Publié le 13 Jan 2015 - 23:14
HUIT ANS APRES SA DISPARUTION

Diamacoune continue de hanter le sommeil de ses compagnons 

 

On ne remplace pas Abbé Augustin Diamacoune Senghor. On ne lui succède pas non plus, serait-on tenté d’affirmer. Sinon, comment comprendre que  huit (08) ans après sa mort,  le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) peine à trouver un successeur à son  ‘’Papa Koulimpi’’ décédé le 13 janvier 2007 à l’hôpital militaire Val de Grâce de Paris.

 

Figure charismatique, l’enfant de Senghalène dans le département d’Oussouye s’est imposé naturellement comme le leader historique et le théoricien de l’historicité du mouvement indépendantiste casamançais. Malgré les dissensions et  scissions apparues aussi bien au sein de l’aile militaire que politique du mouvement, celui que les Ziguinchorois appellent affectueusement ‘’Papa Koulimpi’’ (le vieux à la barbe)  va demeurer la figure incontestée du MFDC. Seul capable de fédérer toutes les factions de l’aile militaire, Diamacoune a toutefois échoué  à unifier l’aile politique.

En effet, au mois de novembre 2007, un mois après son hospitalisation à Paris, Mamadou Nkrumah Sané, exilé en France, représentant à l’extérieur du mouvement, s’autoproclame secrétaire général par intérim, ouvrant ainsi les hostilités sur la succession du prélat. ‘’Les personnes que l’Etat  du Sénégal a fabriquées sont disqualifiées pour succéder à Diamacoune. La preuve, elles sont basées à Dakar’’, avait-il soutenu. Il faisait ainsi allusion à Jean François Marie Biagui secrétaire général du mouvement et dans une moindre mesure à Ansoumana Badji qui avait conduit les  négociations de paix de ‘’Foundiougne 1’’ sous le manteau de secrétaire général, avant que Diamacoune ne reconduise M Biagui à ce poste.

Conscient des dangers qui guettent le mouvement, Ansoumana Badji appelle à la ‘’sérénité’’ dans un communiqué de presse en date du 15 janvier 2007. ‘’Nous devons taire les querelles byzantines, la guerre de positionnement et les tiraillements de toutes sortes et cela, pour assumer la cause sacrée de l’identité casamançaise’’, avait-il déclaré deux jours après le décès de Diamacoune Senghor. Le Maquis va par la suite se mêler au débat.

Salif Sadio et César Atoute Badiate vont reconnaître l’autorité de Mamadou Nkrumah Sané avant que les relations entre César et Nkrumah ne se détériorent suite à la nomination d’Ousmane Gniantang au poste de Chef d’état-major du front Sud. ‘’Aujourd’hui, nous reconnaissons Nkrumah  pour continuer l’œuvre de Diamacoune jusqu’à ce que la Casamance décide de tenir un congrès inter-Mfdc’’, avait déclaré César Atoute dans un communiqué rendu public.

Depuis, le mouvement, malgré les efforts que ne cessent de fournir les uns et les autres, ne parvient pas à se retrouver autour d’assises internes pour désigner un successeur à Diamacoune. Pour ensuite se projeter vers les négociations avec le gouvernement du Sénégal. Diamacoune aurait-il  vu juste en disant aux autorités sénégalaises : ‘’Si vous ne négociez pas avec moi, mon cadavre s’avérera plus dangereux.’’

Diamacoune tel quel !

 Décembre 1982. Alors que la capitale du Sud se préparait à vivre Noël et le nouvel an, Abbé Augustin Diamacoune Senghor est arrêté à Ziguinchor. Ses  prises de position sur la question casamançaise, contenues entre autres dans des lettres adressées au président Léopold Sédar Senghor le 25 décembre 1980 et le 22 avril 1981, puis au président Diouf le 12 mai 1982, ensuite à l’ambassadeur de France à Dakar le 9 janvier 1983 suivies de celle adressée au président de la République française le 23 août de la même année, vont lui valoir d’être la principale cible des autorités sénégalaises. Il sera arrêté le 23 décembre 1982 à la Cathédrale de Ziguinchor. Evoquant plus tard cette arrestation, il déclara : c’est ‘’le plus beau cadeau de Noël que le président Diouf a fait à la Casamance’’. 

Le 13 décembre 1983, il est condamné à  5 ans d’emprisonnement ferme pour atteinte à l’intégrité de l’Etat. Le prélat et plusieurs autres membres du MFDC seront libérés pour la première fois le 23 décembre 1987.  Mais il sera de nouveau  appréhendé le  14 juin 1990  au quartier Kandé de Ziguinchor pour quelques mois. Le 12 août 1992, redoutant une troisième  arrestation, l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor fuit sa résidence de Kandé et se réfugie dans le maquis où il séjourna jusqu’au 15 février 1993, date à laquelle il se retrouva à  Bissau. 

L’Etat du Sénégal va ensuite, au cours de la même année,  solliciter la Guinée-Bissau afin qu’elle mette à contribution et affrète un avion pour le retour de l’Abbé Diamacoune Senghor en terre sénégalaise. Ce qui fut fait. Une fois à Ziguinchor, Diamacoune sera confié au clergé à l’Eglise Néma d’abord,  puis au Centre des Œuvres Catholiques de Ziguinchor où il sera officiellement placé, le 19 mars de la même année, en résidence surveillée jusqu’au 11 octobre 2007, date à laquelle il a été  évacué à l’hôpital militaire Val de Grâce de Paris  en raison de la dégradation de son état de santé. Là même où il rendit l’âme le 13 janvier 2007. Il avait 78 ans. Inhumé au cimetière des prêtres à  Brin à quelques encablures de Ziguinchor, sa tombe porte l’épitaphe : ‘’Pas de paix en Casamance sans justice, pas de justice sans paix’’. 

HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)

 

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