Publié le 28 Jan 2014 - 12:01
MARITALIA - AFFAIRE DES 9 MILLIARDS D'ABUS DE BIENS SOCIAUX

 Le milliardaire Mayoro Mbaye, le doyen des juges, les missives et sms

 

Retour sur l'affaire Maritalia évoquée dans notre édition d'hier lundi 27 janvier. Cette affaire, vieille de 10 ans, pour avoir éclaté en 2003, oppose les deux cousins et associés Alioune Ndiaye, PCA de MARITALIA et Mayoro Mbaye, actionnaire dans ladite société. Les révélations n'en finissent pas.  

 

Il ressort qu'un rapport d'expertise, commandité par  le magistrat instructeur et exécuté par l'Expert comptable Khouredia Thiam Niang charge les deux parties. Nos sources qui ont refusé de nous communiquer ledit document sont formelles et affirment avoir décelé des malversations de part et d'autre des deux actionnaires. Mayoro Mbaye avait déjà été inculpé sur la base de faux qu'il avait fait pour, dit-on, faire main basse sur des biens de la société.

Mais si des sources assez neutres assurent que tous les deux, Alioune Ndiaye comme Mayoro Mbaye, ont à un moment donné abusé des biens de la société, une seule personne semble avoir trinqué. Ceci a sans doute pour conséquence d'installer Mayoro Mbaye dans une mauvaise humeur...permanente. ''Il veut coûte que coûte se venger de ceux qui lui ont fait mal'', confie un homme d'affaires qui connaît le dossier.

Mayoro Mbaye a aujourd'hui d'autres os à ronger, surtout avec les Russes présentement. Mais il reste tétanisé par la tournure de cette affaire marquée par son expulsion samedi dernier, de sa maison à Hann Marinas par les gendarmes de la Brigade de Hann. Les pandores se sont appuyés sur l’échéance d’une hypothèque contractée dans le cadre de ses activités avec Maritalia.

La villa reprise est évaluée à plus d’un demi-milliard de francs Cfa, comme nous le précisions dans notre édition  d'hier. Pourtant dans cette affaire, c'est Alioune Ndiaye qui, le 25 mars 2013, a été inculpé par le doyen des juges d’instruction pour abus de biens sociaux portant sur les sociétés Maritalia, Technipact et Lampafric. C'était à la suite d'une plainte déposée contre lui par Mayoro Mbaye le 21 août 2003. Le montant du préjudice est estimé à 9 milliards de francs Cfa.

En effet, détenant 11% des actions de Maritalia SA, M. Mbaye réclame depuis 2003 le paiement de 442 536 300 F Cfa aux titres de ses dividendes de 1996, 1997, 1998, 1999, 2000, 2001 et 2002. Cette somme est le fruit d'un rapport d'expertise, en date du 13 août 2004, de Khourédia Thiam Niang confirmé par Abdou Ndéné Ba. Selon le plaignant,  de 1996 à 2001, la société Maritalia SA, propriété de Alioune Ndiaye qui détient 89% des actions, n'a pas distribué de dividendes d'un montant total de 2 908 974 997 F Cfa. 

Mayoro Mbaye reproche à Alioune Ndiaye d'avoir fait des transferts frauduleux de parts sociales lui appartenant au sein des sociétés Alga Sarl, Genecom Sarl, Technipact Sarl et Lampafric Sarl, dans le seul dessein de l'évincer. Pour cela, il poursuit Alioune Ndiaye, son cousin germain, et Sidy Mbaye son oncle, pour le délit de faux et usage de faux. Les actes argués de faux ont été découverts en septembre 2010.

Le Doyen des juges attaqué dans une missive adressée à Aminata Touré

Mais depuis 10 ans, sa plainte avec constitution de partie civile dort dans les tiroirs de procédure. Face à cette lenteur, M. Mbaye avait même saisi les autorités, notamment l'actuel Garde des Sceaux et son prédécesseur, Aminata Touré, devenue Premier-ministre à qui il avait adressé des correspondances. C'était aussi pour se plaindre du Doyen des juges qui, confierait-il à des proches, ''estime devoir jouer au médiateur'' entre les deux parties.

M. Mbaye a même joint à ses missives, un constat d'huissier sur les messages échangés avec Mahawa Sémou Diouf. Des sms échangés qui prouvent bien que les dossiers peuvent avoir une vie, hors des cabinets d'instruction. Mais ce sont surtout les correspondances écrites qui font faire tache d'huile. Elles ne sont pas restées lettres mortes car tout comme Aminata Touré, son successeur Me Sidiki Kaba a demandé à y voir plus clair. L'actuel Garde des Sceaux a trouvé cette lenteur dans le traitement du dossier... ''inadmissible''.

Explosif

Plus explosif, dans la lettre qu'il a adressée à Aminata Touré le 5 février  2013, Mayoro Mbaye dénonce ''le comportement singulier du juge Mahawa Sémou''. Il rappelle : ''Président de la chambre correctionnelle qu'il fut, il m'avait condamné à une peine lourde de deux ans ferme d'emprisonnement, décerné un mandat d'arrêt et à payer à une partie civile exemptée de présence (…) la somme de 400 millions de francs Cfa.

'' Pire, Mayoro Mbaye poursuit en relevant que ''juge du premier cabinet d'instruction, il prit le 23 décembre 2008 au profit de ce dernier, une ordonnance de non-lieu pour des faux avérés que même le notaire qui a légalisé les documents aura avoué en privé...''.

D'autres griefs sont soulevés qui ont du reste pour but de secouer la machine judiciaire. Mais selon nos investigations, si Mayoro Mbaye a raison sur certains points, sur d'autres par contre, il fait parler ses intérêts oubliant qu'il a lui-même posé des actes délictuels à l'origine qui le fragilisent dans cette affaire.  

Il faut sans doute rappeler que la société Maritalia a été créée en 1984 par un homme d'affaires grec du nom de Spiros Dimitri Dimoulas. On y retrouve à l'origine Segui Camara, père de Mami Camara, ex-épouse de Youssou Ndour. Mais il y aurait quantité de prête-noms. Un péché originel qui a sans doute poursuivi la boîte dans sa phase de croissance. Jusqu'à aujourd'hui.  

FATOU SY

 

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