Le Sénégal perd plus de 100 milliards par an, selon Oumar Guèye

Lors de la sortie de la promotion 2016/2017 de l’Ecole nationale de formation maritime (ENFM) tenue hier, le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime a indiqué que la Pêche illicite non réglementée et non déclarée (Pêche INN) fait perdre à l’Etat du Sénégal plus de 100 milliards de F CFA par an. Selon Oumar Guèye, ce secteur contribue ‘’largement’’ au développement économique et social du pays avec 6 000 emplois et 204,6 milliards de francs CFA de recettes.
Le constat du ministre de la Pêche et de l’Economie maritime est amer. Hier, lors de la sortie de la promotion 2016/2017 de l’Ecole nationale de formation maritime (ENFM), Oumar Guèye a ‘’largement’’ insisté sur les pertes économiques qu’engendre la pêche illicite non réglementée et non déclarée (Pêche INN). A ses yeux, cette activité fait perdre à l’Etat du Sénégal plus de 100 milliards par an. Pourtant, constate-t-il, le secteur contribue ‘’largement’’ au développement économique et social du pays avec 6 000 emplois et 204,6 milliards de F CFA de recettes. Autrement dit, la pêche participe à hauteur de 3,4% sur le Produit intérieur brut (PIB) du pays. Suffisant pour le ministre de faire savoir qu’elle est le premier secteur d’exportation au Sénégal.
Il faut dire que l’Etat a tenté de lutter contre cette pratique qui plombe le développement de la pêche au Sénégal. D’après Oumar Guèye, dans le cadre de cette croisade, ‘’d’importantes mesures réglementaires et coercitives ont été prises en compte dans le nouveau Code de la pêche adopté en 2015’’. Il s’agit de barrer la route aux mauvaises pratiques de pêche ou de dissuader les auteurs de ces dernières. Ces ‘’nouvelles dispositions juridiques’’, précise-t-il, ‘’suivies à la lettre, ont permis à la Marine nationale d’arraisonner et de convoyer jusqu’au Port de Dakar 7 bateaux qui s’adonnaient à la pêche illégale’’. Le huitième avait pu s’échapper, informe le ministre. Oumar Guèye a aussi signalé ‘’l’importance qu’accorde’’ le Président Macky Sall au secteur de la pêche avec l’octroi de 29 milliards de F CFA entre 2016 et 2019. ‘’Cette somme va permettre de subventionner l’achat de moteurs pour les pêcheurs. Les femmes transformatrices, un maillon important dans la chaîne de valeur, ne seront pas en reste dans ces mesures que le gouvernement est en train de prendre pour booster ce secteur’’, rassure-t-il.
Selon l’Oceanium de Dakar, les ‘’mauvaises’’ techniques de pêche provoquent une perte inestimable de la ressource halieutique à cause de la prise de nombreux juvéniles et alevins non commercialisables. Cela est d'autant plus ‘’scandaleux’’ que ces poissons de trop petite taille ne peuvent être vendus. ‘’Ils sont donc rejetés directement en mer. Sur les plages, le spectacle est désolant et les poissons morts dégagent des odeurs pestilentielles, faisant fuir les touristes, pourtant source de revenus’’, rapporte-t-on
Une pêche non sélective provoquant un gaspillage inacceptable
Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation et notamment celle réalisée en partenariat avec le WWF ouest-africain (affiches, autocollants, tee-shirts), la pêche des alevins et des juvéniles est encore monnaie courante sur la côte. Pourtant, la législation interdit le maillage des filets inférieur à 24 mm pour la pêche artisanale. Ce qui devrait permettre aux petits poissons de s’échapper. Les filets ont pour effet la destruction des petits habitats sur des fonds dépassant rarement les 7 mètres. A cela s’ajoute une pêche non sélective provoquant un gaspillage inacceptable. Et les impacts dévastateurs sur la ressource et le milieu sont importants, selon le ministre Oumar Guèye. Plus de 80% des poissons tués lors de l’explosion se déposent sur le fond sans être ramassés, estime pour sa part le Centre de plongée sous-marine. Il y a aussi la destruction physique des fonds lors de la déflagration.
PAPE NOUHA SOUANE