Publié le 28 Dec 2018 - 20:23
JUGE POUR FAUX MONNAYAGE

Ngaaka Blindé relaxé, l’Etat débouté

 

Le rappeur Ngaaka Blindé est blanc comme neige, dans l’affaire de faux monnayage qui lui a valu près d’une année (361 jours) de détention préventive. Il a été relaxé en même temps que son ami Khadim Thiam par le tribunal correctionnel de Dakar, hier. L’Etat a été débouté. La défense réclame une indemnisation.

 

En liberté provisoire depuis le 13 décembre dernier, Ngaaka Blindé né Baba Ndiaye est définitivement libre. Mieux, il est même blanchi par la justice dans l’affaire de faux monnayage pour laquelle il avait été mis en détention préventive durant presque un an. La deuxième chambre du tribunal correctionnel de Dakar a estimé que les faits reprochés au rappeur et à son ami étudiant Khadim Thiam ne sont pas établis. En d’autres termes, ils ont été renvoyés des fins de la poursuite. En outre, l’Etat, qui réclamait la somme de 50 millions de francs Cfa au titre de dommages et intérêts, a été débouté de sa demande. Une décision jugée ‘’satisfactoire’’ par Me Aboubacry Barro. ‘’Après les débats d’audience, nous avions plaidé la liberté provisoire et le juge nous l’avait accordée. Aujourd’hui, il a prononcé une décision satisfactoire en relaxant les prévenus. Il a fait mieux, en les renvoyant des fins de la poursuite, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de délit’’, s’est réjoui l’avocat.

Me Moustapha Dieng a abondé dans le même sens. Pour lui, ‘’c’est une décision qui honore la justice de notre pays et qui est conforme aux droits’’. Toutefois, l’avocat n’est pas totalement satisfait, car il estime que l’affaire n’a pas encore connu son épilogue. Il annonce que la défense va introduire une procédure d’indemnisation de son client qui a fait près d’un an en prison, avant d’être libéré. ‘’Nous allons essayer de rechercher les voies et moyens d’indemniser ces jeunes qui ont été emprisonnés pendant presque 1 an et qui se voient, aujourd’hui, relaxés. Est-ce que c’est juste, après tout ce parcours de vie, après toutes ces accusations qui ont été démontées par le tribunal que ces jeunes retournent chez eux comme si de rien était ?’’, s’est interrogé Me Dieng. Qui martèle : ‘’nous allons engager une bataille de procédure, afin qu’ils soient réhabilités’’.

Les faux ‘’vrais faux’’ billets

Jugé pour complicité de contrefaçon, falsification et altération de signes monétaires, le jeune artiste a été arrêté par la police des Parcelles-Assainies, à l’aube du 19 décembre 2017. Il était en compagnie de trois individus et était en possession de la somme de 5 730 000 F Cfa en faux billets dans une enveloppe. Un autre montant de 630 000 F Cfa a été découvert, lors de la perquisition effectuée chez son co-prévenu. Les deux comparses ont, ainsi, été écroués en même temps que les nommés Talla Guèye, Awa Ndiaye et Cheikh Sarr qui ont finalement bénéficié d’un non-lieu. Renvoyés devant la chambre criminelle, le juge s’était déclaré incompétent, suite au réquisitoire du parquet. Ainsi, le parquet a renvoyé l’affaire en police correctionnelle.

Lors du procès, les prévenus ont clamé leur innocence. Ils ont encore soutenu que les faux billets étaient destinés à embellir un clip et que ce ne sont pas de ‘’vrais faux’’. Car, d’après Khadim Thiam, il a tiré un billet à partir de Google et il en a fait des photocopies en couleur sur feuille blanche. Lorsqu’il a été entendu par les juges, Ngaaka Blindé avait indiqué que le tournage était prévu le 6 décembre, puis a été repoussé au 19 courant, parce que la caméra dont dispose le réalisateur n’était pas très sophistiquée. Il avait fait savoir que le tournage devait être effectué à Saly et que des mannequins et des artistes comme Sanex devaient y figurer ainsi que la mère d’Awa Ndiaye (celle avec qui il a été arrêté). Le regroupement était prévu à la cité Mixta où le chanteur avait donné rendez-vous à tous les participants. Malheureusement, c’est en s’y rendant qu’il a été appréhendé à hauteur de la Brioche Dorée de Diamalaye.

‘’Je ne pensais pas que c'était une infraction, car j'avais posé l'enveloppe contenant les faux billets sur le tableau de bord. Je rassurais même ma mère en lui disant que nous allions être libérés’’, avait déclaré le rappeur qui trouve curieux que les policiers se soient dirigés vers l’enveloppe. ‘’L'enveloppe était fermée. Ce qui m'intrigue, c’est comment ils ont su son contenu’’, avait-il lancé d’un air dépité.

FATOU SY

Section: