Le défi du dépistage des enfants

Au Sénégal, beaucoup d’efforts sont faits dans la lutte contre la tuberculose. Mais, la difficulté dans le dépistage des enfants plombe le traitement et bloque les objectifs à atteindre.
L’objectif fixé d’ici 2035 est d’arriver à zéro décès chez les tuberculeux. Mais le problème sur le dépistage des enfants constitue un frein pour l’atteinte de cet objectif. Car, selon Docteur Aliou Niang du Bureau prise en charge de la multi résistance de la tuberculose qui animait un panel sur la situation de la tuberculose au Sénégal, à l’occasion de l’Université de Dakar, la plupart des enfants ne sont pas dépistés. Plus de 500 cas sont enregistrés. ‘’La difficulté dans le dépistage plombe ainsi le traitement et bloque l’objectif visé pour 2035. Chez les enfants, la tuberculose est un défi. Pourtant le dépistage est encore faible. Pour 100% de cas, on a que pratiquement 500 enfants (15%). Il faudrait donc un programme beaucoup plus rigoureux et ambitieux pour arriver à bout de la tuberculose chez les enfants’’, estime Dr Niang.
Le Sénégal est arrimé à cet objectif et cherche à éliminer au moins 95% des cas de tuberculose en 2015. Dans le suivi évaluation, le dépistage et le traitement, des efforts ont été faits. Cependant, souligne Dr Niang, des cas sont manquants et les responsables communautaires devraient apporter leurs contributions pour permettre le recensement desdits cas. ‘’Dans chaque capitale régionale, on trouve un appareil de GeneXpert qui permet le diagnostic rapide et le traitement de la maladie’’, notifie le docteur Niang. Il ajoute que le pays a fait beaucoup d’efforts en ce qui concerne les laboratoires et les mécanismes de traitement, surtout dans les régions à forte charge que sont : Saint-Louis, Dakar, Kaolack, Thiès et Ziguinchor. ‘’Le traitement est encore gratuit. Cela se justifie par la densité de la population. Il faut dire que la contamination se fait plus rapidement au niveau des zones de promiscuité. En 2018, il y a 3000 cas dont 13% de décès. Parmi ces cas, 800 sont de formes transmissibles’’.
S’agissant des multi résistances, il a soutenu que seulement 97 cas ont été détectés, plus de 200 cas, sur le nombre attendu, restent non dépistés. Pour ces cas, les outils sont disponibles et efficaces. Il reste à les recenser et les traiter. Mais cela demande l’implication de tous. Pour ce qui est de la maladie en milieu carcéral, il soutient qu’elle est relativement importante. ‘’Une étude qui a été menée dans ce sens ne révèle pas une gravité comme le pense bien nombre de la population. Il y a un programme qui permet de dépister les cas au niveau des prisons, de les prendre en charge. Mais aussi de former ses éléments pour qu’ils puissent servir de relais dans ces lieux et sensibiliser leurs paires détenus et orienter les cas symptomatiques pour une prise en charge rapide’’.
VIVIANE DIATTA