Question autour des enseignants
Des enseignants démotivés, mal payés et mal formés. Le cocktail est explosif pour l’enseignement du cycle primaire au Sénégal, au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Quatre pays qui connaissent les mêmes insuffisances et peinent à atteindre l’Odd4. En conclave de trois jours depuis hier à Dakar, les représentants de ces pays vont plancher sur les mécanismes et pratiques d’assurance qualité dans la formation initiale des enseignants.
En Afrique subsaharienne, la qualité des apprentissages reste un problème majeur pour le système éducatif. Ces pays ne parviendront pas facilement à atteindre l’Odd4 et à réaliser la stratégie d’éducation continentale de l’Union africaine, dans le contexte d’un effritement continu de la qualité des apprentissages et de la formation. Cela est mentionné sur la note conceptuelle de l’atelier de partage et de validation du rapport régional de l’étude sur les mécanismes et pratiques d’assurance qualité dans la formation initiale des enseignements du cycle primaire fondamental au Burkina Faso, Mali, Niger et Sénégal, qui se tient à Dakar pour trois jours. Ce phénomène risque de compromettre toutes les stratégies et actions en vue d’une éducation de qualité pour tous, tout au long de la vie.
Une des causes majeures de cette situation est l’inadéquation entre la formation des enseignants et les compétences attendues d’eux dans l’exercice de leur fonction. ‘’Sans des enseignants de qualité, l’Afrique subsaharienne atteindra difficilement l’Odd4. Dans la majorité de ces pays, il est, en effet, constaté que les enseignants ne reçoivent pas la formation initiale et continue adéquate à même de les préparer à exercer leur métier, dans un contexte de mutations et de transformations continues des conditions, des cibles et des objectifs de l’éducation. La secrétaire générale du ministère de l’Education nationale, Khady Diop Mbodj, signale que, malgré tous les efforts qui ont été déployés dans les quatre pays, des défis persistent liés à la qualité des enseignements-apprentissages et de la formation.
‘’Instaurer un système d’assurance qualité’’
Cette rencontre, dit-elle, s'inscrit dans le cadre d'une stratégie d'amélioration de ces dispositifs de formation initiale au Sénégal, en instaurant un système d'assurance qualité qui va assurer, à terme, l’acquisition des produits qui seront à la hauteur des ambitions en matière d'enseignement de qualité : la motivation des enseignants. ‘’Nous sommes en train, avec ce système, de réfléchir sur des dispositifs de motivation, la formation constitue, un élément important dans la motivation des enseignants. La motivation n’est pas que financière, c’est aussi aider l’enseignant à mieux faire son travail. On a pensé qu’il nous faudrait reprendre cette formation des enseignants, les mettre dans les normes requises en matière de qualité attestée d’une certification de cette formation qui va permettre aux enseignants d’être au top et d’avoir le profil requis pour pouvoir dispenser un enseignement de qualité’’.
Selon elle, cet atelier va servir non seulement de mise à niveau, mais aussi sera un partage d’expériences. Le responsable Pôle compétences pour l’emploi et la vie bureau à Unesco Sahel signale qu’aujourd’hui, la question des acquis d’apprentissage est au centre des réflexions, des analyses, des appuis, pour l’atteinte des objectifs de développement durable n°4. ‘’Aujourd’hui, on cherche à savoir qu’est-ce que l’enseignant a comme acquis, compétences et nous encourageons pour pouvoir les évaluer’’, déclare Pieome Calice Olivier. ‘’Malheureusement, de plus en plus, on se rend compte que l’éducation ne contribue pas à ce rôle et on s’est rendu compte que ça ne contribue pas, parce qu’il y a eu détérioration de la qualité’’, ajoute-t-il.
Le secrétaire général du Confemen, Abdel Rahmane Baba Moussa est, lui, d’avis qu’il est impératif de revoir le statut de toutes les personnes qui interviennent dans l’éducation, afin d’assurer une formation de qualité. Une réflexion de fond pour harmoniser les statuts des enseignants, surtout avec l’Odd4 qui induit un allongement de la scolarisation de base sur 10 ans. ‘’C’est une continuité du primaire jusqu’au secondaire. Il faut repenser véritablement le statut et permettre que chacun soit payé au niveau auquel il a été formé, afin d’avoir un statut plus confortable’’, avance Rahmane Baba Moussa.
AIDA DIENE