Afrikki pour finir en beauté

Le mouvement Y en a marre a clôturé la célébration de son 14ᵉ anniversaire par la diffusion du film Afrikki de Gaëlle Leroy. Cette œuvre retrace la trajectoire de cette organisation née en 2011.
La diffusion d'un documentaire retraçant l'épopée du mouvement Y'en a marre constituait la meilleure trouvaille pour clore la commémoration de cet anniversaire. « Je pense qu'il faut avant tout remercier Gaëlle Leroy pour ce film, qui est un rempart contre l'oubli. La démocratie sénégalaise est une trajectoire où chacun a posé un jalon », déclare d'emblée le rappeur Fou Malade. Dans son intervention, ce membre fondateur de Y'en a marre a livré son avis clair sur la production. « Concernant le film lui-même, il ne s'agit pas de scénarios créés ex nihilo. Tout est réel, sans aucune préméditation. Toutefois, mon seul regret est qu'il n'y ait pas assez de hip-hop dans le documentaire. Or, ce mouvement dont on narre la trajectoire a été majoritairement porté par le rap. Mais j'apprécie beaucoup ce film, car il lutte contre l'amnésie ».
Pour analyser cette œuvre, le professeur de littérature africaine Ibrahima Wane a apporté son éclairage : « La première prouesse est de résumer douze années de lutte en moins de deux heures. Il faut retenir que l'art et la politique ont toujours cheminé ensemble, comme en témoignait jadis l'expression “Niani bagn neu”. Avec Y'en a marre, une révolution s'est opérée : les figures artistiques sont désormais celles de l'action politique ».
Remontant un quart de siècle en arrière, le président du conseil d'administration du Musée des civilisations noires a rappelé le rôle des « ancêtres de YAM », lors de la première alternance : « En 2000, la jeunesse a activement contribué à l'élection de Wade. Mais les jeunes n'y sont pas parvenus en prenant d'assaut les urnes, car ils ne représentaient alors que 11 % du fichier électoral, prétextant que le changement ne passerait pas par le vote. Leur génie fut d'influencer le choix de leurs aînés : pères, mères, oncles et tantes. C'est ainsi que la jeunesse a été décisive dans la chute du régime socialiste ».
YAM et politique Durant cette session de clôture, Malal Almamy Talla, alias Fou Malade, a clarifié un sujet récurrent : « YAM est régi par des textes précis. L'une de ses dispositions interdit strictement l'engagement politique. Quiconque aspire à s'y aventurer doit présenter sa démission. Certains, comme Kilifeu ou Fadel Barro, ont fait ce choix, que nous avons respecté en gentlemen. Jamais nous n'investirions les médias pour accuser quiconque de trahison ». |
MAMADOU DIOP