L’infirmier militaire à la retraite jugé ce mercredi

Arrêté le jeudi 3 juillet dernier par les éléments du commissariat urbain de Kolda, pour avoir exercé des avortements clandestins pendant 19 ans, Mountaga Diao, infirmier militaire à la retraite, sera devant la barre du tribunal de grande instance de Kolda, ce mercredi 18 décembre.
Infirmier militaire, Mountaga Diao éprouvait d’énormes difficultés à joindre les deux bouts, après sa retraite de l’armée. C’est ainsi qu’il a versé dans la clandestinité, en pratiquant illégalement le métier d’infirmier, à partir de 2000. Sauf que la spécialité du gus était l’avortement clandestin. Il le faisait d’ailleurs tellement bien qu’il s’est très vite forgé une réputation auprès de la gent féminine.
Ainsi, des jeunes filles enceintes, qui voulaient à tout prix se débarrasser de leur grossesse, afin de ne pas être la risée de leur famille et du voisinage, sollicitaient ses services. Obnubilé par le gain facile, le militaire infirmier s’adonnait à cette pratique interdite dans la commune de Kolda. Sa parfaite maitrise du métier et des avortements opérés sans faute lui ont valu une vaste clientèle.
Mais, de fil en aiguille, la nouvelle s’est répandue comme une trainée de poudre et a fini par atterrir sur la table du commissaire urbain de Kolda.
C’est ainsi qu’une enquête a été ouverte par les limiers. Et pour faire tomber l’ancien militaire, les enquêteurs n’ont pas eu trop de mal pour y parvenir. Ils ont mis une jeune fille sur le coup. Cette dernière est allée à la rencontre de Mountaga Diao, sous prétexte qu’elle était enceinte et qu’elle voulait se débarrasser de sa grossesse. Après quelques minutes d’échanges, l’infirmier a accepté de la faire avorter moyennant une somme d’argent. Rendez-vous est ainsi pris le jeudi 3 juillet 2019, vers 19 h.
A l’heure du rendez-vous, l’infirmier militaire à la retraite a été surpris, dans sa sale besogne, par les policiers qui étaient aux aguets. La perquisition faite dans sa ‘’clinique’’ a permis aux éléments de la police de découvrir du matériel servant à pratiquer des avortements. Ils ont aussi trouvé sur les lieux des pièces d’identité de quatre jeunes filles. Interpelées, ces dernières ont expliqué qu’elles ont subi des avortements clandestins auprès de Mountaga Diao, mais étant dans l’incapacité de lui payer son argent, elles ont préféré laisser leur carte nationale d’identité, en guise de garantie.
Selon elles, la méthode de l’infirmier clandestin consistait généralement à élargir le vagin et à faire directement un curetage de l’appareil génital pour décoller le fœtus de la paroi et l’enlever. Et si la patiente ne supporte pas la douleur, l’autre technique consistait à introduire une sonde dans l’utérus pour percer l’enveloppe de l’embryon et faire couler le liquide amniotique. Il s’agit, en termes clairs, de créer une fausse couche pour ensuite faire un curetage et enlever les morceaux de l’enveloppe qui seraient restés à l’intérieur du vagin.
Devant les enquêteurs, le militaire à la retraite a, dans un premier temps, nié les faits. Confronté à ses clientes, il a fini par avouer, en soutenant qu’il a exercé cette pratique pendant 19 ans. Il dira ainsi que le prix de chaque opération lui rapportait entre 75 et 150 mille francs Cfa. Mis à la disposition du juge d’instruction, il sera jugé aujourd’hui.
EMMANUEL BOUBA YANGA (KOLDA)