Publié le 17 Nov 2021 - 22:21
MANIFESTATIONS DE MARS 2021

Les gérants de stations-service appellent l’État à l’aide

 

Le Collectif des gérants de stations-service saccagées en mars dernier a exprimé, hier, à la Maison de la presse, son désarroi. Ses membres dénoncent le mutisme des ministères du Pétrole et des Énergies et du Commerce face à leur situation.

 

Au total, 55 stations-service ont été saccagées, lors des émeutes du mois de mars 2021, d’après le secrétaire général de l’Association des gérants de stations-service du Sénégal, Ibrahima Fall. Il s’agit de 45 stations de Total, huit de Vivo Energy, une station Puma et une autre d’Ola. Les attaques et pillages de ces sites ont envoyé 454 employés au chômage. Un chiffre avancé par les gérants pour étaler leur amertume, d’autant plus que depuis lors, ‘’rien n’est fait pour y remédier’’.

Pour M. Fall, cette situation laisse indifférent l’État. ‘’Sur demande des autorités de tutelle, nous avons fourni des dossiers relatifs à l’évaluation des dégâts et aussi les constats d’huissier. Mais depuis lors, ces inventaires, qui s’élèvent à plus d’un milliard F CFA, n’ont reçu aucune réponse. Et actuellement, les gérants sont dans la galère’’, martèle-t-il.

À l’en croire, le collectif est plus que jamais déterminé à passer à la vitesse supérieure, si les autorités persistent encore dans leur mutisme. D’un ton menaçant, M. Fall met en garde : ‘’Si l’État, qui est le garant des biens et des personnes ne réagit pas, nous n’excluons pas de fermer les sites. Nous ne pouvons plus continuer comme ça. Il devrait faire un geste en nous remboursant ce qui a été détruit et pillé pour que ces stations puissent fonctionner à nouveau et donc permettre au personnel de regagner son travail.’’

Et pour être plus clair, il précise que les essenceries leur appartiennent en tant que sénégalais. ‘’ Ce sont des Sénégalais qui ont investi et qui travaillent. Il n’y a pas l’ombre d’un Blanc sur ces sites’’. D’ailleurs, il invite ceux-là qui, ‘’en réalité, n’avaient pas compris’’, à ne plus s’attaquer aux stations. Et ce, pour deux raisons : d’abord, ‘’c’est pour des Sénégalais’’, ensuite, ‘’ces sites sont inflammables et s’il y a feu et explosion, ça va faire d’énormes dégâts’’.

Certains gérants essaient de tenir le coup. C’est le cas de Djibril Bâ de la station Total-Parcelles Dior. ‘’Je reprends lentement et doucement le travail, mais les employés des boutiques sont toujours au chômage. C’est une grande station qui est stratégique. Trente-deux personnes y travaillent, sans compter les cinq gardiens. Elle fait 600 m3 de carburant. Je suis obligé de me débrouiller pour les aider. Et c’est très difficile, car c’est un lourd fardeau’’.

Monsieur Bâ fait savoir que les saccages ont couté à la station plus de cent millions de francs CFA.

Pour Penda Aw, gérante de la station Ola Energy du rond-point Jet d’Eau, la situation est certes très difficile, mais pas question de baisser les bras. ‘’Ma boutique était fermée pendant presque trois mois et malgré cela, j’étais obligée de payer les employés, car ce sont des responsables qui doivent nourrir leur famille. En même temps, je me débrouille pour rembourser mes prêts bancaires. C’est vraiment très difficile !’’.

Elle se souvient ainsi des dégâts qui avaient pratiquement paralysé sa station et sa boutique. Ils ont emporté des marchandises d’une valeur estimée à trente millions F CFA, plus de cent bouteilles de gaz, des lubrifiants pour une valeur de sept cent mille francs, etc.

En mars 2021, l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr avait secoué le pays. Il y a eu des manifestations après son arrestation survenue le 3 du même mois. Le député était accusé de viols par la masseuse Adji Sarr. Une situation qui avait créé une panique totale, surtout avec les attaques et pillages de boutiques Auchan et des stations-service dans plusieurs localités du pays.             

El hadji Fodé Sarr (Stagiaire)

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