Publié le 19 Aug 2019 - 14:47
MAFATIM MBAYE (PERE DU BOULANGER TUE A THIÈS)

‘’Mon fils a été tué alors qu’il faisait son travail’’

 

Marié et père de 4 enfants, Amar Mbaye, boulanger de profession, a été tué vendredi dernier à Thiès, tard dans la soirée. Son décès a suscité beaucoup de polémiques. Son père déplore les conditions dans lesquelles son fils a rejoint son créateur et demande que les responsabilités soient situées et que le ou les coupables soient sanctionnés à la mesure de leur acte.

 

Qui a tué Amar Mbaye dans la nuit de vendredi à samedi ? La police ? Serait-il victime d’un accident de la circulation ? A-t-il été tué à la suite d’une course-poursuite avec un policier ? Autant de questions que ne trouvent jusque-là pas de réponses fiables.

Mais, en attendant les conclusions de l’autopsie qui ne sont toujours pas disponibles, les témoins de ce drame, qui a emporté le jeune boulanger, mettent un policier au banc des accusés. Mieux, ils disent l’avoir identifié comme étant un élément en service au commissariat des Parcelles-Assainies de la cité des Rails et connu de tous. Depuis l’éclatement de cette affaire, son nom et sa photo circulent sur les réseaux sociaux. Il occupe tous les statuts sur le réseau social WhatsApp. Est-ce vraiment le policier El Capo qui a tué Amar Mbaye ?

Non, pas forcément, selon le commissaire de la police des Parcelles-Assainies, qui reste perplexe. Il n’est pas sûr que la police soit mêlée à cette histoire. Lors de son entrevue avec le père du défunt qui a eu lieu ce samedi, vers 10 h, le patron du commissariat des Parcelles-Assainies de Thiès a usé du conditionnel pour évoquer cette histoire, mettant en avant la présomption d’innocence. Le père du défunt, lui, soutient qu’il ne peut incriminer personne, pour le moment, dans la mesure où aucun témoin oculaire n’a apporté des preuves tangibles. Il demande tout simplement à la justice de faire son travail, dans le respect de toutes les procédures d’enquête.

Le père : ‘’Le commissaire m’a dit qu’il ne protégera personne.’’

‘’J’ai appris le rappel à Dieu de mon fils, vers les coups de 1 h 30 mn, dans la nuit de vendredi à samedi. C’était un véritable choc. Après la prière de ‘Fadiar’, j’ai aussitôt quitté Dakar pour rallier Thiès, histoire de mieux comprendre ce qui s’est vraiment passé et m’occuper également des préparatifs de l’inhumation. Lorsque je suis arrivé à Thiès, très tôt le matin, je me suis rendu, avec quelques parents proches, au commissariat des Parcelles-Assainies, pour nous entretenir avec le commissaire. Ce dernier nous a bien accueillis et fait savoir que justice sera faite dans cette affaire et qu’il ne protégera personne. D’ailleurs, c’est lui qui nous a fourni le papier que nous allons présenter au médecin légiste de l’hôpital Aristide Le Dantec. Je puis vous assurer qu’il a dit qu’il ne protégera personne’’, a confié à ‘’EnQuête’’ Mafatim Mbaye.

Revenant sur les circonstances de la mort de son fils, le père du défunt rappelle qu’Amar a été tué, alors qu’il faisait son travail de boulanger. Ce père de famille complètement abattu n’arrive toujours pas à comprendre ce qui s’est réellement passé vendredi dernier, aux alentours de 22 h.

‘’Mon fils était parti, dans un premier temps, acheter de la farine. C’est après qu’il a été rappelé par son boss qui lui a fait comprendre que le sel était fini. Alors, il est reparti en chercher. Sur le chemin du retour, il s’est passé ce qui s’est passé. Donc, il a été tué alors qu’il faisait son travail’’, se désole à nouveau le papa du défunt.

Il rappelle que la meilleure façon, pour lui, de rendre hommage à son fils, c’est de se battre jour et nuit afin que justice soit dignement rendue dans cette affaire.

‘’Mon fils Amar est parti. Je sais qu’il ne reviendra plus. Dans cette affaire, je me battrai pour que justice soit faite au nom de mon défunt fils. Il faut aussi que les responsabilités soient situées et sanctionner le ou les coupables’’, ajoute Mafatim Mbaye, rappelant que son fils était un homme qui n’avait jamais peur d’affronter les difficultés de la vie. Aussi, rappelle-t-il qu’à la veille de la fête de Tabaski, son défunt fils lui avait remis une somme d’argent et supplié de venir à Thiès.

A rappeler que juste après la mort d’Amar Mbaye, la tension était vive à Thiès. Des jeunes de son quartier Som (Niety Cady) sont sortis pour déverser leur colère dans la rue. Ils ont bloqué la circulation et brûlé des pneus, pendant des heures et très tard dans la nuit, à hauteur des cours privés Cepex où a eu lieu le drame. Le corps sans vie du jeune boulanger a été acheminé à Le Dantec, pour les besoins de l’autopsie, et déterminer les circonstances exactes du décès, avant tout éventuelle inhumation. Marié et père de 4 enfants, Amar Mbaye est parti à jamais, laissant derrière lui sa femme qui, dans les jours à venir, va mettre au monde un cinquième enfant que le papa ne verra jamais.

FODE FALL, PREFET DE THIES SUR LA MORT DU JEUNE AMAR MBAYE

‘’Seule l’enquête peut nous édifier’’ 

‘’Il y a eu mort d’homme. Une enquête est ouverte. Il n’y a que l’enquête qui peut nous édifier. Il est clair que la police ne peut pas avoir pour mission ou ambition d’en arriver à ce point-là. On peut avoir un préjugé favorable par rapport à cela. Mais seule l’enquête nous édifiera. Et jusqu’à preuve du contraire, c’est un accident dont il s’agit. Maintenant, le reste, on verra. Les choses seront claires, d’ici là. Je précise également que le jeune qui est décédé n’était pas un conducteur de moto Jakarta. Il était employé dans une boulangerie. Les conducteurs de vélos-taxis Jakarta en ont profité pour faire pression afin d’obtenir gain de cause.’’

GAUSTIN DIATTA (THIÈS)  

 

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