Publié le 21 Sep 2018 - 20:17
MAMADOU SILEYE HANN (RESPONSABLE DE LA CELLULE COM DDD

‘’On ne féminise pas juste pour féminiser’’

 

Société nationale de transport Dakar Dem Dikk (Ddd) est la première structure du genre à recruter des femmes pour les mettre au volant. Le responsable de la cellule de communication, Mamadou Silèye Hann, explique ici les raisons de ce choix.

 

Depuis un certain temps, les métiers qui étaient traditionnellement réservés aux hommes ont tendance à se féminiser. La société de transport public Dakar Dem Dikk (Ddd) n’a pas fait exception, même si, le changement est encore timide. ‘’Si on fait le ratio homme-femme, celui des femmes est très faible. C’est seulement ces dernières années que le processus de féminisation s’est accéléré. Il y a beaucoup de receveuses, 4 conductrices, des mécaniciennes, etc.’’, affirme le responsable de la cellule de communication.

Selon Mamadou Silèye Hann, ce retard dans l’implication de la gent féminine dans ce secteur est lié au fait que les femmes n’étaient pas qualifiées à le faire. ‘’Peu d’entre elles ont un permis pour le poids lourd. Notre objectif, c’est de donner la chance à tout le monde, de faire un transport inclusif. Plus la demande de recrutement est forte, plus il y a des chances que des femmes soient recrutées’’, dit-il.

En fait, le responsable de la cellule de Com de Ddd estime que leur percée dans le secteur du transport public est un ‘’processus naturel’’. Bien que l’activité soit traditionnellement dédiée aux hommes, M. Hann estime que le changement est inscrit dans l’évolution naturelle des choses. ‘’Ce changement est visible au sein de Ddd à trois niveaux. Le premier, c’est avec les conductrices.  C’est ce qui a le plus marqué les esprits. Conduire un véhicule de 11 mètres dans la circulation de Dakar, avec tous les aléas, n’est pas une chose aisée’’, avoue M. Hann.

Ainsi, la pionnière dans ce secteur fut Sophie Diouf. Elle est arrivée en 2016. Elle a été suivie par trois de ses camarades. ‘’A la société Ddd, on ne féminise pas pour féminiser. On le fait parce que les femmes ont les compétences pour faire ce métier. On ne donne pas un volant à n’importe qui. Il y a une formation, des tests qu’il faut réussir, et ces dames-là ont réussi brillamment. Jusqu’à présent, il n’y a aucun souci’’, fait-il savoir.

D’après M. Hann, Ddd se modernise. Ce qui veut dire que les femmes ne sont pas recrutées ‘’pour faire des quotas’’, ni pour ‘’satisfaire des normes’’. ‘’On le fait parce qu’on a besoin d’elles, de leurs compétences. Cela n’a absolument rien à voir avec la parité. C’est voulu et rien ne nous oblige à recruter la gent féminine’’, précise-t-il.

Néanmoins, en dépit de ce bond remarquable, la société nationale est en retard sur ses concurrentes. En effet, l’entreprise dirigée par Me Moussa Diop a commencé tardivement à engager des receveuses, contrairement aux opérateurs privés. ‘’Quand on a lancé l’offre d’emploi pour ces services, on a eu 7 500 demandes dont plusieurs femmes. Naturellement, elles ont été recrutées’’, explique notre interlocuteur. D’ailleurs, souligne-t-il, si la société n’a pas encore de contrôleuse, c’est parce que ce corps est ‘’puisé’’ dans celui des receveurs. ‘’Il n’y a jamais eu de recrutement extérieur de contrôleurs. Car le travail de ces derniers, c’est de contrôler et les clients et le receveur. Donc, il faut savoir comment celui-ci doit travailler pour le surveiller’’. En d’autres termes, les receveuses employées récemment pourraient devenir plus tard des contrôleuses. Tout est question de temps. ‘’Le processus n’est pas encore arrivé à maturité’’, indique M. Hann.

Ce constat est également le même pour le personnel des bus Sénégal Dem Dikk (Sdd), un projet lancé l’année dernière. Il n’y a pas encore de conductrice. Et la société ne manque pas d’arguments pour se défendre. ‘’On ne peut pas vouloir faire un geste positif jusqu’à dérégler le système. La règle pour Sdd, c’est d’avoir une certaine expérience et de l’ancienneté à Ddd. On prend les gens qui sont à 6 ou 7 ans de la retraite’’, relève le chargé de Com. Mais ce critère ne suffit pas. Car, selon lui, ce n’est pas parce qu’on a eu 20 ans d’expérience qu’on ‘’est bon’’. Il faut, en plus, avoir un ‘’bon dossier’’. Pour ce faire, la société fait le suivi ‘’régulier’’ du personnel. ‘’On connait tous les accidents fautifs, les accrochages non-fautifs, etc. Il faut qu’on sécurise les formats sur lesquels les gens peuvent être recrutés’’, informe Mamadou Silèye Hann.

Néanmoins, il admet qu’il y a des contraintes à gérer, avec les conductrices notamment, sur le plan familial. ‘’Ces femmes, en général, ne demandent pas un aménagement spécial. Sauf en cas de maternité, on est obligé de prendre des dispositions particulières. A savoir, les sortir un peu du réseau pour les amener au parc pour qu’elles fassent de petits déplacements’’, dit-il. A Ddd, il y a 3 000 employés composés majoritairement du personnel roulant, à savoir chauffeurs, receveurs, etc. Les conducteurs sont autour de 2 000 pour 4 femmes. Ddd n’étant pas l’Assemblée nationale, la parité pourra peut-être attendre.

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