Publié le 25 Jul 2014 - 20:09
KORITE 2014

Entre les coupures et le peu de commandes, les tailleurs broient du noir

 

La Korité approche, les tailleurs prospèrent ! Non, pas cette année ! En raison des nombreux problèmes infrastructurels et économiques qui minent la ville, la prospérité annoncée laisse place au cauchemar, pour l’industrie de la mode traditionnelle. 
 
 
Fass, dans l’un des nombreux ateliers de couture qui essaiment dans la localité, trois machines à coudre, maniées par des couturiers travailleurs, transforment avec dextérité le basin en grands boubous et autres modèles pour la fête qui approche. Le décor est sommaire. Par-ci, par-là, des mètres de couture, des coupons de tissus jonchent le sol. Les commandes sont nombreuses et la charge de travail importante.
 
Tout à coup, tout s’arrête. Les machines se taisent, le fer à repasser cesse de fonctionner, la lumière s’éteint. Chacun se regarde, car la coupure d’électricité ne laisse d’autre choix que d’arrêter le travail et de prier pour que tout revienne à la normale rapidement. ‘’Tout ce qu’on peut faire, c’est attendre jusqu’à ce que le courant revienne’’, explique Fanta, couturière chez Tounkara Yama Couture, bien installée devant une des machines. ‘’On est fatigué des coupures. Ce mois-ci, elles ne nous arrangent pas du tout’’. À l’approche de la Korité, ils ont du travail. 
 
Au coin de la rue, Monsieur Dramé, tailleur chez Couture Rip, explique la difficulté de satisfaire la demande en ce moment. ’’On fait tout ce qu’on peut pour livrer les commandes à temps’’, dit-il, bobine à la main et mètre de couturier autour du cou. ‘’Mais parfois, avec les coupures, on ne peut pas. Les clients se fâchent’’. Il dispose d’un groupe électrogène, mais le coût du carburant (500 F Cfa par litre) est rédhibitoire pour lui: ‘’C’est trop cher de l’utiliser à chaque fois qu’il y a délestage’’, dit-il. En souffrant trois à quatre coupures de courant par semaine, les ateliers à Fass ont de la chance par rapport aux couturiers d’autres quartiers, qui subissent des délestages plusieurs fois dans la journée.
 Aux HLM, un petit immeuble abrite des ateliers de tailleurs.
 
Ici, le mot d’ordre est d’accomplir le plus de tâche possible avant la prochaine coupure. ‘’Il y a coupure de courant deux à trois fois par jour, pour environ une heure à chaque fois’’, regrette Madame Ndiaye. Elle est obligée de parler à haute voix, à cause du vacarme des machines à coudre. ‘’Avec une centaine de clientes venues de l’étranger pour chercher leurs tenues pour la Korité, ce n’est pas évident’’. Cependant, en ce qui concerne la commande locale, elle fait défaut. ‘’Pour ce qui est des Sénégalaises, la demande est bien moindre. Il n’y a plus d’argent pour acheter de nouvelles tenues. C’est grave’’. 
 
Défaut de commandes 
 
Toutefois, cette surcharge de travail n’est pas valable pour tous les tailleurs de Dakar. Alors que les ateliers de Fass et des HLM sont complètement débordés, au marché Gueule Tapée et à la Médina, les tailleurs se tournent les pouces. ‘’On n’a pas de problème de coupures cette année. Notre réseau est maintenant branché à celui du tunnel’’. Mais de l’avis de ces tailleurs, ‘’cette année-ci, il y a peu de commandes’’.
 
‘’Il n’y a pas d’argent’’, observe Amady Dia, tailleur au marché Gueule Tapée. A cause des difficultés économiques du pays, les Sénégalaises sont contraintes de dépenser moins lors des fêtes, avance-t-il. ‘’Maintenant au Sénégal, les gens commencent à démystifier les fêtes. La Korité et la Tabaski se succèdent. On n’a pas les moyens. Il faut acheter de nouveaux habits pour les enfants, mais pour les adultes, ce n‘est plus une priorité’’, conclut-il.
 
Mariam, une étudiante qui habite à la Medina, fait la même observation. La jeune femme ne compte pas se procurer une nouvelle tenue. Pendant le Ramadan, ‘’chaque jour, dit-elle, il faut préparer le ‘Laax’ le matin, acheter du poisson, préparer la sauce pour le dîner. Et pour la fête elle-même, on dépense même plus : le lait, le sucre, après la salade, les pommes, les oignons, le poulet. Et comme le prix de la viande et du poulet augmente, tout cela est très cher’’. Toutes ces choses font que la jeune dame a d’autres priorités.
 
La Korité doit normalement contribuer à la prospérité de l’industrie de la mode traditionnelle, mais pour les couturiers de Dakar, c’est une période difficile. Les problèmes infrastructurels et économiques du pays touchent durement leur travail. 
May Bulman

 

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