Publié le 1 Sep 2025 - 19:56
MARCHE ‘’JUSTICE POUR NOS MARTYRS’’

Des manifestants appellent au boycott des prochaines élections

 

Ce samedi s’est tenue une marche pour réclamer justice pour les victimes des manifestations réprimées sous l’ancien régime, entre 2021 et 2024. Ayant connu un succès, les manifestants préviennent qu’ils vont continuer à maintenir la pression sur la justice. Certains ont appelé au boycott des prochaines élections.

 

La marche ‘’Justice pour nos martyrs’’, organisée ce samedi, a vu la participation de nombreux Sénégalais. Tenue du rond-point École normale au rond-point Jet d’eau, elle avait pour objectif de réclamer justice pour les victimes des manifestations réprimées sous l’ancien régime, entre 2021 et 2024. ‘’Nous refusons le silence. Nous refusons l’oubli’’, pouvait-on lire sur certaines pancartes.

Le député Guy Marius Sagna était présent pour ‘’exprimer la solidarité de l'Assemblée nationale’’ au peuple sénégalais qui s’est mobilisé pour cette cause. ‘’Je fais partie de ceux qui se mobilisaient pour lutter contre ce que voulaient Macky Sall et ses collaborateurs concernant la candidature d’Ousmane Sonko. Dans ce combat, des gens ont été tués. Aujourd'hui, quand des personnes réclament justice, je dois être présent’’, a-t-il expliqué. ‘’Macky Sall voulait repousser les élections ; j’étais dans les rues pour dire ‘élections par la force’. Aujourd'hui, puisqu’il n’y a rien de cohérent ni de concret, de ‘justice par la force’, nous allons ensemble dire ‘justice par la force’", a ajouté M. Sagna.

Le député appelle à maintenir la pression pour que justice soit rendue.

‘’Le temps de la justice doit être le temps des hommes et des femmes. Dieu a le droit de dire que le temps de la justice n’est pas le temps des hommes. Sans justice, le gouvernement, l'exécutif n’aura pas de paix’’, a-t-il prévenu. ‘’Plus jamais au Sénégal des bavures pour faire peur, pour installer la terreur’’, a-t-il indiqué, déplorant les traitements inhumains et dégradants.

De son côté, Oustaz Assane Seck estime qu’il faut poursuivre ce combat pour mieux instaurer la révolution. Pour lui, cette situation montre que le combat pour la révolution n’est pas encore terminé.

Dans la même veine, Arobase déclare : ‘’Il y a des blessures qui ne disparaissent jamais. Elles restent gravées dans nos cœurs’’, soulignant l'importance de leurs revendications. ‘’J'ai entendu Ousmane Diagne dire qu’il ne mettra pas de pression sur les magistrats. Il doit savoir que la justice est rendue au nom du peuple. Et le peuple est pressé. Il réclame la justice’’, a ajouté le manifestant.

Oumar Sakho du Coud, déplorant lui aussi les lenteurs judiciaires, a mis en garde quant à la suite à donner : ‘’Les victimes qui sont malades sont en train de mourir. On sait que le temps de la justice est lent, mais il faut que les choses aillent vite. Parce que la prochaine fois qu’on sortira dans les rues, ce sera plus dense. Mais je pense qu'après cette marche, il y aura un commencement de finition’’, a-t-il prévenu. Pour lui, ces dossiers doivent être prioritaires pour ce régime.

De même, le député Ousmane Sonko invite le ministre Ousmane Diagne à ‘’huiler la machine judiciaire’’ pour qu’elle soit rapide. Il met en cause Adji Sarr : ‘’Tous ces morts, c’est à cause d’Adji Sarr. Il faut la ramener et la juger pour le repos des morts. C’est à cause de ses mensonges que des jeunes ont perdu la vie, d’autres ont été envoyés en prison et d’autres torturés’’, a-t-elle soutenu.

Badou Patriote Ryder regrette le manque de changement malgré le nouveau régime et les sacrifices consentis : ‘’Il y a quelques années, on a marché sous une pluie de lacrymogènes. On s’est battus jusqu'à donner le pouvoir à celui qui nous a représentés. Aujourd'hui, on a marché sous la pluie, même si ce sont nos représentants qui sont là’’, a-t-il déclaré.

Assane Dramé renchérit : ‘’Hier, on se battait pour des questions de principe. Aujourd'hui, on se bat pour les mêmes raisons. On se rend compte qu’on a seulement coupé le tronc de l’arbre, pas les racines. Il y a une machine judiciaire qui appartient toujours au système. Les dossiers risquent d'être classés sans suite’’, a-t-il regretté. Il demande lui aussi la continuité de la lutte : ‘’On croyait qu'après les élections présidentielles, on ne sortirait plus dans la rue pour réclamer quoi que ce soit. La justice est incontournable. Nous ne demandons pas beaucoup. Nous avons vu nos frères se faire torturer et tuer en direct. Les images sont là. Ils ne faisaient que marcher. Le droit de manifester est inscrit dans la Constitution. Aujourd'hui, nous n'arrêterons pas de sortir dans les rues pour réclamer justice pour les jeunes qui sont décédés.’’

‘’Boycotter les prochaines élections’’

Alassane Bou Sonko, ex-détenu, estime que c’est au président Diomaye de déclencher le dossier. Casquette sur la tête et drapeau autour du cou, une femme en pleurs a également souligné la responsabilité de Diomaye Faye : ‘’J’ai de la peine pour mon leader Ousmane Sonko. Président Diomaye, ce n’est pas pour ça que j’ai voté pour toi.’’

Cheikh Mohamed Moyenga, membre de Pastef Médina dirigé par le ministre Ousseynou Ly, appelle au boycott des prochaines élections, si rien n’est fait : ‘’Nous demandons justice. Nos frères ont été tués. Après plus de 17 mois, la justice n’a pas fait son travail. Aujourd'hui, les gens sont sur les plateaux télé pour accabler nos frères’’, dit-il avant de prévenir : ‘’Nous prévoyons de boycotter les prochaines élections municipales. Je ne sortirai pas pour faire campagne avec le ministre Ousseynou Ly. Je n’y songe même pas.’’ Pour lui, les responsables des blocages sont toujours dans l’Administration.

Par ailleurs, il estime que les lenteurs du système judiciaire entraînent la fuite des personnes qui pillent le pays : ‘’À cause des lenteurs judiciaires, Mbaye Niang a fui ; Bassirou Guèye est aussi parti avant la sortie du rapport Ofnac. C’est à cause de tout cela que nous sommes frustrés.’’

Thioro Mandela a, de son côté, rappelé que parmi les victimes figuraient Cheikh Diop (17 ans), Cheikh Coly (20 ans), Famara Diedhiou (20 ans) et Pape Sidy Mbaye (10 ans).

Pour sa part, Domou Sénégal se réjouit de la tenue de la marche : ‘’Les martyrs sont fiers de nous depuis là où ils sont. Ceux qui ont commis des homicides volontaires doivent être traduits en justice.’’

BABACAR SY SEYE

Section: