Publié le 16 Jul 2012 - 23:15
MALI

La vaine rébellion du MNLA

Des membres du MNLA posent avec le drapeau de l'Azawad à Nouackchott le 19 Mai 2002

 

Le 17 janvier 2012 (jour du déclenchement de la rébellion touareg) restera dans l’histoire du Mali comme une date funeste. Elle a été suivie de beaucoup d’autres, le 22 mars (Coup d’Etat), le 30 mars (prise de Kidal), le 21 mai (lynchage du président), le 1er juillet (destruction des mausolées de Tombouctou).

 

Toutes correspondent à des événements dont l’éventualité, il y a à peine un an, n’aura pas effleuré l’esprit de la majorité des Maliens.

 

En se lançant dans la guerre «pour l’indépendance de l’Azawad», les Touaregs, qui se sont régulièrement révoltés contre l’autorité de Bamako, ont franchi un cap supplémentaire. Cette fois-ci, ils sont arrivés armés, avec dans leurs bagages des amis forts encombrants.

 

Des alliés tous azimuts, avec un seul point commun: l’extrémisme religieux. Leur armement abondant et sophistiqué a permis une véritable blitzkrieg (guerre éclair), provoquant la débandade dans les rangs de l’armée et le désarroi des populations.

 

100 jours après, plus de MNLA

 

Si, au départ, la convergence des intérêts avait semblé unir le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et ses alliés, très vite le ménage à plusieurs n’a plus été possible.

 

Les exactions auxquelles se livraient les indépendantistes, leur combat médiatique et le soutien évident des puissances occidentales, n’étaient pas du gout de leurs amis circonstanciels.

 

Ceux-ci ont tôt fait, dès le mois d’avril de se démarquer et de préciser qu’ils reconnaissaient bel et bien le Mali uni mais entreprenaient d’y faire régner la charia. A quoi pensait le MNLA en ce moment-là?

 

A sa survie, très certainement, puisqu’il n’a pas cessé de faire des appels du pied aux islamistes au point d’annoncer une fusion entre tous les groupes armés en présence au Nord.

 

Mais voilà, après plus de trois mois d’occupation des régions du nord, les massacres, les pillages et les viols, les assassinats et la répression des jeunes… Après tout cela, le MNLA a, à son tour, effectué, «un repli stratégique.»

 

Depuis le 11 juillet, ils n’ont plus le contrôle d’aucun hameau de leur territoire de l’«Azawad.» Qui tue par l’épée, périt par l’épée… Même s’ils crient qu’ils sont toujours dans la course, il est clair aujourd’hui que Kidal, Gao et Tombouctou ont changé de maîtres.

 

Le cheval de Troie

 

Tout ça pour ça? C’est bien la question qu’il faudrait leur poser. A quoi cela aura alors servi de venir mettre leurs frères maliens, avec qui ils auront vécu, difficilement peut-être, mais tout de même, pendant des siècles? Pourquoi avoir permis que l’Histoire retienne leurs noms, Iyag Ag Ghali et consorts, comme les fossoyeurs du Grand Mali?

 

Ces interrogations leur ouvriront, peut-être, les yeux. Pour qu’ils comprennent que rentrer par la petite porte dans l’histoire est tout aussi négatif que d’en sortir par la fenêtre.

 

A cause d’eux, aujourd’hui les deux tiers du Mali sont en proie à des hommes qui ne vont pas s’y limiter. Ils l’ont dit et ils en ont les moyens. Surtout qu’à Bamako, c’est le gouvernement d’union nationale qui intéresse plus qu’autre chose. Les amis du MNLA, vous avez mis vos frères dans la situation la plus difficile de leur histoire.

 

Vos frères touareg, parce que quand la haine s’élance, il est difficile de l’arrêter et aujourd’hui les Maliens ne sont pas fous d’amour pour eux. Vos frères maliens qui, mis face à leurs responsabilités, n’oublieront certainement pas la vôtre.

 

Maintenant, posez-vous cette question? Pourquoi vous ont-ils aidés, si c’est pour vous jeter dehors à la première occasion? Avez-vous compris qu’ils se sont servis de vous? Que vous avez été leur «cheval de Troie»?

 

Slate

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