Publié le 21 May 2019 - 22:32
MOUSSA WADE, OUSTAZ ET PRÊCHEUR A LA RADIO ZIK FM THIES

Du bataillon d'artillerie au micro

 

Ancien pensionnaire du bataillon d'artillerie, oustaz Moussa Wade, âgé aujourd’hui de 39 ans, s’est engagé dans l’univers de la radio. Le célèbre animateur de l’émission ‘’Yoobalu koor’’ se dit déterminé à poursuivre ses prêches pour une jeunesse éduquée et une société sénégalaise ‘’plus juste et équilibrée’’.

 

Dans la vie, il y en a qui croient en une chose et y vont jusqu’au bout. Ils le font par passion et souvent avec la ferme volonté de servir leur pays. Ce, quelles que soient les difficultés qui se présentent à eux. Oustaz Moussa Wade en est un exemple. Après avoir servi dignement l’armée sénégalaise, il a décidé d’user de l’arme de la parole pour éduquer, sensibiliser et conscientiser la société en général et, en particulier, la jeunesse. De la rigueur et de la franchise, on en trouve dans ses prêches et ses propos. Des atouts acquis peut-être dans les rangs de l’armée et dans les théâtres d’opération.

Après avoir combattu l’ennemi dans les forêts denses de la Casamance, il entend faire de même, pour un retour aux valeurs ancestrales. ‘’J’ai toujours aimé servir cette nation. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de rejoindre les rangs de l’armée nationale. Pour moi, il était hors de question de dormir dans ma maison, alors que les autres fils du pays combattent l’ennemi du côté des frontières. Mon rêve a toujours été de servir ma nation, à travers l’armée’’, explique-t-il à ‘’EnQuête’’.

Une armée qu’il avait décidé d’intégrer à tout prix. ‘’En 1997, j’avais voulu me lancer dans l’armée pour une première. Mais cette époque-là a coïncidé avec l’éclatement d’un sérieux problème dans une partie de la Casamance. D’ailleurs, ma maman n’a pas voulu que j’y aille, parce que c’était très compliqué et que ce n’était pas sûr. En 1999, dès qu’elle a été rappelée à Dieu, je me suis engagé. Alors, en 2000, j’ai rejoint les rangs de l’armée sénégalaise. Je faisais partie du 3e contingent de la génération Abdoulaye Wade’’, se remémore à nouveau oustaz Wade.

Après avoir subi sa formation intense à Dakhar-Bango de Saint-Louis, le prêcheur en chef de la radio Zik Fm de Thiès intègre le bataillon d'artillerie (Bat arti). Durant toute sa durée légale, le militaire du rang a servi au niveau des frontières, entre le Sénégal et la Guinée-Bissau, notamment à Wassadou, à Dialadiang et à Médina Yoro Foula. Il a rejoint ces territoires casamançais, juste après sa formation en qualification d’armes (Fqa). Au mois de septembre 2002, il a dit bye-bye à l’armée. Mais ‘’sans regret’’. Lui qui a obtenu un certificat de bonne conduite, se dit fier d’avoir participé à la construction de la nation sénégalaise.

Prêcher uniquement la bonne parole

Après avoir accompli son rêve d’enfance, oustaz Wade commence une nouvelle vie civile qui l’a d’abord conduit à la Compagnie sucrière sénégalaise (Css) et à Mboro, dans les projets agricoles. Ensuite, il décida de se consacrer à son métier de tôlier, avant d’être piqué par le virus de la radio. De la radio, dit-il, il faut en faire. ‘’Mais avec des émissions thématiques qui parlent de la religion musulmane et pouvant participer à l’éducation et à l’éveil des consciences de la jeunesse’’, précise-t-il. Poursuivant, oustaz Moussa Wade soutient que, pour avoir une jeunesse éduquée et bien formée, il faut prêcher et encore prêcher, et savoir ce que l’on dit à l’antenne.

 Son expérience à la radio débute à la station Walf Fm où il a prêché pendant huit ans, avant de rejoindre la radio Zik Fm où il officie déjà depuis deux belles années. Pendant le mois de ramadan, il y anime ‘’Yoobalu koor’’, une émission qui traite de la charia. Celle-ci, qui dure trois heures, est écoutée par des milliers de Thiessois et s’adresse surtout à la jeune génération. ‘’Je suis tellement saturé pendant le mois béni de ramadan. L’émission que j’anime à la radio s’articule autour de deux parties. L’une est entièrement consacrée à l’enseignement prophétique. Dans une partie aussi, on demande aux parents de veiller davantage à l’éducation de base de leurs enfants. De nos jours, il y a trop de dérapages. Des mères de famille portent des sous-fesses à la maison et devant leurs filles qui, plus tard, vont les copier. Il faut que ça cesse’’, s’indigne oustaz Wade qui renseigne que la seconde partie de son émission est réservée aux auditeurs.

Titulaire d’un Brevet de fin d’études moyennes (Bfem) en langue arabe, le jeune oustaz Wade s’adresse aussi aux internautes et téléspectateurs de Thiès Tv. Un engagement qu’il faut honorer à tout prix. ‘’Pendant le mois de ramadan, je suis surchargé. J’en profite pour prendre mes congés, afin de servir ceux qui me suivent. A Thiès Tv, j’ai un plateau à partir de 20 h, 21 h, 22 h et 00 h. Et le matin, je fais un vient-à-vient entre la radio Zik Fm et Thiès Tv. Je ne dors pratiquement plus. C’est trop difficile. Mais il faut honorer ses engagements, parce que je ne veux pas décevoir mes auditeurs et téléspectateurs. J’ai déjà tissé une complicité avec celles-là ou ceux-là qui m’écoutent tous les jours’’, renseigne-t-il.

Oustaz Moussa Wade et la tenue, c’est une histoire qui ne va pas se terminer de sitôt. Puisqu’il fait partie de la première promotion des agents d’assistance à la sécurité de proximité (Asp). Entre lui et l’uniforme, c’est peut-être une histoire sans fin !        

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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