Le pouvoir ‘’chasse’’ la mission de la CEDEAO/ONU

La mission conjointe CEDEAO/UNOWAS, qui avait été envoyée en Guinée-Bissau afin de trouver une solution à la crise politique qui sévit dans le pays, a dû plier bagage. C’est un communiqué de presse de la mission politique qui nous l’apprend. ‘’La mission a quitté Bissau le 1er mars au petit matin, à la suite des menaces d’expulsion proférées par S. E. Umaro Sissoco Embalo’’, lit-on dans le document qui indique cependant que ‘’la mission présentera son rapport au président de la Commission de la CEDEAO, y compris sur la façon de trouver une feuille de route consensuelle pour la conduite d’élections inclusives et pacifiques en 2025’’.
Cette feuille de route est ‘’un projet d’accord pour la tenue d’élections législatives et présidentielle en 2025’’ et la mission ‘’a commencé à le présenter aux parties prenantes pour obtenir leur consentement’’, renseigne le communiqué conjoint CEDEAO/UNOWAS.
Seulement voilà : Bissau ne tient pas le même discours que la mission. De sources proches de la présidence, on indique que ‘’l’expulsion, par le président Umaro Embalo, de la délégation a été faite sur la demande de la Cour constitutionnelle de la Guinée-Bissau’’. Ce, ‘’pour non-respect de la feuille de route et violation de la Constitution du pays’’. En off, on ne manque pas de développer un réel scepticisme par rapport aux chances de voir la mission aboutir, car, nous souffle-t-on, ‘’la CEDEAO a déjà fait ses preuves au Mali, au Burkina, etc. On ne voit pas pourquoi on devrait lui faire confiance, après ces sérieux échecs. Le problème est lié au leadership de cette institution certes importante, mais dont personne ne fait plus confiance’’, dénonce-t-on.
Mais la crise est déjà là, car personne ne connaît la date exacte de la prochaine présidentielle en Guinée-Bissau, alors que le mandat du président Embalo a expiré depuis le 27 février dernier. Le pouvoir évoque des raisons sécuritaires et veut reporter l’élection présidentielle, alors que l’opposition veut une présidence intérimaire, le temps de tenir un scrutin. Le camp du chef de l’État sortant indique, du reste, qu’Umaro Sissoco Embalo a bien le droit de se représenter, vu qu’il n’a encore fait qu’un mandat.
Le mystère reste donc entier et personne ne sait comment la Guinée-Bissau va sortir de la crise, même si, du côté du pouvoir, on indique que tout se passera normalement, conformément aux lois du pays.
La mission conjointe de la CEDEAO/Nations Unies indique avoir tenu des concertations avec un large éventail de parties prenantes nationales, y compris les autorités, les acteurs politiques, les entités de la gestion des élections et les représentants de la société civile ainsi que les partenaires bilatéraux, régionaux et internationaux.