Publié le 27 Jul 2022 - 09:42
ORGANISATION DU 14EDAK’ART

Des artistes ‘’vilipendent’’ le Secrétariat général de la Biennale

 

Le Collectif des indignés de l’organisation de la 14e Biennale de Dakar est revenu sur les nombreux couacs ayant émaillé la 14e édition du Dak’Art. Face à la presse, ils ont dressé un tableau pas du tout reluisant de la situation. Ils réclament le départ de la secrétaire générale de la Biennale et ont lancé une pétition à cet effet. Ils ont également saisi l’Ofnac, ainsi que le président de la République.

 

Des artistes se sont regroupés en un collectif dit des indignés de la 14e Biennale de Dakar. Pour eux, cette dernière édition du Dak’Art est  un échec qui était pourtant évitable. “Il est inacceptable qu’avec un budget qui s’élève à deux milliards de francs CFA, auxquels viennent s’ajouter l’apport conséquent de 93 sponsors, que le rendu soit aussi médiocre. Il faut oser le dire : cette quatorzième édition est une catastrophe à bien des égards. Il faut le rappeler, l'État n’a pas lésiné sur les moyens pour nous accompagner, sans oublier qu’on a eu quatre années pour préparer l’événement", tance l’artiste plasticien et initiateur de la rencontre, Ousmane Dia.

Avec des exemples précis, l’artiste a mis le doigt sur quelques points négatifs. ‘’Prenons  le volet sécuritaire ; de nombreux cas de vols ont été relevés, certains artistes ont aussi eu la malchance de se retrouver avec des œuvres vandalisées’’, décrie Ousmane Dia. Aussi, accuse-t-il, ‘’l’œuvre de Serigne Mbaye Camara se trouvait par terre le jour du vernissage de l’exposition ‘Doxantu’. Elle n’a jamais pu être montée, faute d’assistance de la direction technique de la Biennale. Les œuvres du projet ‘Doxantu’ n’ont jamais bénéficié d’éclairage pour la nuit, malgré la demande de la direction artistique. Des couacs durant la cérémonie d’ouverture, la salle était clairsemée, des défauts techniques dans les enchaînements avec des micros défectueux.  Les commissaires obligés de débourser de leur poche pour régler certaines urgences, obligés de régler certains honoraires imputables à la Biennale’’. Il pointe également du doigt ‘’les critères obsolètes pour la sélection des œuvres à primer’’.

La liste de couacs présentée est loin d’être exhaustive. Tous les aspects de la sécurité à la communication, en passant par le management et la logistique, ont été examinés.   

Les indignés dénoncent aussi les "faibles rémunérations" attribuées aux commissaires notamment. À titre comparatif, selon M. Dia, lors de la 13e Biennale, par exemple, les commissaires étaient rémunérés entre "50 000 et 80 000 F CFA par semaine".

"Pour ma part, ce n’est pas une affaire de personne ; c’est tout le système culturel qu’il faudrait repenser et gratifier d’un nouveau souffle. C'est une occasion rêvée pour que les acteurs reviennent au-devant de la scène, mettent leur savoir-faire au service du monde de la culture d'une manière générale", préconise Viyé Diba.

En définitive, selon toujours le collectif, le problème organisationnel est une réalité, mais l’autre souci également est "d’ordre pécuniaire". Un budget conséquent, des sponsors qui se bousculent, autant de miel attire forcément les mouches. De manière imagée, voilà comment résumer cette situation qui aurait prévalu.

"Il faut limoger la secrétaire générale"

Après une analyse des problèmes, les organisateurs de cette rencontre inédite ont émis un souhait. ‘’Dans l’immédiat, il faudrait que la secrétaire générale soit licenciée. Elle a montré ses limites. Elle doit céder la place aux personnes compétentes. D'autant plus que le Sénégal regorge d'hommes et de femmes surtout pour mener à bien ce genre de mission. Cette mesure préconisée ne relève pas du machisme’’, précise M. Dia.

En attendant que leur souhait se concrétise, ils ont annoncé une saisine de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac). ‘’(…) Madame la Présidente, nous avons osé vous adresser ces quelques lignes pour, d’abord, nous indigner des nombreux manquements notés au cours de l’organisation de la 14e édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, ensuite, solliciter de vos services un audit du secrétariat général qui avait la charge de son organisation et de sa gestion. En effet, l’État du Sénégal a mobilisé deux milliards de nos francs pour la réussite de cet événement et ce, compte non tenu des nombreux apports des sponsors’’, lit-on dans une copie de la missive envoyée à la presse.

Une lettre a également été adressée au premier protecteur des arts et des lettres, Macky Sall. ‘’(…) Nous sommes au regret de vous annoncer que l’organisation de cette Biennale a connu plusieurs dysfonctionnements de nature à écorner l’image de notre pays. En attestent les nombreux articles produits par la presse nationale et étrangère sur le sujet, ainsi que les retours des artistes et acteurs culturels qui y ont pris part. Notre intime conviction est que, malgré les nombreux sponsors, ces lacunes graves sont à mettre sur le compte du Secrétariat général de la Biennale qui, à notre humble avis, est bien loin d’être à la hauteur de cet important événement culturel. En effet, avec moins de 2 milliards de nos francs, et moins de temps de préparation, les biennales précédentes ont connu des succès retentissants.

C’est pourquoi, Excellence Monsieur le Président de la République, il nous semble important que vous puissiez prendre acte des graves manquements de cette dernière édition, afin d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise. Vous trouverez en annexe la liste des signataires, le résultat de la pétition en ligne, ainsi que le plaidoyer d’Ousmane Dia, Coordonnateur du collectif’’, lit-on dans une copie de la lettre.

Une pétition a effectivement été lancée depuis quelques jours, d’après Ousmane Dia et Cie. Cette dernière aurait déjà recueilli cent douze signatures, si l'on se fie au collectif. 

MAMADOU DIOP (STAGIAIRE)

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