Publié le 18 Nov 2015 - 17:27
LE LIVRE NOURRIT-IL SON HOMME ?

Impossible pour certains, possible pour d’autres

 

La question de survie des auteurs grâce à leurs productions a fait l’objet d’une table ronde, vendredi dernier, dans le cadre de la foire internationale du livre et du matériel didactique (FILDAC).

‘’Ecrire n’est pas tout ! Publier son œuvre non plus. Il faut également veiller à ce que l’écrivain vive de sa plume’’, selon de nombreux écrivains ayant pris part à une conférence organisée par la direction du monument de la renaissance. C’était dans le cadre de la foire internationale du livre de Dakar (FILDAK) et autour du thème : ‘’Vivre de son art en écrivant : un possible ou impossible’’. L’écrivain ivoirien Ernest Foua De Saint Sauveur est de ceux qui estiment que cela doit être possible. Même s’il est conscient qu’il est difficile pour beaucoup de vivre en écrivant. Non pas parce que les ouvrages sortis ne sont pas de qualité, mais plutôt parce que l’environnement de publication des livres n’est pas toujours propice. 

‘’En Côte d’Ivoire, le taux d’analphabétisme est de 49%’’, explique-t-il pour dire que le lectorat est réduit. Ainsi, ‘’le pourcentage de ceux qui peuvent utiliser un livre est déjà assez faible dans nos pays pour que l’écrivain puisse s’en sortir’’, estime-t-il. Ainsi, le pouvoir d’achat ne permet pas à ce groupe déjà restreint de se procurer tous des ouvrages. L’écrivain ivoirien évoque également la ‘’faiblesse de l’industrie du livre en Afrique’’ pour expliquer les problèmes que rencontrent certains auteurs. ‘’L’écrivain qui s’en sort le mieux chez nous (ndlr Côte d’Ivoire)  vend 2 000 à 3 000 livres, cela veut dire qu’il y a problème’’, indique-t-il. Par ailleurs, cet écrivain pourrait bien vivre de sa plume, s’il arrive à faire traduire son livre en plusieurs langues.

Evoquant le cas d’auteurs arrivant à vivre de leur art, le journaliste Alassane Cissé, invité à cette conférence, a cité l’exemple de la Sénégalaise Aminata Sow Fall. ‘’La traduction en plusieurs langues permet à l’auteur de faire des tournées’’, dit-il. Cependant, la traduction à elle seule ne suffit pas. Il faut également, dans ‘’la gestion ou la promotion du livre, y inclure une bonne stratégie marketing avec un excellent plan de communication qui, comme chez les artistes, permettra de trouver des sponsors et autres partenaires’’. Ceux-là pourront, à son avis, contribuer à la promotion du livre avec la collaboration de l’éditeur ou de l’auteur lui-même.

Fatou Diome : ‘’Écrire est un art et non un métier’’

Contrairement à son confrère ivoirien, l’écrivaine franco- sénégalaise Fatou Diome n’est pas d’avis que l’écriture doive faire vivre son auteur. Selon elle, il ne s’agit guère de dire que l’on doit forcément vivre de son art en écrivant. ‘’Écrire est un art et non un métier pour revendiquer que l’artiste se nourrisse de ses œuvres. Si nous le disons aujourd’hui, d’autres artistes pourront aussi dire qu’ils doivent vivre de leur art, alors que c’est un choix que d’être artiste. Pour un métier, il faut suivre une formation et avoir un diplôme’’, explique-t-elle. Or selon elle, ‘’il n’y a pas un diplôme d’écrivain’’. A son avis, ‘’ce sont les journalistes qui sont les travailleurs de l’écriture, puisqu’ils sont payés à la pige. Pour les écrivains, c’est un art qu’ils ont choisi tout seuls.’’

En outre, selon elle, ‘’le succès est un accident qui survient au fil du temps’’. Donc, ‘’l’écrivain doit se doter d’une certaine humilité. On ne peut pas écrire son livre parce qu’on a senti ce besoin et attendre que l’Etat vienne en secours. C’est un risque d’écrire, parce qu’on peut lire, tout comme, on peut ne pas acheter nos livres’’, déclare-t-elle. Prenant le contre-pied d’Alassane Cissé, elle lance : ‘’La différence entre les écrivains et les chanteurs au Sénégal est qu’on demande à un écrivain de nous offrir son livre, alors que l’on est prêt à payer 10 000 francs pour aller à un concert de Mbalax. Comme si le livre n’était pas une œuvre, tout comme un album de musique.’’

Le directeur du livre et de la lecture Ibrahima Lô tranche lui la pomme en deux. ‘’Je me suis fondé sur des ressentis pour dire que le livre ne nourrit pas son homme. Je me dis que s’ils disent qu’ils ne vivent pas de leur art, ils ont raison de le dire, dès l’instant où ils expliquent le pourquoi’’, laisse-t-il entendre. A son avis, ceux qui disent qu’ils sont bien dans leur peau en écrivant méritent un respect. ‘’Au-delà de répondre par oui ou non,  il s’agit de regarder ensemble ce que nous pouvons faire pour corriger ces dysfonctionnements, puisqu’il y en a malgré tout. C’est là que je  convoque la responsabilité de l’Etat, mais j’aurais pu convoquer également nos responsabilités individuelles’’, dit-il. 

AMINATA FAYE (Stagiaire)

 

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