Publié le 13 May 2023 - 17:11
IDRISSA SECK SUR LE TROISIÈME MANDAT

"J’ai parlé avec le président Macky Sall, mais… ’’

 

 

Invité par la rédaction du groupe Emedia Invest, ce vendredi matin, Idrissa Seck a répondu à diverses questions. Parmi celles-ci figurent la candidature ou pas du président Macky Sall, Yankhoba Diatara et le rapport de la Cour des comptes, le malaise à Yewwi Askan Wii ou encore Ousmane Sonko et son discours "va-t-en-guerre". Le "chef de l'opposition", comme il s'est autoproclamé, y est allé sans les gants.

 

L'opposition a occupé l'espace public, en cette fin de semaine. Le rassemblement pacifique des forces vives de la nation a été précédé par la sortie médiatique du président de Rewmi. Lors de ce long interrogatoire, l'ancien maire de Thiès a passé en revue l'actualité.

3e candidature : ‘’S'inspirer du modèle démocratique américain’’

À quelques mois de la Présidentielle, le sujet sur toutes lèvres, à savoir la candidature ou pas de l'actuel président à un troisième mandat, a été évoqué. Sans trop s'aventurer, l'ancien maire de Thiès a soutenu s'être entretenu avec son ancien frère de parti à ce sujet. "Je ne sais pas si le président Macky Sall va faire un 3e mandat ou pas. Je ne peux me prononcer sur un sujet dont je n’ai pas les tenants et les aboutissants. J’ai parlé avec le président Macky Sall, mais je ne peux pas révéler le contenu de notre conversation. Ce n’est pas à moi de dévoiler la teneur de nos échanges. Au moment venu, il se prononcera", révèle l’ancien maire de Thiès. 

Pour mieux asseoir sa pensée, il ajoute : "Ce qui est sûr, c’est que je lui ai signifié que s’il y un pays qui respecte le jeu démocratique, notamment les deux mandats, c’est les États-Unis. Ils ont érigé leur Constitution en 1789. Le premier président, George Washington, avait fait deux mandats et on lui avait même demandé de remettre le couvert au vu du travail qu’il avait accompli. Ce qu’il avait catégoriquement refusé au risque, selon lui, de transformer la présidence en une présidence héréditaire."

Sous ce même rapport, le candidat de Rewmi à la prochaine échéance de 2024 poursuit : "Donc, depuis 1789 jusqu’à Joe Biden, aucun président américain n’a eu à faire plus de deux mandats, sauf Roosevelt, en 1940. Et c’était à cause de la crise de 1929 et de la Deuxième Guerre (mondiale). À l’époque, pour des soucis de stabilité, le peuple américain avait opté pour son maintien au pouvoir. D’où ses quatre mandats. Maintenant, il faut que ça soit clair, ce n’est pas parce qu’il y a eu la Covid-19… que le président doit se permettre de rester au pouvoir. Il pourrait s’engouffrer dans la brèche."

"Si je participe à un dialogue, c’est pour l’essentiel"

Le président du parti Rewmi, Idrissa Seck, a aussi informé que son parti politique prendra part au dialogue lancé par le président de la République Macky Sall.

Selon lui, s'asseoir autour d'une table est primordial à l'heure actuelle. "Je ne vais pas au dialogue pour des futilités. Si je participe à un dialogue, c’est pour l’essentiel. Je prendrai part à tous les dialogues dans ce pays", dit-il.

Sur ce même registre, l'ancien boss du Cese invite la classe politique sénégalaise à privilégier un climat apaisé, pour le bien-être des Sénégalais. 

Idrissa Seck réaffirme son ambition présidentielle qui demeure intacte et précise ne pas toutefois en faire une obsession. ‘’Je ne sais pas si un jour je serai président ou pas. Franchement, c’est le cadet de mes soucis. Moi, ce qui m’importe, c’est qu’Allah soit satisfait de moi’’, indique-t-il.

‘’Khalifa Sall ne peut pas se ranger derrière Ousmane Sonko’’

Interrogé sur la crise qui prévaut à Yewwi Askan Wii avec les piques par presse interposée entre Ousmane Sonko et Barthélemy Dias, Idrissa n'a pas caché ses inquiétudes sur l'avenir de cette coalition. "Yewwi Askan Wi s’est murée dans une situation complexe. Khalifa Sall, c’est l’héritier de Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Ousmane Tanor Dieng. Il ne peut pas se ranger derrière Ousmane Sonko. C’est mathématiquement impossible’’, déclare le président de Rewmi.

Pour lui, le leader de Taxawu Sénégal n'a pas les mêmes préoccupations que son compère de l'opposition, même s'il reconnaît qu'ils se rejoignent sur un point, à savoir la question de leur inéligibilité. ‘’Khalifa a un souci qui est différent de celui d'Ousmane Sonko. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, ils ont presque le même problème, à savoir la participation à la Présidentielle. Le dialogue peut produire qu’on réaménage la loi électorale’’.

Sur la question du statut du chef de l’opposition, l’ancien président du Cese persiste et signe : ‘’Ousmane Sonko doit d’abord régler son problème d’éligibilité, mais c’est moi le patron de l’opposition.’’ 

Le "gatsa-gatsa" pas au goût d'Idy

Dans l’entretien, il a aussi été question d’Ousmane Sonko. En effet, le patron de Rewmi n'apprécie pas le style "va-t-en-guerre" du leader de Pastef. "Tu te dis leader et tu veux diriger les gens, mais tu n’as rien à offrir à la jeunesse que deux mots d’insultes : «Gatsa Gatsa»." 

Poursuivant sa diatribe sur les "écarts de langage de Sonko’’, Idrissa Seck s'est aussi attardé sur le meeting de Keur Massar dont il a rappelé certains propos tenus, ce jour-là : "J’ai les moyens de rendre ingouvernable ce pays. Je suis allé au cimetière, j’ai prié pour mon père et je suis allé voir ma mère en Casamance. Maintenant, je suis prêt. Il (Macky Sall) me tue ou je le tue.’’

Yankhoba Diatara, le rapport de la Cour des comptes et Me Abdoulaye Wade

Concernant Yankhoba Diatara et le rapport de la Cour des comptes, Idrissa Seck a affirmé qu’il ne prendrait aucune décision, avant de parcourir le document. Il n'exclut pas de mettre son lieutenant sur la touche, s'il s'avère qu'il est mouillé dans cette affaire.

Toutefois, il a tenu à respecter le principe de la présomption d’innocence et a souligné que c’est à l’intéressé de s’expliquer sur les accusations portées contre lui. "Si Yankhoba Diatara est coupable d’actes délictueux, que la loi s’applique avec toute sa rigueur et même si je suis président de la République et que le rapport se retrouve sur mon bureau, il sera sanctionné".

Le contexte sociopolitique s'y prêtant, l'ancien Premier ministre sous Wade a évoqué la sortie de son ancien mentor dans laquelle il invitait ses militants à utiliser la loi du talion face aux forces de l'ordre. Et Idy soutient avoir recadré l'ex-président, ce jour-là. "A l’époque, je n’avais pas hésité à sermonné le président Abdoulaye Wade, dès que nous sommes remontés dans notre véhicule.

Il avait deux fois mon âge, mais n’empêche, je lui avais clairement signifié que ceci n’était pas le bon exemple. Intimer aux jeunes de répliquer vigoureusement contre des forces de l’ordre qui, demain, s’il est élu seront à ses ordres, ce n’était pas responsable. D’ailleurs, quand il est devenu président de la République, il a tout fait pour ne pas laisser cours à ces manifestations. Si vous vous souvenez bien, à un moment donné, il a même demandé aux manifestants de ne pas casser, ni brûler, mais plutôt de porter des brassards rouges’’, a-t-il rappelé.

Mamadou Diop

(Avec Emedia Invest)

 

Section: