L’accusé Mamadou Camara vient d’être acquitté, ce vendredi 26 avril, par la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Kolda. Depuis le 27 janvier 2015, il était en détention pour, entre autres, crime d’assassinat avec préméditation.

Le présumé meurtrier de Samba Traoré vient d’être blanchi par la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Kolda. Il ressort des débats d’audience que le corps sans vie de Samba Traoré a été retrouvé en pleine brousse, le mercredi 24 juin 2015, par ses parents qui étaient partis à sa recherche, gisant sur le sol et couché sur son flanc droit. ‘’Il était couché à 21 mètres de son vélo où était accroché son coupe-coupe’’, a expliqué devant la barre l’un des parents du défunt, Fily Traoré.

Le transport sur les lieux du crime a permis aux enquêteurs de découvrir l’arme du crime bien dissimulée dans les buissons qui se trouvaient près de l’antenne Expresso dont Mamadou Camara était le vigile. D’après les enquêteurs, l’arme et deux tronçonneuses ont été saisies. Les gendarmes ont également ramassé sur les lieux du crime, en pleine brousse, trois douilles vides ayant servi lors du crime.

Suite à l’assassinat de Samba Traoré, l’enquête effectuée a permis de réunir à l’encontre de Mamadou Camara des indices de culpabilité de nature à motiver son inculpation pour le crime d’assassinat avec préméditation et guet-apens, d’association de malfaiteurs et de délit de détention d’arme sans autorisation administrative. Il a été interpelé le 26 juin 2015 par les gendarmes de Kaléfourou.

Devant la barre, Doussou Diarra, Coumba Camara (épouses du défunt) et Fily Traoré (grand frère du défunt) ont soutenu mordicus que ‘’c’est Mamadou Camara qui a bel et bien tué Samba Traoré. Parce qu’il l’a menacé de mort à maintes reprises devant eux.  D’ailleurs, le jour où le corps sans vie a été retrouvé, tous les habitants sont allés sur les lieux, sauf lui qui était pourtant au village’’. Ils ont ajouté que ‘’Mamadou était avec d’autres complices, à savoir Alassane Keïta, Ibrahima Sorry Sow et Demba Diallo qui restent introuvables’’. Les deux épouses du défunt ont réclamé la somme de 5 millions de francs Cfa pour dommages et intérêts.

L’accusé a toujours nié les faits dont il est poursuivi

Mais, de l’enquête préliminaire à la barre de la chambre criminelle, en passant par le juge d’instruction, l’accusé a toujours nié les faits. Néanmoins, il a reconnu avoir eu des démêlés, à deux reprises, avec le défunt Samba Traoré. Devant les juges, l’accusé a soutenu que ‘’le défunt l’avait accusé d’être l’auteur d’un incendie qui avait ravagé leur localité. La deuxième fois, le défunt, qui fut le chef de village de PK12, lui reprochait d’avoir coupé des troncs de vène pour les revendre en Gambie’’. Par la même occasion, Mamadou Camara a toujours nié que les deux tronçonneuses et le fusil ainsi que les munitions lui appartenaient.

‘’Dans la cave de la brigade de gendarmerie de Kaléfourou où nous étions incarcérés, Arfang Dème m’avait dit que le défunt Samba Traoré avait des problèmes avec les Gambiens qui avaient promis de lui ôter la vie’’, a expliqué l’accusé aux juges.

Le procureur demande son acquittement

Fort de ses déclarations, le procureur a soutenu qu’il n’avait pas d’éléments suffisants pouvant retenir l’accusé dans les liens de la détention. Car il n’y a pas une expertise qui permette de faire le lien attestant que les balles qui ont tué Samba Traoré sont les mêmes que les enquêteurs ont présenté à l’accusé. Il poursuit : ‘’Le certificat médical de genre de mort délivré par Dr Djibril Sakhona Yansané, médecin-chef de l’hôpital régional de Tambacounda, déclare que, compte tenu de l’état de putréfaction très avancé du corps, il n’était pas en mesure, dans l’état actuel de condition de son exercice, de déterminer les causes de la mort de Samba Traoré.’’

Or, d’après le ministère public, Samba Traoré a passé la nuit en brousse, avant d’être retrouvé le lendemain vers 17 h par ses parents. Donc, son corps sans vie ne peut pas être dans un état de putréfaction. Ainsi, le docteur a dû confondre le corps de Samba Traoré avec celui d’un autre cadavre’’, avant de conclure : ‘’Mamadou Camara a été arrêté, suite aux déclarations des parents du défunt qui soutiennent que l’accusé menaçait de mort le défunt, sans avoir aucune preuve. Car personne parmi les parents du défunt n’a été témoin oculaire des faits.’’ 

Fort de ces incohérences notées çà et là, le ministère public a demandé à la chambre criminelle d’acquitter l’accusé. L’avocat de Mamadou Camara a aussi abonné dans le même sens pour plaider l’acquittement de son client.

Finalement, ils ont été suivis par la chambre criminelle.  Mamadou Camara va retrouver les siens, ce samedi 27 avril, après quatre ans passés derrière les barreaux. La chambre criminelle a également débouté la partie civile de sa demande de dédommagement.

EMMANUEL BOUBA YANGA