Publié le 30 May 2020 - 23:43
INTERDITS DE TRANSPORT DEPUIS PLUS DE 2 MOIS

Les chauffeurs de Tivaouane sonnent la révolte

 

Privés d’exercer leur activité depuis bientôt trois mois à cause de la pandémie de la Covid-19, les chauffeurs du département de Tivaouane ont manifesté, hier, leur colère. Ils invitent l’État à lever la mesure interdisant le trafic interurbain, afin d’éviter un drame social dans ce pays. 

 

Depuis le mois de mars, les chauffeurs qui s’activent dans le transport interurbain ont été contraints de garer leurs véhicules. Une mesure qui a été prise par l’autorité centrale pour contrer la propagation du coronavirus. Restés près de trois mois sans toucher le volant de leurs voitures, les chauffeurs du département de Tivaouane ont décidé d’agir pour pousser les autorités à réagir au plus vite. 

Ils se sont réunis, à cet effet, hier, à la gare routière de la ville sainte. Ils en appellent à la compréhension du président de la République, car, pensent-ils, il est le seul à pouvoir les tirer d’affaire, en abrogeant le décret interdisant les voyages entre différentes régions. Selon le président du Regroupement des chauffeurs du département de Tivaouane, l’État a allégé la souffrance des commerçants et doit en faire autant pour les chauffeurs. ‘’La situation que nous vivons depuis plus de deux mois est plus que difficile. Les chauffeurs sont fatigués et en face, il y a un État qui n’a pas pitié d’eux. Nous avons, dans un premier temps, décidé de vivre cette situation dans le silence. 
 
Mais maintenant nous n’en pouvons plus. Depuis la fermeture du trafic interurbain, nous vivons un calvaire inqualifiable. Pas de dépense quotidienne, nous n’avons rien du tout. Parce que nous ne sommes pas en activité. Et face à cela, l’État, qui a décidé de sacrifier les chauffeurs du pays, ne nous apporte aucun soutien, encore moins un petit réconfort’’, regrette Manar Niang. Les chauffeurs du département de Tivaouane disent être conscients de l’existence et de la propagation rapide de la maladie à coronavirus. Il n’empêche, ils contestent la décision de l’État du Sénégal. C’est pourquoi Manar Niang et ses collègues invitent le gouvernement à lever cette interdiction qui a fini de mettre à terre leurs activités. ‘’Dans le secteur du transport interurbain, nous avons des profils divers. Ici à Tivaouane, nous avons dans nos rangs des chauffeurs qui ont le Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) et d’autres sont diplômés en langue arabe.  Tous ont décidé de se lancer dans le transport. Les mesures d’assouplissement sont bénéfiques à la quasi-totalité des citoyens. En revanche, comme les chauffeurs sont sans défense, l’État a voulu les sacrifier’’, pleure le transporteur en chef du département de Tivaouane. Il soutient que l’heure est venue pour l’État de lever cette interdiction, comme il l’a fait avec la réouverture des marchés, des écoles, des mosquées et des autres lieux de commerce.
 
Des ‘’mendiants’’ dans les rangs des chauffeurs 
 
A ses yeux, il y a eu une ‘’discrimination pure et dure’’. Affirmant être plus impactés par cette crise liée au nouveau coronavirus, les chauffeurs de Tivaouane, par la voix de leur président, demandent au chef de l’État Macky Sall de décréter, enfin, la fin de cette interdiction afin d’éviter un drame social dans ce pays. ‘’Actuellement, je puis vous assurer que la situation à laquelle nous faisons face est encore pire que cette maladie à coronavirus. Lorsqu’un père de famille se retrouve avec zéro franc CFA depuis bientôt trois mois, c’est une catastrophe. Nous sommes punis par l’État qui, jusque-là, refuse de nous venir en aide. Pendant ce temps, beaucoup de familles se trouvent au bord de l’implosion. Le président de la République doit réagir au plus vite pour éviter un drame social dans ce pays. Nous n’en pouvons plus’’, alerte Manar Niang. 
 
Pour sa part, l’ancien président du Regroupement des chauffeurs de la région de Thiès craint le pire dans les familles, si la mesure n’est pas levée dans les prochains jours. Pour lui, si l’État ne la lève, pas des milliers de familles peuvent se retrouver dans une pauvreté extrême. ‘’Nous sommes très fatigués. Parmi les chauffeurs, il y en a qui commencent à tendre la main pour avoir de quoi ramener à la maison. Personne n’aime mendier. Mais on nous a plongés dans cette situation. Nous avons choisi le transport comme métier. Nous ne sommes pas des mendiants. L’État doit lever cette mesure, sinon on risque de voir des gens mourir de faim’’, prévient Abdoulaye Diakhaté. 
 
Ainsi, il indique qu’on ne peut pas leur imposer de rester chez eux pendant plus de deux mois et ‘’ne rien faire en retour pour (les) soutenir’’.
 
GAUSTIN DIATTA (THIÈS)

 

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