Publié le 14 Mar 2013 - 05:32
JUGÉS POUR AVORTEMENT

 Le pharmacien, l'ex-infirmière et la jeune fille aux portes de la prison

 

Un docteur en pharmacie et une ex-infirmière risquent respectivement 2 ans et 3 ans. Ils sont accusés d'avoir aidé une jeune fille de 20 ans à avorter.

 

2009-2013, quatre ans après, l’histoire bégaie pour le docteur en pharmacie Jean Pierre Almeida. En service dans une officine de pharmacie basé à Derklé, le pharmacien est à nouveau cité dans une affaire d’interruption volontaire de grossesse. Tout comme sa co-prévenue, Yvonne Diouf qui, d’après le procureur, a perdu son poste d’infirmière à cause d’une affaire d’avortement.

 

Si lors de sa première comparution, Jean Pierre Alméida avait été relaxé, cette fois-ci, il encourt deux ans de prison et une suspension d’exercice de la pharmacie pour une durée de cinq ans. Il y a quelques jours, la jeune Adama Touré s’est présentée à son officine, ''l’air désemparé, elle se plaignait d’un retard de règles. Je lui ai demandé de se rendre dans une structure sanitaire, mais elle m’a dit qu’elle n’avait pas de moyens et qu’elle a perdu sa mère'', a confié hier, Dr Jean Pierre Almeida.

 

À cause des pleurs et de l'insistance de la jeune fille, le pharmacien l'a finalement mise en rapport avec l’ex-infirmière Yvonne Diouf. ''Pourquoi ne l'avez-vous pas orientée dans une structure sanitaire ?’’, lui a demandé l'un des juges. ‘’Je voulais aider Yvonne qui m’a dit qu’elle ne travaillait plus’’, a rétorqué le pharmacien, avant de jurer qu’il ignorait qu'Adama Touré était enceinte. ''Il savait bel et bien que j'étais enceinte'', a contredit la jeune fille. ''Je l’ai connu par le biais d’une copine. Quand je lui ai dit que je voulais avorter, il m’a dit qu’il ne le ferait pas. Quand j’ai insisté, il a finalement appelé Yvonne pour nous mettre en contact''. La jeune fille a ajouté que l’ex-infirmière lui a proposé ses services, moyennant la somme de 20 000 francs. ''Elle m’avait réclamé 40 000 francs, comme je n’avais pas cette somme, elle a accepté les 20 000 francs Cfa''.

 

Adama Touré a ensuite raconté comment Yvonne Diouf a introduit un objet dans son organe génital, avant de lui prescrire une ordonnance, tout en lui conseillant de ne pas se rendre à l’hôpital. Seulement, secouée par de vives douleurs et saignant abondamment, Adama Touré a été nuitamment évacuée à l’hôpital. Lorsque la sage-femme a décelé l’avortement, la patiente a été obligée de désigner Pierrot et Yvonne qui a été piégée par les policiers. Les limiers ont envoyé une jeune fille qui lui a fait croire qu’elle désirait avorter moyennant 50 000 francs. Mais devant les juges, Yvonne a soutenu n’avoir jamais pratiqué d’avortement. ''Qu’avez-vous introduit dans le sexe de Adama Touré et c’était à quel dessein ?'', lui a demandé l'un des juges. ''C’est un spéculum que j’ai introduit. On ne l’utilise pas forcément pour provoquer un avortement, car elle m’a dit qu’elle avait un retard de règles'', s’est défendue Yvonne contre qui le représentant du parquet a requis trois ans ferme.

 

Une peine jugée sévère par les conseils de la dame. Ils ont sollicité la clémence, arguant que leur cliente voulait tout simplement aider Adama Touré. Même demande pour Adama Touré, contre qui une peine de six mois a été requise. Par contre, relaxe pure et simple, c’est ce que les avocats du pharmacien ont plaidé. Le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour le 19 mars prochain. En attendant Pierrot et Yvonne sont retournés en prison.

 

FATOU SY

 

 

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