Publié le 25 Feb 2023 - 18:11
MARIAGE ENTRE DES PERSONNES DE RELIGIONS DIFFÉRENTES

L’autre casse-tête des jeunes

 

La différence de religion empêche beaucoup de jeunes de vivre leur amour. Selon les religieux, le christianisme et l’islam acceptent le mariage entre deux personnes de religion différente, mais à des conditions.

 

La religion freine l'amour. Beaucoup de gens pensent qu’aimer une personne d'une religion différente est une perte de temps. Lionel Diatta, un jeune chrétien d’une trentaine d'années, dit avoir rompu avec sa bien-aimée à cause de leur différence de religion. "Je n'avais jamais pensé qu’un jour, je tomberai amoureux d'une musulmane, parce qu'il y a trop de complications. Mais, j'ai par malchance rencontré une fille musulmane que j'ai beaucoup aimée, en espérant trouver une solution pour l'épouser. Je l'aime, mais, elle voulait que je me convertisse. Ce qui était hors de question pour moi. Je croyais qu'on pourrait se marier et que chacun suive tranquillement sa religion. Nous étions très heureux’’.

Les choses pour les deux tourtereaux se sont gâtées, lorsque la maman de la fille a eu vent de cette relation. ‘’Sa mère ne supportait pas notre couple. Elle a commencé à s’embrouiller avec sa fille. Malgré cela, on a continué à vivre notre amour, en croyant qu'elle allait céder un jour. Mais, plus on avançait, plus ça devenait compliquer, parce que les disputes continuaient de plus belle, à cause de moi. Alors j'ai compris que, si on ne met pas fin à notre relation, elle allait perdre sa mère et sa famille", narre-t-il.

Pour ne pas séparer la fille de ses parents, dit-il : "Un jour, je l’ai appelée et je lui ai dit qu’il fallait qu'on mette fin à notre relation, parce que je ne voulais pas qu’elle ait des problèmes avec ses parents. Que je n’allais jamais accepter qu'une personne me sépare de mes parents. Donc, que moi aussi je ne voulais pas le faire à autrui. Elle a pleuré, m’a supplié de reconsidérer ma décision. C'était trop difficile pour nous tous, mais, j'ai fini par la convaincre".

Malgré leur séparation, dit-il, ils continuent de s'aimer, mais, ne peuvent pas vivre leur amour. "Je savais qu’elle allait défier ses parents, à cause de moi. J'ai pris cette décision très difficile pour moi. Malgré notre séparation, on continue de s'appeler", confie Lionel Diatta.

Même cas de figure pour Mariama Touré, une étudiante de 26 ans, qui déclare être en couple avec un chrétien de nationalité congolaise. Mais, elle sait que, tant que ce dernier ne se convertit pas, ils ne pourront pas se marier. "Je n’aurais aucun souci à dire à mes parents que je veux un chrétien, mais, je sais qu’ils seront dans l’obligation de me demander de rompre, s’il ne se convertit pas à l’islam. Et s’ils me le demandent, je le ferai, même si ça va me blesser, car, ce sont mes parents et leurs bénédictions comptent plus que tout », lance-t-elle.

Ce genre de relations est toujours risqué, c'est pourquoi, dit-elle : "Je ne m’investis pas à fond dans cette relation, pour ne pas être brisée dans l’avenir".

Certains fidèles s'opposent catégoriquement au mariage entre des personnes de religion différente 

Eva Marie colle Faye, ménagère âgée d’une trentaine années environ, résidente à Keur Massar, s'oppose catégoriquement à l'union entre des personnes de religion différente. Selon elle, la différence de religion est un frein insurmontable. "Je dis carrément que c’est un grand obstacle. Parce que, dans la religion chrétienne, ce que l’église veut véritablement au fond, c’est qu’une chrétienne soit mariée avec un chrétien. C’est ça la logique. On veut tous montrer notre appartenance dans notre religion. Et si on se marie entre nous, cela va nous permettre d’éviter la dispersion des familles, mais aussi, des enfants", déclare-t-elle.

Dans la même veine, elle soutient que c'est maintenant qu'on voit une relation entre musulman et chrétien, mais, auparavant, ça se faisait en cachette. "Chaque parent désire voir son enfant être dans la même religion que lui. Pour la paix et le bien-être de tous, je suggère que chacun reste dans sa religion", déclare-t-elle.

Du même avis, Abdoulaye Diallo, un jeune musulman de 27 ans, soutient qu'il n'est pas question pour lui de se marier avec une personne de religion différente. "Je ne vais pas jamais me marier avec une chrétienne. Je suis né et j’ai grandi dans une famille purement musulmane qui ne joue pas avec la religion. Je suis sûr et certain que mes parents aussi ne vont jamais accepter, c’est pourquoi, je ne pense même pas à ça. Parce que, je ne veux pas créer de conflits entre ma famille et moi. Ma position semble être un peu égoïste, mais, c’est juste que la religion est sacrée. Et je ne prendrais pas la responsabilité de pousser quelqu’un à abandonner sa religion. Donc, je dois prendre la bonne décision, en choisissant une femme qui aura les mêmes croyances que moi. Cela va contribuer surtout sur la foi de mes futurs enfants, mais aussi, pour le maintien de la famille sur le plan religieux", explique-t-il.

Position des religieux 

L'islam et le christianisme autorisent tous le mariage entre musulmans et chrétiens, mais à des conditions. Selon Imam Ahmet Kanté, la Charia islamique autorise effectivement à l'homme musulman d’épouser une chrétienne qui a la foi en Dieu, bien sûr. Par contre, soutient-il, elle l’interdit d’épouser une femme asiatique qui n'a pas de religion. Quant à la femme musulmane, la Charia lui interdit d'épouser un chrétien. En effet, explique Imam Ahmet Kanté, le projet conjugal va poser problème, parce que, pour l'islam, l'homme est le chef de famille, donc, c’est lui qui doit orienter sa famille en matière de foi, d'éducation, de valeur, ce qui fait que, quand, la femme musulmane est mariée à un homme qui n'est pas musulman, c'est extrêmement compliqué.

Selon lui, quand une musulmane épouse un chrétien, elle n'est pas cohérente avec sa foi et elle a transgressé un interdit. Elle est en situation de péché et son mariage n'est pas valable du point de vu de la Charia et, donc, elle aura beaucoup de problèmes de conscience dans son mariage. ‘’ Nous les imams, on en sait quelque chose’’, fait-il savoir. 

L'Abbé Christophe Diamé Ndour, Vicaire à la Paroisse Saint François d'Assise de Keur Massar, indique que l'église accepte le mariage entre musulmans et chrétiens. Selon lui, quand on voit des parents refuser que leur enfant épouse un chrétien ou bien une musulmane, c'est pour une question de sécurité, pour que l'enfant ne quitte pas sa religion chrétienne, pour adopter une autre religion. D'après Abbé Ndour, pour que cette union soit acceptée par l’église, il faut d'abord que les deux personnes puissent s'aimer, ça ne doit pas être quelque chose de négocier. Il faut aussi que chacun respecte l'autre dans sa foi.

La deuxième condition, dit-il, c'est la monogamie, qu'on puisse arriver à signer à la mairie la monogamie pour toute la vie. Et la troisième condition, dit-il, est que les enfants qui naîtront de ce mariage puissent être éduqués selon la foi chrétienne. 

FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)

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