Les conseils pratiques de Souleymane Faye
Le chanteur Souleymane Faye, qui a une expérience d’un demi-siècle, a animé, ce samedi, à l’auditorium de la place du Souvenir africain, un master class à l’intention de la chorale de l’ISM (Institut supérieur de management) et de musiciens. Il a prodigué de nombreux conseils pratiques allant des techniques de chant aux styles d’écriture.
C’est un Souleymane Faye en pleine forme qui a animé un master class ce samedi, l’auditorium de la place du Souvenir africain, avec beaucoup de passion. Muni de sa guitare et de son bloc-notes, Diégo l’expérimenté a donné des leçons pratiques que tout musicien peut appliquer. Des conseils dont la mise en pratique pourrait permettre à tout chanteur d’acquérir une bonne puissance vocale, d’avoir une présence scénique et une bonne écriture.
Sur le plan de l’écriture, pour lui, si le succès des chansons des artistes d’aujourd’hui est éphémère, c’est parce que la technique d’écriture n’est pas maitrisée par ces derniers. ‘’Souvent, les gens écrivent une chanson sans savoir comment l’intituler. C’est déjà mal parti pour eux. Quand on crée un morceau, il faut commencer par le titre. C’est la titraille qui nous guide. Aussi, on doit éviter de vouloir faire des rimes vaille que vaille à la première écriture. Il faut se vider, écrire tout ce que l’on pense. Vouloir rimer tout de suite oblige l’artiste à mettre des mots qui n’ont rien à voir avec le texte. Vous devez écrire le texte et chercher les rimes après’’, dit-il devant la chorale de l’ISM (Institut supérieur de management) ainsi que de nombreux jeunes artistes qui l’écoutaient religieusement.
Outre la négligence, il a évoqué le manque de patience. Pour lui, le musicien doit prendre tout le temps qu’il faut pour écrire un texte musical. ‘’Et il ne faut pas se presser d’écrire une chanson. Moi, il y a une chanson que j’ai commencée depuis longtemps ; je ne l’ai pas encore finie. Mais combien de morceaux sont écrits en un seul jour ? Souvent, on est pressé de terminer la chanson et on y met des paroles qui n’ont rien à voir avec la thématique de départ. Ce qu’il faut faire, c’est de noter chaque jour quelque chose d’intéressant, parce qu’un artiste doit toujours avoir un bloc-notes à sa disposition’’, dit-il.
S’agissant des techniques de chant, l’auteur de ‘’Pain boulettes’’ estime qu’il ne sert à rien d’aller à la mer et d’y passer son temps à crier pour avoir une belle voix. ‘’Cela n’apporte rien du tout. Il faut éviter de forcer la voix. Chacun de nous a son propre timbre vocal. Il y a des gens qui ont une voix grave, d’autres une voix aigüe. C’est ainsi que Diego, qui chante depuis un demi-siècle, invite les jeunes à trouver des modèles pour acquérir des techniques vocales.
‘’Moi, j’ai appris à chanter en imitant les autres. C’est la meilleure façon d’apprendre quand on n’a pas de professeur. A force d’imiter de grands artistes, j’ai fini par trouver ma propre voix. Jusqu’à présent, j’imite des musiciens qui chantent mieux que moi. Ça reste la meilleure manière, pour l’éternité, d’apprendre. Non seulement ça nous aide à avoir la voix, mais aussi à pouvoir bien écrire. Parce que quand on imite une chanson, on est obligé d’écrire les paroles. Et écrire une parole demande une oreille musicale’’.
Dans une ambiance agréable, les apprenants sont, ensuite, passés aux exercices. Ils ont appris à faire pleurer, chauffer, clarifier, danser leur voix, en répétant en chœur certaines lettres de l’alphabet après leur maitre. ‘’Ici, on chante avec la gorge ; ce n’est pas bon. Il faut chanter avec le ventre’’, a expliqué Diégo, qui allie théorie et pratique. Ainsi, il a conseillé à tout artiste de pratiquer du sport. Pour lui, les exercices abdominaux sont assez importants pour un chanteur, car ‘’plus un chanteur travaille ses abdos, plus il a de la résistance. Parce que chanter fait plutôt mal aux reins qu’autre chose. Parce qu’on chante avec le ventre. Et la force de l’homme, c’est les reins. Moi, il m’est arrivé de chanter jusqu’à avoir mal aux reins. Chanter, c’est difficile. Il m’est arrivé de perdre 3 kilos en un concert’’, a-t-il fait savoir.
Le public a beaucoup apprécié la note de Grand Jules. Il la trouve instructive. ‘’Ce master class, je l’ai trouvé très utile et inspirant. Le grand Souleymane Faye est quelqu’un qui nous inspire depuis très longtemps. C’est l’un des plus grands chanteurs. Il a une voix particulière. Elle est unique. Ça apporte beaucoup de l’écouter parler de son expérience et échanger avec lui. Je suis vraiment très contente d’avoir participé. En plus, j’ai eu un de plaisir quand j’ai constaté qu’il y a beaucoup de jeunes artistes qui sont venus. Ils veulent assurer la relève. C’est important de voir cet échange intergénérationnel. Nous, nous faisons partie de la jeune génération et nous avons besoin des anciens qui nous guident’’, a applaudi Cori du groupe I-Science. Les choristes de l’ISM se sont également réjouis des enseignements tirés de cette rencontre qu’ils trouvent fabuleuse. ‘’C’était un moment formidable. Nous avons beaucoup appris’’, a estimé Arnaud, le président de ladite chorale.
Ce master class dénommé ‘’La note des maitres’’, est une plateforme de partage du savoir et de préservation du savoir et de préservation de la mémoire pour l’impulsion de l’économie culturelle. II s’agit d’une initiative d’Astérix. L’idée est de réunir l’ancienne et la nouvelle génération d’artistes. ‘’Nous sommes allés à la rencontre des anciens musiciens. Ils nous ont dit que les jeunes artistes ne viennent pas vers eux. Lorsque nous avons rencontré de jeunes artistes, ils nous ont fait savoir que les vétérans sont inaccessibles’’, a déclaré Wagane Faye, artiste et PDG d’Astérix.
C’est la deuxième fois que ce genre de rencontre a lieu. En janvier dernier, le Français Jean-Philippe Rykiel avait animé un master class, alors qu’il était à Dakar pour un concert avec le groupe Xalam 2.
BABACAR SY SEYE (STAGIAIRE)