Publié le 12 May 2021 - 14:24
ISRAËL/PALESTINE - APRÈS UNE NOUVELLE JOURNÉE DE VIOLENCE MEURTRIÈRE

Surenchère entre Israël et le Hamas

 

« prix très lourd pour leur comportement belliqueux » ; le Hamas a répondu être « prêt » si Israël veut une escalade.

 

Au lendemain de l’une des journées les plus violentes que la région ait connu depuis des mois, les échanges de tirs entre Israël et les forces palestiniennes se sont poursuivis, mardi 11 mai.

  • Bilan incertain côté Palestinien

Un immeuble d’une dizaine d’étages – dans lequel des responsables du Hamas avaient leur bureau – situé dans le centre de la ville de Gaza a été complètement détruit par une frappe israélienne. MOHAMMED ABED / AFP

Dans la soirée, un immeuble résidentiel de 13 étages s’est effondré dans la bande de Gaza après avoir été touché par un bombardement israélien. Cette tour abritait notamment des bureaux utilisés par la direction du Hamas, le mouvement islamiste qui dirige l’enclave palestinienne. Ses habitants ainsi que les personnes vivant aux alentours avaient été prévenus une heure avant cette frappe qu’ils devaient évacuer les lieux, selon des témoins. On ignore cependant si des personnes se trouvaient toujours sur place au moment du raid israélien.

Selon le ministère de la santé à Gaza, les attaques israéliennes menées avec des avions de chasse et des hélicoptères de combat ont fait au moins 28 morts parmi lesquels dix enfants, et quelque 125 blessés. Des commandants du Hamas et du Jihad islamique, second groupe armé de la bande de Gaza, ont par ailleurs péri dans ces frappes, ont confirmé ces groupes armés. L’armée israélienne a annoncé avoir tué 15 membres du Hamas et du Jihad islamique dans la bande de Gaza, contre laquelle elle dit avoir mené 130 frappes en riposte à des tirs de roquettes.

Une source sécuritaire palestinienne a également fait savoir à l’AFP qu’un Palestinien avait été tué et un autre blessé par des tirs de l’armée israélienne à un point de passage militaire près de Naplouse dans le nord de la Cisjordanie occupée.

  • Trois Israéliennes tuées, Nétanyahou menace

En représailles, le Hamas et le Jihad islamique ont tiré dans la soirée des roquettes sur Tel Aviv, obligeant l’aviation civile israélienne à suspendre les vols à l’aéroport international Ben Gourion pendant cette pluie de roquettes.

La branche armée du Hamas a affirmé avoir lancé 130 roquettes en direction de Tel-Aviv. Les autorités israéliennes n’ont pas détaillé combien de roquettes ont été interceptées par le système de défense aérienne « Dôme de fer ». Depuis lundi soir, et avant la salve sur Tel-Aviv, environ 480 roquettes ont été lancées par différents groupes palestiniens depuis la bande de Gaza vers Israël, selon l’armée israélienne. Trois personnes ont été tuées côté israélien. Mardi soir, dans la ville de Rishon Letzion, située dans la banlieue de la ville côtière Tel-Aviv, une femme a été tuée dans des tirs de roquettes, a indiqué la police israélienne. Un porte-parole de la police israélienne a ajouté qu’un bus avait été atteint par une roquette dans la ville voisine de Holon mais qu’il était vide. Trois personnes dont une fillette de cinq ans ont été blessées dans cette ville, ont rapporté des secouristes israéliens.

Deux femmes avaient péri plus tôt dans la journée à Ashkelon, en lisière de la bande de Gaza, dans des frappes de groupes armés palestiniens.

Dans la soirée, le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou a mis en garde les Palestinens déclarant que le Hamas et le Jihad islamique allaient payer un « prix très lourd pour leur comportement belliqueux » après les tirs de roquettes palestiniens depuis la bande de Gaza. « Nous sommes au plus fort d’une campagne importante », a-t-il dit à la télévision. Benny Gantz, le ministre de la défense israélien a surenchéri : « Il y a encore beaucoup de cibles dans le viseur, ce n’est que le début ».

« Si [Israël] veut une escalade, la résistance est prête et si [Israël] veut arrêter nous sommes prêts aussi », a répondu le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh dans la soirée.

  • Des familles palestiniennes menacées d’expulsion

Le sort de familles palestiniennes menacées d’expulsion de Jérusalem-Est par des colons israéliens est au cœur des tensions de ces derniers jours. Dimanche, la justice israélienne avait annoncé le report d’une audience sur le sujet à la Cour suprême. Fort attendue, cette audience devait se tenir lundi, mais a été repoussée. Depuis 2008, 10 familles ont déjà dû partir. Trois autres attendent qu’une date d’expulsion leur soit signifiée en août. En tout, 70 familles sont menacées.

  • L’ONU « profondément inquiète »

L’escalade « doit cesser immédiatement », a réclamé mardi dans un communiqué le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, en se disant « gravement préoccupé » par l’évolution de la situation. « Les forces de sécurité israéliennes doivent faire preuve de la plus grande retenue et calibrer leur recours à la force », a-t-il déclaré. « Le lancement à l’aveugle de roquettes et de tirs de mortier vers les centres de population israéliens est inacceptable », a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s’est entretenu mardi au téléphone avec son homologue israélien Gaby Ashkenazi pour « réitérer ce message important de désescalade », selon son porte-parole. « Toute mort de civil est profondément regrettable, qu’il s’agisse d’une vie palestinienne ou israélienne », a dit le porte-parole du département d’Etat Ned Price à la presse. « Nous ne voulons pas voir de provocations. Les provocations que nous avons vues ont abouti à des pertes de vies profondément regrettables. »

Dans un communiqué, mardi soir, le président de la commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat a « condamné fermement » les « bombardements » dans la bande de Gaza.

Le Monde

 

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