Les agents et travailleurs du Crédit mutuel du Sénégal (Cms) ne veulent pas de Mbaye Dione comme administrateur provisoire de leur institution. Depuis l’annonce de sa nomination et de la reconduite du système d’administration provisoire, ils se sont mobilisés pour manifester leur désaccord. 

Le Crédit mutuel du Sénégal (Cms) est dirigé, depuis 2 ans, par une administration provisoire qui devait prendre fin le 31 décembre 2018.  Mais le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan a décidé de reconduire le système de l’administration provisoire et de remplacer l’actuel administrateur provisoire, Alioune Ndiaye, par Mbaye Dione, le maire de Ngoundiane. Ce qui n’est pas du goût des travailleurs. Ces derniers ont tenu un point de presse, le samedi 15 décembre, au siège de la Cnts, pour dénoncer l’administration provisoire, et la nomination de Mbaye Dione qui relève, pour eux, de la volonté de l’Etat de ‘’politiser l’institution’’.

‘’On a remarqué que toutes les institutions dirigées par des politiciens ont des difficultés. On ne veut pas d’un administrateur politique et on n’en voudra jamais’’, a déclaré Souleymane Dia, Secrétaire général adjoint du Syndicat national des travailleurs des mutuels d’épargne et de crédit. 

Pour manifester leur désaccord face à la décision du ministre, les travailleurs menacent de perturber la tenue de l’Assemblée générale de la Fédération des caisses du Cms prévue le 22 prochain.  Le refus de Mbaye Dione est surtout justifié par le fait que le maire de Ngoudiane traine des casseroles. ‘’On ne veut pas de Mbaye Dione. C’est quelqu’un qui a été épinglé par la justice, avec les 204 millions de la mairie de Ngoundiane. En plus, on ne veut plus de l’administration provisoire’’, poursuit le syndicaliste, avant d’annoncer leur plan d’action pour mener le combat. ‘’Il est prévu, pour lundi, que toutes les directions se réunissent au niveau de leur siège, à partir de 13 h, pour manifester leur mécontentement et ce, sur l’ensemble du territoire national’’.

Les travailleurs et agents du Cms se veulent fermes. Le maire de Ngoudiane n’est pas le bienvenu chez eux. ‘’Nous avons décidé que si Mbaye Dione est confirmé au Conseil d’administration du Crédit mutuel, c’est tout le système qui sera bloqué’’, confie M. Dia.

Les travailleurs dénoncent également ‘’la volonté affichée de l’Etat’’ de politiser l’institution. ‘’C’est une société privée et l’administration provisoire qui devait durer 6 mois, a fait 2 ans. C’est inadmissible pour une institution qui pèse 200 milliards de francs Cfa. Peut-être, ce sont ces milliards qui font qu’ils ne veulent pas lâcher le gâteau, mais nous exigeons la fin de l’administration provisoire le 31 décembre 2018, comme c’était prévu’’, ont-ils insisté.

Les travailleurs dénoncent une gestion nébuleuse

‘’Alioune Ndiaye, le directeur de la Monnaie et du Crédit, est l’administrateur provisoire depuis bientôt deux ans, avec deux salaires, alors que les salariés sont dans une situation très précaire’’, dénoncent les syndicalistes, avant d’ajouter que ‘’depuis que l’administrateur provisoire est à la tête de l’institution, il y a des coordonnateurs qui ont été nommés pour gérer les différentes directions, mais, malheureusement, ce sont des gens qui ne sont même pas à la hauteur. Aujourd’hui, il y a une grande disparité entre les salaires des coordonnateurs et ceux des acteurs même de ces crédits. Ce qui fait que les gens sont découragés et il y a du laxisme partout au niveau de la banque et au niveau de l’administration’’, regrettent-ils.

‘’Le Crédit mutuel du Sénégal couvre l’ensemble du territoire national, avec plus de 300 points de vente et environ 2 000 salariés. Pour comparaison, aujourd’hui, on veut sauver la Css (Compagnie sucrière sénégalaise) pour ses 3 000 salariés, alors que le Crédit mutuel est une institution qui pèse 200 milliards de francs Cfa et 2 000 salariés. Pourquoi on ne le protège pas ?’’, s’interroge-t-on.

ABBA BA