Aubameyang, l’heure du décollage
Auteur d'un triplé face à l'Ajax Amsterdam, Pierre-Emerick Aubameyang a été le grand artisan de la victoire aux forceps de l'OM, ce jeudi soir (4-3). Le Gabonais compte déjà sept buts inscrits sur la scène européenne depuis le début de saison. Il doit maintenant confirmer le week-end, en Ligue 1.
Conspué à l’annonce des équipes, comme Joaquin Correa, puis ovationné à sa sortie une grosse heure plus tard : voici le résumé de la soirée de Pierre-Emerick Aubameyang. Entre-temps, le numéro dix de l’OM a planté un triplé, grâce à deux penaltys et à une bicyclette délicieuse, et composté presque à lui seul le billet phocéen pour la suite de la Ligue Europa. Le Gabonais est même entré dans l’histoire de l’OM, en devenant le premier joueur marseillais auteur de sept buts lors de ses six premiers matchs européens avec le tricot ciel et blanc. Autre stat significative : son triplé du soir était le premier en phase de poules européenne pour l’OM depuis celui d’André-Pierre Gignac, un soir de gifle face au MSK Žilina en C1, en novembre 2010 (0-7). Autant de chiffres qui vont faire du bien à celui qui cristallisait les tensions du moment.
Aubam démasqué
Finalement, Pierre-Emerick Aubameyang a eu raison de passer chez le coiffeur avant de recevoir l’Ajax Amsterdam ce jeudi. Pointé du doigt par des supporters marseillais moqueurs, agacés de voir l’ancien Gunner affiner ses contours pendant qu’Alexis Sanchez dessinait ses pecs en salle de musculation à Milan, le Gabonais a, enfin, fait oublier le Chilien. Le temps d’une soirée, en tout cas. Car le plus dur reste à faire pour celui qui avait déjà planté un doublé pour rien face au Panathinaïkos, et un autre, déjà contre l’Ajax, sans jamais confirmer ensuite. « Un triplé qui lance mon aventure à l’OM ? J’espère. Je ne peux qu’être content », a réagi PEA au micro de Canal+, dans une sobriété – qui n’est pas sa première caractéristique – déjà visible sur sa non-célébration après sa bicyclette, pourtant délicieuse.
« Je suis quelqu’un d’humain, et il faut rester humble dans ces moments-là », a justifié ensuite Aubameyang, qui n’a toutefois pas pu se retenir sur son troisième pion, dans le temps additionnel. Un but vainqueur fêté par son traditionnel salto, après que l’ancien Barcelonais a transformé son deuxième penalty de la soirée, tout en maîtrise. Il lui fallait pour cela un sacré sang-froid, dans le contexte actuel, et dans celui du match. Aubameyang, sur ses deux tentatives, a fait parler l’expérience et rassuré tout le monde. Sauf son coach, qui l’était déjà : « C’est un joueur de caractère, je vois qui il est à l’entraînement. Je ne suis pas du tout surpris de son match ce soir. Quand je vois un joueur comme Aubameyang courir à 36 km/h, je sais qu’il va pouvoir marquer des buts. Même quand les autres n’y croyaient pas, j’y croyais toujours. »
La théorie du ketchup
Après des semaines difficiles, marquées par sa non-sélection avec le Gabon lors de la dernière trêve, quelques pépins physiques, mais aussi par la concurrence accrue de Vitinha, Pierre-Emerick Aubameyang a répondu, enfin. Impliqué dans le jeu de son équipe, et premier déclencheur du pressing efficace qui a permis aux Olympiens de construire leur succès, l’attaquant formé à l’AC Milan ne tient pas encore un match référence à proprement parler. Il s’est en revanche réconcilié avec une bonne partie du public, et s’est donc offert un peu de temps. L’ex-Stéphanois sait toutefois que cela ne durera pas s’il ne confirme pas en Ligue 1 ce renouveau, lui qui n’a marqué qu’une fois en championnat, face au Havre (3-0). « Ce but, c’était fort, mais je ne me contente pas des choses actuelles. Je sais que je pourrais être à beaucoup plus de buts. J’ai toujours envie de faire mieux, je sais que je suis capable de faire beaucoup mieux », confiait-il à l’époque.
Malgré les remous internes, et sa disette, Pierre-Emerick Aubameyang n’a toutefois jamais laissé transparaître de nervosité, ni d’agacement, quand bien même le public commençait à le prendre en grippe. « Je sais que quand le premier va arriver, ça va s’enchaîner. Donc je ne perds pas patience, je continue le travail et je ne lâche rien », relativisait-il après le revers contre Monaco (2-3). Adepte de la théorie du ketchup de CR7, donc, PEA avait surtout besoin de retrouver du rythme, après une saison quasi blanche à Chelsea où il avait été placardisé après le limogeage de Thomas Tuchel, qui l’avait fait venir à Londres. « Je ne vois pas un joueur en grande difficulté. On attend un peu plus parce qu’il s’appelle Aubameyang. Il fait des erreurs comme tous les autres, mais il paie un peu sa carrière et son nom. Les gens attendent qu’il marque un but par match. On se concentre un peu trop sur lui, et ça ne me plaît pas beaucoup », le défendait Gennaro Gattuso après le nul indigeste contre Lille, début novembre (0-0). Jeudi, le Vélodrome a vu le joueur qu’il attendait depuis cet été. Et qu’il espère revoir en Ligue 1, dès dimanche, contre Rennes.
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