Publié le 4 Mar 2023 - 02:42
LA DÉCLARATION DES 100

Quelles voies de salut pour le Sénégal ?

 
chers concitoyens, amis et habitants du Sénégal,
Le pays qui nous est tous cher, traverse des moments d’incertitudes augurant de sombres
lendemains. La tension est latente. Aucun Sénégalais soucieux de son avenir ne peut
rester sans mot dire face à cette situation inédite. La moindre étincelle peut embraser
notre cher pays. La situation n’est pas insurmontable, mais exige la mobilisation de tous et
de chacun pour éviter à ce pays les sombres perspectives qui pointent à un horizon qui se
rapproche. Des voix audibles dans les secteurs respectifs de leurs porteurs appellent
solennellement les différents acteurs à un apaisement de la situation, à une désescalade
de la violence physique et verbale qui menace et risque de faire éclater notre république.
 
Ces voix soucieuses de la stabilité et de la bonne marche de notre jeune nation, sont
celles d’universitaires, opérateurs économiques, ingénieurs, imams et maîtres coraniques,
écrivains, éditeurs, diplomates, médecins, sages-femmes, chefs d’entreprises, guides
religieux, enseignants et fonctionnaires, membres actifs de la société, citoyens et
citoyennes de sensibilités différentes. Ces esprits engagés dans la préservation de l’unité
nationale et la préservation des valeurs que nous avons en partage, ont en commun de
s’être abreuvés à l’immense source que sont les Enseignements de Cheikh Ahmadou
Bamba et ceux de nos grands sages et maîtres spirituels.
 
Ce pays nous a beaucoup donné : l’école, le travail, la liberté d’aller et de venir, la dignité,
le rêve et enfin l’espoir. Aujourd’hui, il est à la croisée des chemins. Mais il doit marcher
vers l’avant. Pendant 63 ans, l’imagination de vaillants compatriotes, l’énergie d’une
jeunesse décomplexée, l’esprit d’entreprise de dynamiques citoyens ont buté sur les
réticences et les errances des politiques. Nous pouvons les surmonter. Nous devons les
surmonter.
 
Dans sa lettre ouverte intitulée Le Langage de la Vérité* adressée à Galandou Diouf
ancien député du Sénégal, le Grand Mufti Serigne Mbacké Bousso, un des premiers
disciples de Cheikh Ahmadou Bamba, nous a laissé en héritage ces conseils enrobés
d’injonctions coraniques. Parlant de la relation entre les dirigeants et les citoyens, dans un
style inédit, il interpellait les dirigeants puis les populations en empruntant la voix du
Seigneur :
“Sois donc reconnaissant envers Moi, Galandou Diouf, en développant Mon pays,
en t’occupant de Mes serviteurs, en ramenant les exilés chez eux, en libérant les
prisonniers, en soutenant les faibles et en aidant les professionnels dans leur
profession afin qu’ils ne soient pas exposés au marasme.”
 
"Sois reconnaissant envers Moi, Galandou Diouf, en te considérant comme étant un
parmi eux et en ne te voyant pas meilleur qu’eux, mais comme quelqu’un que J’ai
choisi parmi eux afin d’observer comment tu te comporteras. J’élève quiconque se
montre humble et Je rabaisse quiconque se montre orgueilleux. »
 
“Quant à vous, qui l'avez élu, soyez reconnaissants, en l'aidant à développer ce
pays béni. Évitez de lui demander des choses n'ayant pas un caractère d’intérêt
général, mais uniquement des choses qui relèvent de l'intérêt public. En agissant
ainsi, je vous assisterai, Je pérenniserai votre gloire et je vous ferai connaître
 
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partout. Vous rattraperez alors les peuples qui vous ont devancés et vous
devancerez davantage ceux que vous devancez déjà. Sachez que le passé n’était
ténébreux que par le fait d'élever le partisan au-delà de ses mérites, en fermant les
yeux sur ses torts et ses travers, et de porter préjudice à l’opposant, quelques
nombreux que soient ses mérites. Soyez reconnaissants envers Moi, ne soyez pas
ingrats ! Je suis Celui qui ai révélé : « Si vous êtes reconnaissants, très
certainement J’augmenterai [Mes bienfaits] pour vous.” [Abraham : 07] et Je ne
faillis jamais à Ma promesse. Je rends puissant qui Je veux et J'humilie qui Je veux,
Je donne autorité à qui Je veux sur qui Je veux et Je la retire à qui Je veux, et nul ne
peut repousser Mes décisions.”
 
Les guides religieux, les pouvoirs publics et les populations
 
Si tous les observateurs reconnaissent aux autorités religieuses un rôle de régulateur
social, ce mécanisme mérite d’être examiné sous tous les angles. Aujourd’hui, certains
observateurs de plus en plus nombreux ne cessent de demander leur intervention avant
que l’irréparable n’arrive à notre pays, alors que d’autres esprits les accusent
indirectement de complicité ou de connivence avec le pouvoir. D’emblée, il nous semble
important de rappeler que le dispositif institutionnel du Sénégal ignore complètement et au
demeurant légalement, ces institutions populaires incarnées par les religieux, guides de la
plupart des Sénégalais du berceau au tombeau. Elles ne sont sollicitées que lorsque des
débordements risquent d’emporter le pays. En temps normal, « les légalistes et les
républicains » les accuseraient d’immixtion dans les affaires politiques et de l’Etat. Au nom
de la laïcité, les décideurs institutionnels les ont ostracisés dans le grand agenda national.
Pourtant, ces mêmes guides religieux sont les filtres entre une institution extravertie et les
populations pourtant citoyennes de ce pays. A ces dernières considérées par la majorité
de nos dirigeants comme du bétail électoral et non comme des concitoyens d’égale
dignité, on oppose une langue étrangère étrangement institutionnalisée comme la langue
officielle du pays.
 
Ces guides religieux sont exposés. Aucune disposition légale ne les protège contre les
offenses contrairement au chef de l’Etat qui a son bouclier à travers un arsenal de
répression dissuasif. Les guides n’ont jamais réclamé de statut particulier. Pourtant, ils
sont les soupapes de sécurité du pays, les repères des populations. Cette situation
incongrue peut-elle encore durer ? Les guides sont de fins connaisseurs de la société. Ils
vivent avec les populations qui leur témoignent une très grande révérence. C’est pour cela
qu’ils ne cessent de prier et de travailler pour la paix et l’allègement des coûts de la vie au
profit des familles.
 
“Yërmaande”, une demande sociale
Une évocation partagée depuis des décennies voudrait qu’aux premières années post
indépendance déjà, un vieux paysan s’interrogeait sur la date limite de cette nouvelle ère.
Il en souhaitait la fin, assurément. Soixante-trois ans après, sa demande semble être
toujours en partie à l'ordre du jour car le fossé entre les dirigeants et leurs administrés
n'est toujours pas comblé. Malgré des efforts notables ces dernières décennies au crédit
des différents gouvernements en matière d’infrastructures, les Sénégalais restent fatigués.
Et pourtant ce qu’ils réclament relève d’une ambition loin de toute démesure : manger à
leur faim, bien se soigner et à moindre coût, pouvoir recevoir une formation de qualité afin
d'apporter leur expertise devant le concert des nations, pouvoir se déplacer facilement et à
moindre risque. Aujourd'hui force est de reconnaître que le panier de la ménagère est
percé de partout. L’hyperinflation est ressentie par les plus faibles. Et voici le tableau noirci
encore plus par l'impact du covid-19 et la guerre entre l'Ukraine et la Russie. Les
populations jusqu’ici déjà très éprouvées sont quasi à terre. En remettant entre les mains
de ses dirigeants des dizaines de milliers de milliards de FCFA, le Sénégalais n'aspire
 
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qu'à un mieux-être qui lui permettra d'être à son tour productif. Il ne désire rien de plus
qu'un dirigeant qui lui prête une oreille attentive parce que vivant les mêmes réalités que
lui, parce que foncièrement connecté à ses aspirations légitimes. Pour ce faire, il faut
prendre courageusement le problème en charge en remettant l'homo senegalensis au
centre de son propre développement. Ne perdons pas de temps, donnons un signal clair.
Une solidarité accrue avec les populations les plus défavorisées de notre pays s’impose.
Les populations ne demandent qu’une chose : la paix dans toutes ses dimensions. A ce
propos, écoutons le Khalife Général des Mourides.
 
La Paix
Serigne Mountakha nous a rappelé que le Sénégal avait définitivement acquis la Paix le
jour où Dieu nous gratifia de cet être exceptionnel : Cheikh Ahmadou Bamba. Nous
devons nous inspirer de ses enseignements et de sa philosophie lui qui a été injustement
accusé, emprisonné, déporté, exilé, puis maintenu en résidence surveillée pendant plus
de trente-trois ans sans jamais une seule fois, lever sa main sur l’ennemi ni appeler au
soulèvement. Pourtant des milliers de personnes étaient sous ses ordres. Nonobstant
cela, il n’a jamais voulu verser le sang d’un seul de ses amis ni celui d’un seul de ses
ennemis. Armé d’une foi inébranlable, d’une résolution sans faille, d’une confiance totale
en Son Seigneur, vêtu de piété et imbu de science, il a formé des hommes à l’échelle de
ses valeurs. Ses projets les plus importants ont été réalisés après son retour à Dieu.
Parce qu’il avait pardonné à ses ennemis pour l’amour de celui qui les a chassés
définitivement et il n’a point jugé utile de se défendre. Parce qu’il avait formé des
hommes, il avait une vision claire et savait que le temps est le meilleur arbitre. C’est ce
modèle qui doit inspirer tout homme qui désire faire régner l’équité et la justice. Nous
pouvons puiser notre force dans la philosophie et les enseignements de Cheikh Ahmadou
Bamba en expérimentant sa philosophie de la paix et du vivre ensemble tout en étant
ferme, comme lui sur les principes fondamentaux. Cette invite s’adresse indistinctement à
tous les acteurs politiques de ce pays.
 
Le Sénégal n’aspire qu’à une chose : sa bonne marche. Les Sénégalais ne demandent
qu’une chose, ils n’ont qu’une seule aspiration : la paix. Une fois, selon la tradition
mouride, un disciple avait demandé au Cheikh s’il y’avait quelque chose de plus important
que la paix. Le Cheikh lui répondit ne pas connaître, ni dans ce monde ni dans l’Au-delà,
quelque chose de plus important que la paix.
 
La Place de la Justice et de l’Équité
 
Il convient de s’interroger sur les bases qui fondent un monde paisible et notamment la
place de la justice, de l’équité et de la transparence dans quelque société humaine que ce
soit qui aspire à un bon fonctionnement. La réponse à ces questions nécessite une
réflexion préalable sur la nature même de la justice et sur son rôle. La justice rend ses
décisions « au nom du peuple sénégalais ». Elle doit reposer sur les principes d’Éthique,
d’Équité et d’Indépendance de tous les acteurs de l’Institution.
Rigoberta Menchú Tum, militante des droits de l'homme et lauréate du prix Nobel de la
paix (1992) disait : “ La paix ne peut exister sans la justice, la justice ne peut exister
sans équité, l’équité ne peut exister sans la démocratie et la démocratie sans le
développement et le développement sans le respect de l’identité et de la valeur des
cultures et des peuples.”
 
La justice est le socle de la bonne marche d'une société. Jadis, les savants musulmans
partageaient l’assertion selon laquelle ‘’Dieu soutient la société où règne la justice même
si elle est mécréante; il délaisse celle où règne l'injustice, soit-elle croyante’’.
 
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En l'absence d'une justice équitable, les populations finissent par se faire justice elles-
mêmes ce qui mène tout droit à l'anarchie et à d’incalculables dégâts. Le Prophète
Mouhammad Paix et Salut sur lui nous avait instruits sur trois sortes de juges (qui existent)
et sur leur sort. Le juge qui connaît la Vérité et juge en fonction de cette connaissance ira
au Paradis. Le magistrat qui connaît la vérité et qui a tranché sans en tenir compte ira en
Enfer. Quant à celui qui ne connaît pas la vérité et arbitre quand même sera aussi un hôte
de l’Enfer. Et Cheikh Ahmadou Bamba nous invite dans Kun Kaatiman à ne jamais
sacrifier la vie future pour les délices de ce monde éphémère. Quiconque cède la
lumière pour les ténèbres le regrettera. Dans la société, nous avons tous intérêt à
cultiver les valeurs d'équité et de justice si nous aspirons à la paix et à la prospérité.
 
La Transparence
 
La transparence est un pilier de la bonne gouvernance et le gage de la confiance des
citoyens envers leurs élus. Cette transparence doit être l’épine dorsale de la gestion des
biens publics. C'est cette transparence qui avait poussé le khalife Oumar ben Khattab à
justifier les quelques centimètres de tissu qu'il avait en surplus, après le partage d'un butin
de guerre sainte. C'est cette même transparence qui était le souci de Serigne Cheikh
Mbacké Gaïndé Fatma quand il lançait le fameux "laaj lu ñu man, def ko fu ñu xam" qui est
devenu, plus tard, la devise de Touba Ca Kanam et la pratique qui lui a valu la confiance
des Mourides.
 
Cependant, force est de reconnaître que cette transparence n’est pas l’apanage de la
majorité de ceux qui gèrent nos biens communs, ce qui freine toute possibilité de
développement. Comment renforcer la démocratie ?
 
Le Respect de la Constitution
 
Si la souveraineté nationale appartient au peuple, chaque citoyen en détient une part.
Voter est un droit fondamental qui permet d’exercer sa citoyenneté en participant à
l’élection de ses représentants. Toute démocratie doit disposer de lois permettant aux
citoyens de changer de gouvernement ou de projets politiques, sur des bases légales
c’est-à-dire sans avoir besoin de recourir à la violence d’une part et en respectant les
procédures définies par les lois, d’autre part. L’égalité devant la loi, le droit à un procès
équitable, la liberté de conscience, la liberté d’expression, le droit de vote et le droit d’aller
et de venir sont des droits fondamentaux que la République du Sénégal a proclamés et
garantit avec la Constitution comme socle.
 
C’est pourquoi, nous devons respecter la Constitution, autant dans sa Lettre que dans son
Esprit.
 
Quelle base morale commune faut-il pour que s’édifie et s’entretienne la confiance dans la
justice des institutions ? In fine, comment faire de sorte que les bonnes valeurs morales
soient les lois qui gouvernent la conscience de chaque Sénégalais ?
 
Retour à nos valeurs
 
Le sage de Darou Minane, Serigne Mountakha Mbacké nous rappelle que la terre de
notre cher pays a bu jusqu’à l’ivresse, le sang des hommes de Dieu ; que l’encre de nos
valeureux savants a fécondé son limon et irrigué les plaines. Nous devons donc agir à la
mesure de nos capacités. Il s’avère hélas que, le spectacle auquel nous assistons est un
véritable désastre pour l’éducation de nos enfants exposés à la vulgarité et la crudité des
 
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propos qu’ils entendent et qui heurtent leur innocence. Les informations sont devenues
des tornades violentes balayant sur leur passage toutes les jeunes pousses de vertu, de
pudeur, de kersa, de retenue qui étaient plantées dans la conscience de notre jeunesse.
Les gens du Pouvoir comme ceux de l’Opposition doivent apprendre à parler de la plus
belle des manières, comme le recommande le Coran. Ils doivent apprendre à parler avec
retenue en couvrant leur propos de kersa et de tegin. N’oublions pas que tout ce qui est dit
aujourd’hui sera répété demain devant le Seigneur.
 
Le respect de la parole donnée est également une valeur fondamentale de notre pays. Il
est à préserver. Le non-respect de la parole donnée condamne son auteur a une perte de
sa dignité, car il a, par ce fait, exposé sa nudité en déchirant, le manteau d’honneur qui le
couvrait aux yeux de la société. La parole donnée est le lieu de rencontre des hommes qui
ont la moindre exigence morale, ceux qui incarnent nos valeurs de jom, de ngor, de kersa,
de doylu et de nawle. Un poète disait : « L’amour est plus précieux que la vie, l’honneur
plus précieux que l’argent et plus précieux que tous deux, la parole donnée. » Le Coran
dit : “ Et respectez l’engagement, car vous serez interrogés au sujet des engagements.”
[17-34], “ O les croyants ! remplissez fidèlement vos engagements mutuels.”. Faisant
l’éloge de Ismail aleyhi salâm, fils de Ibrahim, Dieu dit : “Rappelle aussi l’histoire d’Ismael ;
il était fidèle dans son engagement et il était un Messager et un Prophète.” [19-54] Notre
référence la plus sacrée, le Coran interroge et avertit le croyant : « O vous qui croyez !
Pourquoi dites-vous ce que vous ne faites pas ? C’est une chose abominable auprès de
Dieu que vous disiez ce que vous ne faites pas. » [61-2,3]
 
La situation actuelle est-elle une menace ou une opportunité ?
 
Finalement, cette situation peut être une chance immense à saisir pour retrouver la trace
de notre glorieuse histoire et s’y appuyer pour aller de l’avant. Il nous faut une volonté
sans faille, dépasser les intérêts de classe, de clan ou de territoires, si légitimes soient-ils
mais le plus souvent mineurs au regard de l’enjeu. L’Etat doit permettre à chaque
Sénégalais de prendre part à la seule construction susceptible de permettre à notre pays
de dire son mot, être entendu sur la scène du monde face aux empires d’aujourd’hui et à
ceux qui s’édifieront demain. Même si notre monde est mené par les plus hautes
technologies, nous devons faire un investissement massif dans la construction
d’institutions fortes qui résisteront et s’adapteront aux évolutions. Les hommes partent, les
institutions demeurent. Le Sénégal restera.
 
Carl A Schenk disait : « Si vous voulez obtenir une récolte pour une année plantez
du maïs, si vous voulez une récolte durant des décennies, plantez des arbres, si
vous voulez une récolte durant des siècles, élevez des hommes, si vous voulez une
récolte pour l’éternité, érigez des démocraties. »
 
Quel modèle de développement voulons-nous ?
Avec des dirigeants inspirés par les bonnes valeurs morales, avec comme boussole
l’éthique et l’équité, nous pourrons nous engager dans le chantier d’un développement
endogène basé sur les enseignements de Serigne Touba et des grandes figures morales
de notre pays. Un Sénégal décentralisé et résolument engagé dans la construction d’un
grand pays, propre producteur de ses besoins de base et acteur de son développement.
Serigne Touba nous avait déjà montré la voie. En 1926, après la collecte de 5 millions de
francs pour les besoins de la construction de la grande mosquée de Touba à raison de
140 francs par adulte et 40 francs par enfant, le crowdfunding avant l’heure, Cheikh
Ahmadou Bamba avait tenu à ses fidèles, entre autres, les propos suivants : « Pour tout
projet, comptez sur vos ressources propres. Car compter sur les autres, c’est aliéner votre
libre choix. Celui qui vous aide peut influencer votre orientation. »
 
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C’est d’ailleurs, cette réalité de l’aide occidentale liée qui explique la volonté des
donateurs de vouloir imposer à nos pays, leurs agendas alors que leurs projets de société
jurent parfois avec nos valeurs morales, culturelles et religieuses. Allons de l’avant tout en
nous inspirant des réalisations léguées par des grandes figures de notre pays.
Rappelons-nous les prouesses de Serigne Abdoullahi Mbacké fils de Serigne Touba, qui
avait réussi dans les années 50, à aménager des champs et espaces de culture et de
pêche à Darou Rahmane, au point que tout ce que les populations locales consommaient
venait de ces ouvrages, hormis le sel. L’expression ceebu daaru Rahmaan est encore
fraîche dans les esprits. Serigne Abdoullahi nous avait montré la voie juste avant les
indépendances.
 
Aujourd’hui, la crise du Covid-19, la guerre en Ukraine et la surinflation qui en découle ont
fini de démontrer les limites d’une économie extravertie. Force est de constater que la voie
du salut passe par une plus grande confiance au génie sénégalais avec des solutions
endogènes pour un développement économique durable. Notre sécurité alimentaire,
sanitaire ainsi que notre développement économique et social en dépendent.
 
Nous réitérons notre appel aux décideurs actuels et futurs, à s’inspirer des enseignements de
nos figures religieuses et historiques, à les adapter aux réalités du monde actuel afin
d’atteindre un développement économique et social inclusif. Ceci ne pourra se faire qu’en
repensant notre système éducatif pour mieux l’adapter à nos réalités socio-culturelles et
religieuses et en réorientant nos besoins de développement. A Touba, l’exemple le plus
récent est celui administré par le Huitième Khalife Général des Mourides, Cheikh
Mountakha Bachir Mbacké, qui a appelé les Mourides à lever un fonds de 37 milliards
pour construire le plus grand complexe d’éducation et de recherche privé du pays. Son
nom est Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim pour l’Education et la Formation. Les
Mourides et leur guide ont piloté et sorti de terre cette œuvre d’envergure initiée pour
former des cadres et chercheurs dans tous les domaines de connaissance. Compter sur
soi ne veut pas dire s’enfermer. Nous réaffirmons la nécessité de s’ouvrir au monde pour
un partenariat bénéfique à tous. Il nous faut conquérir une plus grande cohésion politique,
économique, culturelle et spirituelle. Pour saisir l’espérance du temps à venir. S’enraciner
dans nos valeurs culturelles avant de s’ouvrir au monde et participer à sa bonne marche
avec notre identité.
 
A tous les acteurs politiques, nous rappelons les conseils de l’Imam Ali à l’endroit de
Malick Al Ashtar, gouverneur d’Egypte.
« Que le plus écouté de toi soit celui qui te fera entendre les plus amères vérités et le
moins écouté celui qui t’aide à faire ce que
Dieu ne permet pas à ses représentants. Attache-toi aux pieux comme aux honnêtes :
habitue-les à ne pas te flatter, ni à te faire des éloges sur ce que tu n’auras pas fait, car la
flatterie engendre la vanité et mène à l’orgueil. »
Conclusion
Les signataires de cette DECLARATION appellent toutes les Sénégalaises et tous les
Sénégalais à œuvrer pour un Sénégal de paix, de stabilité et de renforcement de la
démocratie. Pour réussir cette grande aspiration, nous réaffirmons notre attachement :
• A une Justice indépendante et équitable
 
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• A la transparence et la bonne gouvernance dans les affaires publiques
• Au respect de la Constitution, notamment en ce qui concerne le nombre de mandats
consécutifs
• A la satisfaction de la demande sociale
• A la préservation de nos valeurs religieuses et traditionnelles pour une société enracinée
mais ouverte au monde
• A l’ancrage de notre système éducatif dans nos valeurs de base en l’adaptant à nos
besoins de développement et aux réalités du monde moderne
• Au choix de solutions de développement endogènes tirées des enseignements de nos
grandes figures religieuses et historiques, en faisant confiance au génie sénégalais, tout
en restant ouvert à toute coopération juste et équitable.
Ces aspirations ne peuvent être satisfaites que si la paix et la stabilité du pays sont
préservées. C’est tout le sens des propos tenus en février 2023 par le Khalife Cheikh
Mountakha Bachir Mbacké à Porokhane : « Le développement du pays passe
nécessairement par la paix. Cette paix incombe d’abord aux autorités car c’est à
elles qu’Allah a confié la direction du pays. Cette paix devrait être évidente et facile
à réaliser pour le Sénégal du moment qu’Allah nous a gratifié de références de la
trempe d’un homme de paix comme Cheikh Ahmadou Bamba. Cependant la paix
passe obligatoirement par le respect des principes de droiture et de vérité, njub ak
dëgg. »
La paix est également de la responsabilité de tous et de chacun. Pour aider chaque
Sénégalais à atteindre cet idéal, Cheikhoul Khadim nous a laissé en héritage, cette
formule clé : « A Toi qui aspires au salut, à la paix, que le bien gouverne ton
intention, ta parole et tes actions en tout lieu et en toute circonstance. »
Sénégalaises, Sénégalais, chers compatriotes, nous devons bâtir pour le Sénégal, une
œuvre à l’échelle de l’Histoire.
Une œuvre qui aura une capacité d’entraînement. Pour atteindre ce noble objectif, nous
tendons nos mains en demandant au Seigneur
Tout Puissant, de bénir et protéger notre cher pays le Sénégal afin qu’il devienne le grand
carrefour des idées, des innovations et des grandes valeurs de la nation humaine.
 
Salaamun qawulann min Rabbin Rahiim. Paix à vous ! Salaam ! est le mot de
bienvenue qu’un Maître Miséricordieux adresse à Ses hôtes. [36-58].
 
Vendredi, le 03 mars 2023 / 10 Sha’ban 1444 H.
 
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La déclaration des 100 :
quelles voies de salut pour le Sénégal ?
 
Liste des signataires
Khadim Moustapha Abdourahmane LO (Docteur, Imam)
Khadim NDIAYE (Imam, Parcelles Assainies)
Mame Diarra Mountakha MBACKE (Directrice d'École)
Albatoule Fatoumatou (Zahra) LO (Enseignante)
Dr Khadim Bamba DIAGNE (Professeur d’université)
Cheikhouna (Abdoul Woudoud) MBACKE (Enseignant)
Khaly DIAKHATE (Maître coranique, Imam)
Cheikh Sidy Mokhtar KA (Guide religieux, Conférencier)
Dr Same BOUSSO (Enseignant, Chercheur)
Ababacar MBOUP (Entrepreneur social)
Dr Cheikh GUEYE (Docteur, Géographe)
Serigne Mourtala FALL (Directeur d'école, Mboro)
Sokhna Ndeye Fatou DIOP (Directrice centre d’études
islamiques Al Khadim)
Sidy Alboury NDIAYE (Certified Public Accountant, USA)
Bousso FAYE (Chef d’entreprise, USA)
Abdoul Ahad Habibou MBACKE (Chef religieux, Touba)
Rokhaya DIAKHOUMPA (Femme au foyer)
Mané THIAM MBACKE (Expert-comptable, Experte en
Diagnostic Stratégique)
Mouhamadou Bamba DRAME (Docteur, Chercheur, Maroc)
Serigne Mor MBAYE (Maitre Coranique, Imam)
 
Serigne Mbacke SYLLA (Enseignant coranique et
animateur religieux SudFM)
Sakomady KEITA (Homme de Culture)
Mohammadou Lamine LO (Ingénieur des télécoms,
France)
Mareme KANDJI (Enseignante)
Babacar KHOUMA (Enseignant, Écrivain)
Mame Diarra THIAM (Élève Ingénieure)
Cheikh Fatma MBACKE ( imam - ingénieur informaticien)
Mouhamed Moustapha MBACKE (Journaliste expert en
communication)
Khadim GUEYE (Ingénieur)
Hamidoune MBACKE (Financier)
Assane GUEYE (PHD, Professeur d’université)
Cheikh Ahmadou Bamba BOUSSO (Chercheur, écrivain)
Assane TOURE (Informaticien, Canada)
Emile SOCK (Ingénieur, France)
Ousmane FAYE (Docteur en Économie)
Souhaibou SY (Maitre coranique)
Fallou SECK (Commerçant)
Cherif SARR (Ingénieur Informaticien, USA)
Dr Alioune DIONE (Chercheur en Politiques publiques et
Développement)
 
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Sokhna Maguette Gueye SYLLA (Formateur)
Amsatou MBACKE (Chercheur)
Cheikh Kalidou NDAW (Juriste, Ingénieur pédagogique)
Cheikh Moustapha MBACKE (Économiste)
Dr Cheikhouna Khadîm MBACKE (Professeur d’université)
Serigne MBACKE Saam (Chef d'entreprise)
Moustapha MBACKE (Ingénieur, France)
Moustapha FALL (Fonctionnaire)
Bassirou FALL (Agent d’affaire, USA)
Mohamadane MBACKE (Agriculteur)
Moustapha Lo DIOP (Oustaz concierge UCAB)
Marième NDIR (Écrivaine, France)
Serigne Saliou KHOULE (Commerçant)
Serigne SAMB (Juriste, Formateur en Italie)
Kabe SYLL (Commerçant)
Serigne Modou Mamoune NDIAYE
(Juriste,Écrivain,France)
Maimouna THIAM (Sociologue, USA)
Mame Thierno MBACKE (Expert-Comptable)
Saliou WADE (Enseignant)
Mouhameth Galaye NDIAYE (Professeur, imam en
Belgique)
Elhadji Mamadou NGUER (Professeur d’université)
Mouhamadou Lamine SARR (Supply Chain
Manager,France)
Moustapha NDOYE (Ingenieur)
Abdoulaye DEME (Agent de sécurité)
Serigne Mbacke KANE (Chef de Projet territorial, Marseille)
Saer SYLLA (Professeur)
Cheikh NIANG (Économiste-Statisticien-économètre)
Mamadou Corsène SARR (Cadre administratif, Écrivain)
Serigne Khalil MBACKE (Chercheur et Guide Religieux)
Mor Talla CISSE (Inspecteur de l'Éducation, Chercheur et
Professeur à l'UCAD)
Sokhna Faty SAMB (Ingénieur en génie chimique)
Bamba MBAYE (Professeur, Écrivain)
Assane DIENG (Retraité)
Mamadou LO (Inspecteur de l'Éducation à la retraite)
Ahmet SARR (Économiste)
Serigne Mbacké Madina MBACKE (Agriculteur)
Elhadji Fallou BOUSSO Assane (Directeur d'école)
El Hadji Malick SECK (Cadre de banque)
Serigne Abdoul Khadre SENE (Doctor Dentiste)
Soda SAMB (Ménagère Diplômée, Master)
Khadidiatou NIANG (Commerçante)
Elhadji Ansou BOP (Junior Business Developper)
Thiendou NDIAYE (Cadre commercial à la retraite)
Serigne Mor TOURE (Docteur)
Soda DIOP (Enseignante)
Cheikh Sidy Makhtar MBACKE (Professeur)
Fatim Samba NDIAYE (Professeur)
Serigne Bassirou DIOP (Imam, DG Al-Azhar Kaolack)
Cherif DIATTARA (Architecte)
Amdy Moustapha MBACKE (Chercheur en traductologie,
France)
Alassane KITANE (Professeur de Lycée en Philosophie)
Ahmadou Moukhtar SYLLA (Docteur en Droit)
Mouhamadou Mourtada MBACKE (Professeur)
Serigne Moustapha Bassirou KA (Expert-comptable
Diplômé-Commissaire aux comptes)
Fatma DIOP (Conseillère pédagogique arabe)
Balla MBENGUE (Professeur)
Abibou DIATTARA (Imam et maître coranique)
Mame Mor Hamdy MBACKE (Enseignant-Chercheur)
Mor FAYE (Professeur d'université)
Cheikh DIONE (Ingénieur, USA)
Serigne Ahmadou DRAME (Chercheur en Sociologie,
France)
Anta SALL (Professeur, Lycée de Louga)
Saliou MBACKE (Président d'ONG)
Alioune Badara NDIAYE (Spécialiste en Droit et Finance
islamique)

 

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