Publié le 11 Nov 2020 - 11:41
LAMINE BA, PRESIDENT FNCL

‘’Des mercenaires politiques s’étaient emparés de l’homme Wade pour l’éloigner du peuple sénégalais’’

 
Permanence Omar Lamine Badji, ce vendredi, le parc, autrefois garni de grosses bolides, est presque vide. Des vitres cassées, des voitures en panne, des herbes sauvages qui poussent à tous les coins, quelques tas d’ordure… Nous sommes bien loin des périodes fastes du tout puissant parti démocratique sénégalais. Sur place, seule une poignée de militants, encore fidèles à l’ancien régime, veillent au grain. Ici, on respire politique. Remaniement, Abdoulaye Wade, ses hommes de confiance restent les sujets majeurs de discussion. Loin de ces ressentis de militants de second rang, le président de la Fédération nationale des cadres libéraux, Lamine Ba, parle avec EnQuête de la vie du parti, ses déchirures, ses trahisons, ses reniements, les deals supposés avec le pouvoir…. Militant convaincu, Lamine Ba revient également sur l’actualité brulante de ces derniers jours. Une discussion à bâtons rompus !
 
 
On voit que le siège n’est plus ce qu’il était autrefois. Quelque part, est-ce que vous n’avez pas la nostalgie du pouvoir ?
 
C’est vrai que le pouvoir donne toujours des envies. Mais notre conception du pouvoir ne rime pas avec l’idée que vous vous faites de la nostalgie. Au contraire, nous tirons les leçons de notre passage au pouvoir, en tant que parti qui aspire à diriger ce pays, à soulager la souffrance des Sénégalais, à sortir notre pays de la pauvreté, en tant que parti qui rêve de créer les conditions d’une démocratie stable et solide. Je pense que nous nous devons surtout de tirer les leçons de notre gouvernance, situer nos erreurs commises, essayer de revoir les points intéressants et importants que nous avons développés pour réfléchir sur une nouvelle offre politique. Nous travaillons dans cet optique, nous sommes très loin des ressentiments et des émotions, parce que la politique ce n’est ni les ressentiments ni les émotions. C’est une question d’état d’esprit. 
 
En regardant dans le rétroviseur, quelles sont les choses dont vous êtes peu fiers, au regard du bilan que vous avez laissé au Sénégal ?
 
Vous savez, moi je suis un croyant. Je pense que, dans la vie, on ne peut jamais arriver à faire tout ce qu’on veut. Il faut quand même reconnaitre que nous avons beaucoup fait dans ce pays. D’abord, il y a le bilan immatériel qui ne peut pas être évalué. Le fait d’avoir donné ce nouveau souffle au Sénégal, ce nouveau visage, d’avoir permis aux Sénégalais de pouvoir appréhender autrement le monde… Cela n’a pas de valeur. Maintenant, pour le bilan matériel, si aujourd’hui nous parlons de Sénégal émergent, de politiques publiques, c’est sur la base de ce qui a été fait par notre régime. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Tout ce que Macky Sall a réussi, c’est de désintégrer les projets que nous avions laissés sur place. Ce qui nous a valu un retard qui a un impact économique.
 
Macky Sall aura également réussi à désintégrer les programmes pour mettre en place des projets de prestige qui n’ont pas d’emprise sur le vécu des Sénégalais. Prenez le cas de Diamniadio, vous allez dans le programme du Président Abdoulaye Wade en 2007, Diamniadio la ville nouvelle y figure. Et Macky Sall était son directeur de campagne. Cette ville devait permettre de désengorger Dakar. Au-delà de la sphère ministérielle installée, il était aussi prévu une zone économique spéciale, l’université du futur africain… En dehors des projets que nous prévoyions, qu’est-ce que Macky Sall a fait de nouveau, sinon le Centre de conférence Abdou Diouf qui nous a couté des milliards, dans des conditions nébuleuses. Nous tirons les leçons de tout cela pour essayer d’envisager des solutions durables pour les Sénégalais. C’est ce qui devra être le défi de l’équipe qui sera, demain, aux affaires. 
 
Demain, c’est maintenant. Mais on a comme l’impression que la machine PDS s’est un peu grippée. Travaillez-vous véritablement pour une nouvelle offre à présenter aux Sénégalais ?
 
Mais vous savez, l’offre il faut toujours la réadapter, il faut toujours la dépoussiérer, la revoir… Nous n’avons pas de doute là-dessus et comme je vous l’ai dit : nous y travaillons. Maintenant, comme vous le savez, nous sommes une organisation qui a vécu beaucoup de difficultés, de tracasseries. Vous ne pouvez pas oublier toute cette traversée du désert, empreinte d’acharnement gratuit sur le parti, ses dignitaires, empreinte de volonté de déstabilisation du parti. Tout le monde se souvient de la réactivation de la Cour de répression de l’enrichissement illicite, dont le seul objectif était d’empêcher notre candidat de se présenter à des élections.
 
A l’époque, on nous parlait d’une liste de 25 personnes. Où sont les 24 autres visées par la Crei ? Cela n’a jamais été une affaire de reddition des comptes. Surtout qu’il n’y a pas un rapport d’un corps de contrôle de ce pays qui avait mis en cause la gestion de Karim Wade. Aujourd’hui, nous avons vécu ce qu’aucun parti n’a jamais vécu depuis 1960. Malgré tout ce qu’on a reproché au parti socialiste, qui était révulsif à toute opposition, ils n’ont pas vécu ce que le PDS a vécu. Je pense que tout Sénégalais honnête doit savoir que nous avons tenu bon et nous avons fait face. Parce que comme l’avait théorisé notre secrétaire général, nous sommes dans une ère de résistance. C’est un choix que nous avons assumé avec responsabilité et dignité. Malgré les départs, malgré les agressions du pouvoir en place, malgré les trahisons, le PDS reste serein, le PDS reste zen, froidement concentré sur son objectif qui est de sortir le Sénégal de la pauvreté et d’instaurer une démocratie moderne…
 
Justement, parlons de ces départs, ils sont quand même nombreux, y’en a-t-il qui vous ont particulièrement surpris ?
 
Le PDS n’est pas un parti d’exception dans un Sénégal de plus de 400 partis politiques. Ce n’est pas une particularité du PDS. Pour moi, la question véritable, c’est par rapport à l’engagement politique, par rapport à la responsabilité des hommes politiques. Ce que je peux dire, c’est que c’est un constat d’une incapacité d’un personnel politique, à valoriser ce qui leur a donné vie, mieux, ce qui aurait pu permettre au Sénégal et à l’Afrique de régler définitivement certaines questions.
 
Tout le monde sait que les solutions de la gouvernance du monde, c’est les idées. Et les idées, nous ne pouvons pas en laisser sous le pied, avec un homme comme Wade, et vouloir le trouver chez un de ses talibés. Pour moi, il y a un problème de sincérité dans l’engagement, un problème de sens de la responsabilité, qui a fait que des mercenaires politiques, des professionnels de la politique, s’étaient emparés de l’homme Wade pendant sa gestion du pouvoir, pour l’éloigner du peuple sénégalais. Mieux, pour le vampiriser et partir sans remords ni état d’âme. Je pense que ce n’est pas ça la politique qui est engagement dans la noblesse, qui est sacrifice pour son pays.
 
De l’extérieur, Wade a toujours semblé donner les airs de quelqu’un qui n’est pas du tout ébranlé, malgré ces départs de ses plus proches collaborateurs. Comment le trouvez-vous, après toutes ces défections ?
 
Wade est quelqu’un qui n’a pas peur de la solitude dans ses idées. C’est quelqu’un qui croit profondément en ses idées. C’est fondamental. Voilà quand même quelqu’un qui a gouverné ce pays pendant 12 ans et qui reste là, et qui accepte de se battre pour son parti. Ce n’est pas pour des hommes, mais pour la cause démocratique qui l’a toujours animé. C’est pour la transformation du Sénégal et de l’Afrique. Je pense que personne n’a plus de mérite que lui dans ce pays. Ceux qui doivent avoir un problème, c’est ce conglomérat élitiste, pseudo libéral, qui ont vampirisé Wade et qui, aujourd’hui, tous migrent vers les prairies plus moissonneuses, vers la satisfaction d’intérêts immédiats et égoïstes. 
 
Parlez-nous de votre engagement aux côtés du pape du Sopi ?
 
La bénédiction que j’ai dans le parti, c’est de n’avoir jamais été sous la coupole d’un quelconque responsable politique, si ce n’est de mon secrétaire général national Abdoulaye Wade. Quant à Karim Wade, il est un ami, un frère dont je reconnais le mérite, les qualités et le talent. Ce qui m’a poussé à ficeler une relation assez particulière avec lui. Mais politiquement, mon patron s’appelle Abdoulaye Wade. Et je suis avec lui pour les idées, pour les combats qu’il mène, pour cet amour qu’il a pour le Sénégal, pour l’Afrique. C’est le plus important pour moi. Moi je suis un homme qui a rencontré Wade par hasard et qui l’ai suivi par passion et par conviction, pour paraphraser un grand auteur qui parlait de Giscard. Dans une Afrique qui n’a pas de leader, je pense que les idées de Wade sont fondamentales pour servir de boussole. 
 
Revenez un peu sur les circonstances de votre rencontre avec l’homme Wade ?
 
Moi je l’ai rencontré en France, après mes études. C’était par le biais du doyen Abdoulaye Faye, qui m’avait invité lors d’une cérémonie que le Président devait présider à l’ambassade, avec de jeunes cadres de la diaspora, avec qui il devait discuter de ses projets pour le Sénégal et de son ambition. Par la suite, on a eu d’autres rencontres à sa résidence à Paris et à l’ambassade… Il m’a invité à Dakar pour venir l’accompagner dans la réalisation de ses projets es qualité de professionnel de la Communication. Pour moi, c’était une aubaine de travailler avec lui, de servir mon pays. En le côtoyant, j’ai été séduit par sa modernité, ses idées, son patriotisme… J’ai alors décidé de m’engager, pas dans le parti directement, mais à travers la Génération du concret. Cette dernière était justement mise en place pour accueillir ces nombreux jeunes sénégalais revenus au pays pour aider le Président, mais qui n’avaient pas de place dans le PDS. Nous pensions que nous pouvions apporter quelque chose au candidat Wade en étant avec Karim. Je suis donc retourné à Nioro, à la base dans ce cadre. 
 
Aujourd’hui, que reste-t-il de cette Génération du concret ? 
 
Vous savez, moi j’ai une expérience qui me laisse souvent pantois devant certaines situations. Je considère le réel qui est le plus important. Je considère que quelle que soit la situation, je dois assumer ma responsabilité. Les idées généreuses ne perdent jamais leur âme, si ce n’est que les particules qui les entourent. La Génération du concret était une idée généreuse qui visait juste à renforcer le parti. Ce n’était pas un parti dans le parti. C’étaient des amis, des gens qui avaient une certaine complicité intellectuelle avec Karim, qui partageaient une vision pour l’Afrique et le Sénégal. Vous avez vu que les plus grands détracteurs de la Génération du concret étaient des gens du partis qui ont été les premiers à lâcher le parti. Cela veut tout dire. 
 
A quand le retour de votre candidat ? 
 
Vous savez le retour ne dépend pas forcément du PDS ou de Karim Wade. Tout le monde sait ce qui l’a mené vers le Qatar. C’est donc une situation qui nous a été imposée par le président de la République, malgré les décisions de justice sur le plan international. Nous sommes en train de nous battre pour le faire revenir. 
 
Pour quelqu’un qui aspire à diriger ce pays, est-ce que la moindre des choses ne serait pas d’imposer son retour quels qu’en soient les risques ? 
 
Nous n’en sommes pas encore là. Ce que je peux dire, c’est que nous sommes dans un combat qui peut s’arrêter demain qui peut se prolonger. Il faut juste retenir que le PDS ne se lassera jamais de continuer le combat sous la direction éclairée de son SG Abdoulaye Wade et en collaboration avec Karim Wade et ses avocats. C’était difficile, surtout avec des gens qui vous infiltrent, qui nous sont envoyés de l’extérieur comme de l’intérieur. Mais aujourd’hui, tout se clarifie. Le temps est le meilleur juge.
 
Certains se demandent si Karim n’a pas tout simplement renoncé à ses ambitions politiques ?
 
Ça il faut le lui demander. Je ne le pense toutefois pas. Les gens doivent savoir que Karim n’a pas une ambition extraordinaire. Il est un Sénégalais comme tout le monde. Quel mal commettrait-il en ayant une ambition pour son pays ? Je rappelle que la place de Karim, c’est une place qui lui a été proposée et demandée par ces anciens ténors qui l’accusent aujourd’hui. Ce sont les mêmes qui lui ont demandé, alors même qu’il était en prison, d’être le candidat du parti, parce qu’ils pensaient qu’il était le meilleur profil, celui qui disposait des meilleures compétences, du meilleur carnet d’adresse, le mieux placé pour porter les couleurs du parti. Une demande qu’il avait acceptée avec honneur. A part ça, il est resté un militant du parti, un militant très discipliné, un militant très engagé, très disponible, sans bruit ni tintamarre.  
 
Après le dégel noté depuis la rencontre de Masalikul jinaane, où en sont les relations entre Wade et Macky ?
 
Ce que je peux dire, c’est que le PDS n’a aucun contact avec l’APR. Comme vous l’avez vu, le PDS n’a même pas été au dialogue national. On n’a aucun contact ni avec Macky Sall ni avec l’APR. Maintenant, Abdoulaye Wade est un ancien président de la République, même s’il est en même temps notre chef de parti. Tout le monde sait l’anormalité de ses relations avec son successeur. Grâce à Masalikul jinaane, les deux se sont retrouvés et se sont promis des visites. Wade a été le voir. Macky avait promis de faire pareil. S’il ne l’a pas fait, ça n’engage que lui. Mais ça, cela n’a rien à voir avec ce que le PDS fait et décide en tant que parti politique. On ne peut, à partir de ça, parler de retrouvailles entre le PDS et l’APR. Même si Wade dirige le parti, a la confiance des militants pour conduire le parti et rendre compte, je pense que l’ancrage du PDS dans l’opposition ne peut souffrir d’aucun doute. De toute façon, quand on parle de retrouvailles, c’est pour des gens qui ont été ensemble. Nous, depuis 2012, on n’a jamais été en alliance Macky Sall. On s’oppose et lui gouverne. 
 
Quand même le PDS est accusé d’être en négociation avec le régime… Qu’en dites-vous ?
 
Au Sénégal, l’accusation est devenue la règle. Cela ne nous fait ni chaud ni froid. On reste concentré sur l’objectif. Les faits sont têtus. Ceux qui nous accusaient où sont-ils aujourd’hui ? Ce remaniement a au moins permis de fixer les lignes. Le débat est clos pour moi. 
 
Est-ce à dire qu’une entrée du PDS dans le gouvernement n’est pas envisageable ?
 
Mais nous, on ne gouverne pas le pays. Nous sommes un parti d’opposition engagé pour la restauration de la démocratie et de l’Etat de droit. Je pense que j’ai été suffisamment clair. Nous sommes très loin de ces genres de tractations. Le seul combat qui vaille pour le PDS, c’est celui de la restauration de notre démocratie, celui du développement. Constatez avec moi que ceux qui acceptent d’aller à la table du Président sont ceux qui refusaient de le féliciter. Nous, nous travaillons à corriger toutes ces anomalies de la gouvernance actuelle du pays.
 
Pourquoi le PDS n’est pas suffisamment présent dans le débat public ?
 
Je ne pense pas qu’il y ait un parti plus présent que nous sur le débat public. Sur toutes les questions qui interpellent le pays, sur la démocratie, la gouvernance, nous avons été les premiers… Arcelor Mittal, la gestion des hydrocarbures… Nous n’avons des leçons à apprendre de personne sur ce plan. 
 
Quelle lecture faites-vous du nouveau gouvernement ? 
 
D’abord, c’est un gouvernement éminemment politique. Tout est calculé à la lettre et ça montre qu’au moment où le Président Macky Sall est dans une logique de politique-politicienne, son pays patauge dans les eaux ; son système éducatif est à genoux, son système sanitaire a montré ses limites, avec un budget de plus de 1000 milliards, rien de concret n’a été fait… 
 
Ce remaniement intervient aussi dans un contexte marqué par la reprise de l’émigration clandestine avec son lot de morts. Que pensez-vous de ce phénomène migratoire ?
 
Ces jeunes sont constitués en majorité de pêcheurs. c’est parce que nos côtes n’ont plus de poissons. Cela dit, je pense qu’il faut une véritable vision de la question migratoire. On parle de nos jeunes qui quittent nos côtes, mais ils ne représentent pas grand-chose face à tous ceux qui quittent les pays asiatiques, du moyen orient pour regagner l’Europe. On ne parle pas de tous ceux-là. A la place, on préfère caricaturer les Africains.
 
On ne peut vivre sans un monde de change, d’échange, de libre circulation. Nous devrions être à l’heure de la citoyenneté universelle. C’est parce que les frontières sont cloisonnées, les libertés étouffées, que les gens mettent leur vie en danger, pour aller chercher le mieux-être. C’est partant de ce constat que Wade parlait de l’émigration concertée, à l’opposé de l’émigration choisie que défendait le Président Sarkozy. Cela permettait aux jeunes de partir, d’avoir une expérience professionnelle et de l’argent, pour revenir
 
investir. Voilà la vision. Aujourd’hui, il n’y a aucune vision de la politique migratoire. Nous sommes dans une situation de dénonciation et même parfois de culpabilité. Ce qui s’est passé récemment avec un bateau de la marine me fend le cœur. Cela montre que ceux qui ont en charge la sécurité de nos côtes ne disposent pas de matériels appropriés pour faire face à ce phénomène. Cela se serait passé dans les côtes espagnoles ou françaises, on allait ouvrir des enquêtes, les élus allaient en parler et les auteurs de cet acte allaient être condamnés. Je pense que c’est la moindre des choses.
 
C’est aussi l’occasion d’auditer toutes les politiques publiques mises en œuvre par l’Etat depuis 2012. Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et offrir à la jeunesse de véritables opportunités d’emplois. Sans cela, si nous continuons à signer des accords de pêche qui ne tiennent pas compte de nos intérêts économiques, à brader  nos terres au profit des multinationales étrangères… nous serons les seuls responsables de ce qui adviendra.
 
Suite au remaniement, des leaders avec lesquels vous étiez en bisbille dans le Front de résistance nationale ont été exclus. Quelle appréciation en faites-vous ?
 
Je rappelle que depuis 2012, il n’y a pas une coalition politique réelle qui s’est créée sans nous. Nous avons été à l’origine de toutes les coalitions politiques de l’opposition. Sachant que tous n’avaient pas le même niveau d’engagement et de conviction. Mais c’est cela la politique. Seul le temps et l’histoire jugera. Nous avons donc créé toutes les coalitions, jusqu’à récemment quand nous avons constaté des dysfonctionnements et un comportement de grands responsables du front de résistance nationale. Ce qui nous a amené à demander la suspension de nos activités dans ce front. Depuis cette date, ce qu’ils font ne nous concernent plus. Vous savez, pour le PDS et son secrétaire général, dans notre doctrine, il y a une évidence : la solitude dans la vérité ne saurait jamais être un vain chemin. On n’a donc pas peur d’être seul dans le chemin de la vérité. 
 
Après les 12 ans de Wade, 12 autres pour Macky Sall, peut-on considérer que la prophétie de Wade consistant au règne du libéralisme sur le Sénégal pendant au moins 50 ans est toujours en cours de réalisation ; à moins que vous ne pensiez que Macky Sall est une parenthèse ?
 
Moi je pense que Macky Sall est une parenthèse. Sinon, cette prophétie, je la perçois autrement. D’abord, c’était dans une démarche de comparaison avec le régime socialiste qui a fait 60 ans de surplace dans ce pays. C’était une façon de montrer que c’en est fini de ce régime rétrograde… D’autre part, il voulait montrer à sa famille politique que les idées qu’il nous laisse, la vision qu’il a tracée, les solutions qu’il préconise, dans ses écrits et dans ses futurs mémoires, pourront toujours porter les germes des véritables voies vers l’émergence et le développement. Je pense qu’au-delà même de 50ans, les idées de Wade vont continuer à illuminer le Sénégal. 
 
Quelle est la place du PDS dans la reconfiguration de l’espace politique ?
 
L’avenir et le destin politiques du PDS ne sont qu’entre les mains de ses militants. Nous ne sommes pas naïfs, pour confier notre destin à qui que ce soit. Nous allons analyser l’environnement convenablement, en fonction de nos ambitions, nos objectifs et convictions, pour mettre en place une véritable opposition au Sénégal, pour prendre en charge les véritables enjeux de l’heure. Et s’il y a des forces qui pensent que notre combat est le leur, nous les inviterons à travailler ensemble pour le bien du Sénégal. 
 
Pensez-vous que l’organisation des locales à date échue est possible (au plus tard en mars 2021 selon la loi portant report du scrutin) ?
 
Comme je l’ai déjà dit, le PDS est dans le combat de la restauration de la démocratie qui a été reconfigurée par Macky Sall. L’exemple le plus éloquent est l’organisation de ces élections. Ce qui se passe est ahurissant. Personne ne peut dire la date des élections. Nous nous employons à corriger tout ça. 
 
Y-a-t-il aujourd’hui un cas Balla Gaye au PDS ?
 
Je ne saurais le dire. Je n’ai participé à aucune réunion où on a évoqué un cas Bara Gaye. Ce que je sais, c’est qu’on a organisé une activité de mise en place d’une commission nationale de vente et de placement des cartes. Lors de cette rencontre, des jeunes et des nervis, identifiés et non identifiés, ont fait irruption avec des pompes à gaz, des armes, des bars de fer pour semer le bordel et attaquer le parti dans sa chair. Ces mêmes gens ont évoqué le nom de Bara Gaye. Le parti s’est saisi de cette affaire qu’il a directement vécue. Je n’ai pas une appréciation. Je me réfère simplement aux propos du secrétaire national en charge des conflits, Doudou Wade, qui disait, dans une interview, qu’il est en train de travailler pour la prise en compte de cette affaire. Ce qu’il faut aussi retenir, c’est qu’ils n’ont pu empêcher la poursuite de la réunion jusqu’à son terme. 

Mor AMAR

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