Publié le 5 Oct 2017 - 02:44
OUMY GUEYE RAPPEUSE

Féministe qui assume sa féminité

 

Dans le milieu hip-hop, elle n’est plus à présenter. Elle fait partie des acteurs qui font actuellement bouger la scène sénégalaise. Oumy Guèye aka OMG a aujourd’hui de quoi être un peu plus fière d’elle. Elle fait partie des 10 finalistes du Prix Découvertes RFI 2017.

 

‘’Je ne suis pas un artiste. Je n’ai pas besoin d’un nom de scène’’. Ainsi, s’exprimait Oumy Guèye quand elle titillait le micro et faisait de la chanson un simple passe-temps. Son ami Admow Flow insistait pourtant et lui disait qu’il lui fallait un parce que ce qu’elle fait intéresse plus d’un. D’une discussion assez décontractée entre les deux, sort le surnom OMG. Il est ingénieusement inventé par le jeune rappeur. ‘’Admow m’a dit que je pouvais me faire appeler OMG qui n’est qu’une contraction de mon prénom et de mon nom. J’ai aimé et adopté le nom dès que je l’ai entendu’’, se souvient la jeune chanteuse et rappeuse jointe par EnQuête. Beaucoup pensent cependant que OMG signifie ‘’Oh my god’’. Certains l’appellent ainsi d’ailleurs. ‘’Oui, ils le pensent et me nomment comme tel. OMG c’est nom trash et qui signifie pour d’aucuns Oh my god. Qu’on m’appelle ainsi ne me gêne pas. Je me suis même habituée à cela. Quand on rappe ou qu’on chante les gens disent ‘’oh my god’’. Donc, ce surnom me parle également’’, dit-elle. Elle l’accepte parce qu’aussi elle n’est plus amatrice.

La musique est plus qu’un hobbie maintenant pour elle c’est un métier. Après avoir assuré les chœurs de quelques artistes en 2012, Oumy Guèye signe son entrée officielle sur la scène musicale en 2013. Elle sortait alors ‘’Hey girl’’. Depuis, elle enchaine les singles.

Mais elle n’est plus dans la chanson. Elle est maintenant carrément versée dans le hip-hop. ‘’J’ai grandi avec la musique car influencée par ma grande sœur. Elle chantait et me faisait écouter des titres de Maria Carey, Whitney Houston, etc. Adolescente, j’ai découvert le  hip-hop. Je l’ai tout de suite aimé. Cela m’a permis de voyager sans sortir de chez moi. Le rap me permettait de m’évader’’, partage-t-elle. Aujourd’hui, il lui sert de s’exprimer. ‘’Quand je chante je ne peux pas utiliser certains mots ou tournures. Alors que le rap me permet d’utiliser le plus de mots possible mais également de m’exprimer d’une manière assez spéciale’’, se réjouit-elle.

OMG fait partie des 10 finalistes du concours Prix Découvertes RFI 2017. Elle qui n’a fait que 4 ans de carrière en tant que professionnelle. ‘’J’ai la chance d’avoir un staff et un label derrière moi, DD records. Il fait les sons et vidéos d’OMG. Les managers de ce label m’ont aidé et m’ont permis de n’avoir pas galéré et de voir beaucoup de portes s’ouvrir sans trop de difficultés’’, avoue-t-elle. Ce sont ces derniers qui lui ont permis d’être aujourd’hui sélectionnée même si depuis le début de sa carrière ses proches ne cessaient de la pousser à déposer son dossier pour ce concours. ‘’Je jugeais que ce n’était pas encore le moment. Il n’y avait pas de quoi se précipiter en mon sens. J’attendais le moment opportun et c’est aujourd’hui’’, estime-t-elle. Une sélection à point nommé qui la rend heureuse et fière à la fois. ‘’Une nomination de ce genre est toujours une reconnaissance au travail bien fait. Et cela va nous permettre d’explorer d’autres pistes, d’autres marchés. Elle nous ouvre des portes en Afrique et même en Europe’’, reste-t-elle convaincue.

‘’Touche pas à ma sœur’’

En outre, OMG est d’avis que ce ne sont pas uniquement les belles mélodies de ‘’Touche pas à ma sœur’’ et ‘’Dégoma dé’’ qui lui ont valu ce choix porté sur elle. Cela va au-delà de la musique. Les textes qu’elle y propose contiennent des messages forts. Ce qui est important, pense-t-elle. ‘’Dans ‘’Touche pas à ma sœur’’, j’y dénonce des abus dont sont victimes les femmes comme les mutilations génitales féminines, les mariages forcés ou précoces, etc’’, explique-t-elle. Pour elle un artiste doit ‘’parler à sa population et pour sa population’’. Par conséquent, il doit s’intéresser aux maux dont souffre cette dernière. On peu dire tout de même que chez cette rappeuse originaire de Bargny la population a une forte connotation genre. Elle met plus l’accent sur les femmes. Le milieu dans lequel elle évolue a peut-être orienté ces choix de thématiques. ‘’Le milieu hip-hop est très macho. 

Ce n’est pas évident qu’ils t’acceptent. Mais pour moi, il n’y a ni femmes ni d’hommes. Pour moi, seul le travail bien fait paie. Il n’y a pas de secret. Il faut bosser et beaucoup bosser.  Quand je fais une chose je tiens à ce qu’elle soit bien quelque soit le temps que cela va me prendre’’, affirme-t-elle sur un ton plus qu’ambitieux. Cette jeune dame sait ce qu’elle veut et où elle veut aller. Sa féminité, elle y tient comme à la prunelle de ses yeux. 

‘’Je suis de celles qui pensent que ce n’est pas parce qu’on n’est dans un milieu macho qu’on doit s’habiller ou se comporter comme les hommes pour exister. Pour moi, on doit pouvoir porter nos ‘’ndokettes’’, nos chaussures à talons, nos minis jupes, etc et faire du rap’’, défend-t-elle. ‘’Cela ne nous empêche pas d’avoir un meilleur flow que les hommes’’, convainc-t-telle. D’ailleurs, OMG se sent tellement interpellée par les difficultés que vivent les femmes dans le milieu hip-hop qu’elle leur a consacré un hippie de 7 titres. Elle y relate tous les crocs jambes et tentations dont elles sont victimes.  

BIGUE BOB

Section: