Les nouveaux chantiers du département d’Etat

Après la publication de sa liste des organisations terroristes, le département d’Etat américain s’est expliqué sur les nouvelles dispositions contre les groupes radicaux en Afrique de l’Ouest et dans le Maghreb.
En dépit de la chute de Ra’qa en Syrie, ‘‘la lutte pour défaire l’Etat islamique (Ei) n’est pas terminée. Ça évolue dans une nouvelle phase : le passage de solution martiale au renforcement légal’’. Le coordonnateur du contre-terrorisme américain (département d’Etat), Nathan Sales, ne se trompe pas de diagnostic. La prise de la place forte de Daesh ainsi que de ses autres bastions en Irak, ne signifie pas sa fin pour autant. Aussi, les Usa s’accommodent-ils, au même titre que s’adapte le groupe après sa dislocation. L’Amérique utilise désormais ‘‘trois dispositifs-clé pour contrer l’Ei sur le plan du maintien de l’Etat de droit : désignation terroriste, base de données des noms des passagers et la biométrie’’, a annoncé hier M. Sales en conférence téléphonique avec des journalistes du monde entier, juste après une rencontre internationale en vue de mobiliser les efforts pour vaincre Daesh.
Une nouvelle nomenclature a été révélée par le département d’Etat américain, ce mardi. Une liste de sept groupes et individus djihadistes, dont les cinq se trouvent en Afrique. La dislocation de l’Etat islamique en Irak a causé la dissémination du groupe en plusieurs factions dont les combattants sont venus créer ou renforcer des groupes et groupuscules radicaux. Les groupes affiliés à l’Ei sont Jund al Khalifa (Tunisie), les deux Boko Haram (la faction originelle sous la guidance d’Abubacar Shekau, la faction dissidence menée par Abu Musab Al Barnawi, qui a été nouvellement identifiée). Le Somalien Mahad Moalim, issu des Al Shabab, qui a fait allégeance à l’Ei, a également été blacklisté. Le cinquième, l’Organisation Etat islamique en Egypte, a déjà fait ses preuves en décembre dernier, dans l’attaque d’une église copte où 28 personnes ont trouvé mort.
‘‘Les Usa sont très préoccupés par la menace de terreur croissante au Maghreb et dans le Sahel. Notre but, dans toute l’Afrique, est d’améliorer continuellement les capacités de nos partenaires, c'est-à-dire de répondre aux attaques, appliquer la loi et la sécurité des frontières’’, avance Nathan Sales qui précise, toutefois, que la finalité qui sous-tend cet appui est de laisser finalement les pays africains assurer eux-mêmes la question sécuritaire. ‘‘Les pays développés, en termes de gouvernance et d’économie, sont résilients au terrorisme. Nous devons régler le sous-développement ainsi que les autres défis’’, dit-il.
Cette intervention de Nathan Sales est dans la lignée de celle du Commandement pour l’Afrique (Usafricom) qui vise six objectifs principaux que sont : la neutralisation d’Al-Shebab et la destruction des organisations extrémistes violentes, de contenir l’instabilité en Libye, l’endiguement et la destruction de Boko Haram, l’interdiction des activités illicites dans le Golfe de Guinée et le renforcement des capacités de maintien de la paix. Une coopération militaire marquée du sceau de l’assistance et de la formation pour permettre aux pays bénéficiaires de trouver des solutions domestiques à leurs défaillances sécuritaires.
Usafricom, de concert avec les autres agences, services et départements fédéraux des Usa et partenaires internationaux, sous les directives de la politique étrangère américaine, à la sécurisation durable à travers des programmes, activités et opérations militaires pour promouvoir un environnement stable en Afrique. Pour ce faire, le coordonnateur Nathan Sales estime également, qu’au niveau local, ‘‘consolider les voix authentiques des communautés est crucial dans la bataille contre le radicalisme’’.
OUSMANE LAYE DIOP