d’une éventuelle décision qui serait rendue dans cette affaire, a indiqué l'avocat des parties civiles tchadiennes.

Amadou NDIAYE  

 

 

Section: 
PRISONS SURPEUPLÉES, PRISONNIERS MALADES, LONGUES DÉTENTIONS : Yassine promet des réformes structurelles
ACCÈS AUX INFORMATIONS SUR LES BÉNÉFICIAIRES EFFECTIFS : Une avancée majeure dans la gouvernance des ressources naturelles
ASER-PAPE MAHAWA DIOUF : Le porte parole adjoint de l’APR risque six mois de prison dont trois mois fermes
AFFAIRES PAPE MALICK NDOUR ET NGONE SALIOU DIOP : Silence, on auditionne !
Diourbel
COUTS DE L’ELECTRICITE : La CRSE rassure sur les tarifs et ouvre une enquête indépendante
Rentrée rouge
SECTION DE RECHERCHES - ACCUSATION DE TORTURE ET COMPLICITÉ : Pape Malick Ndour se lave à grande eau
RENTREE SCOLAIRE 2025-2026 : Thiès en alerte face à la menace de la maladie Mpox
SAISIES DE BILLETS NOIRS ET DE FAUX MÉDICAMENTS : Le grand coup de balai de la douane à Dakar et à Koungheul  
GESTION DE LA PUB DE LÉTAT : Presse étouffée, propagandistes choyés
Arrestation
DRAME A NGUEKOKH : ACCIDENT DE LA CIRCULATION : Deux morts et une vingtaine de blessés
INONDATIONS DANS LA VALLÉE DU FLEUVE SÉNÉGAL : Entre détresse humaine et rentrée compromise  
Agence sénégalaise de règlementation pharmaceutique
AGRESSION DES LACS DE LA BANLIEUE : Dr Cheikh Tidiane Dièye et Dr Abdourahmane Diouf montent au front
PRATIQUE DE LA MEDECINE AU SÉNÉGAL : Une vingtaine de plaintes déposées en 2025 contre des médecins et des structures de santé
DAKAR-PLATEAU CHANGE LE NOM DE SES RUES : Entre devoir de mémoire et défis pratiques  
THIES - SANTE : La Fondation Pape Matar Sarr s’engage aux côtés de l’hôpital régional
DGID