Publié le 28 Jan 2015 - 00:22
PERSISTANCE DE L’ESCLAVAGE EN SENEGAMBIE

La leçon doctorale de l’historien Ibrahima Thioub

 

La question de l’esclavage est toujours d’actualité dans nos sociétés, même s’il subsiste sous d’autres formes. Hier à l’Ucad 2, le recteur Pr Ibrahima Thioub a fait un exposé sur les sociétés post-esclavagistes en Sénégambie, dans le cadre de l’école doctorale Etudes sur l’homme et la société (ETHOS) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD).

 

‘’Dans les sociétés où la division du travail est considérée comme servilité, des activités spécialement réservées aux esclaves, comme chez les Poulars, il est difficile d’abolir l’esclavage, même quand les textes juridiques l’abrogent. Pour maintenir l’esclavage, certains utilisent les facteurs naturels ou sacrés’’. Le professeur Ibrahima Thioub, recteur de l’UCAD, a présenté hier un exposé sur ‘’les sociétés post-esclavagistes : cas de la Sénégambie’’.

Selon l’historien, l’abolition de l’esclavage dans certaines sociétés est difficile, même quand les textes juridiques le supprime.  ‘’Dans la société wolof, explique-t-il, l’esclavage comme idéologie se perpétue, parce que  dans beaucoup de villages, il est facile d’identifier les familles serviles. La transmission généalogique continue de s’opérer, parce que le facteur sang utilisé comme idéologie ne permet pas de sortir de l’esclavage.’’ Et, poursuit le Professeur Thioub, cette pratique persiste encore dans des pays comme le Sénégal, la Mauritanie, la Gambie, la Guinée.

En effet, l’école doctorale Etudes sur l’homme et la société (ETHOS) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et le Centre international de recherche de l’Université Humboldt Berlin organisent une académie d’été de 5 jours sur le thème : ‘’Le travail dans les sociétés post-esclavagistes : genre et génération’’, à l’UCAD 2. Dans son exposé, le recteur est également revenu sur l’origine du mot ‘’ Mbindane’’ qui signifie domestique de maison, en wolof. Il explique : ‘’Lorsque l’esclavage a été aboli à Saint-Louis en 1848, les maîtres ont été autorisés à racheter les jeunes employés comme domestiques à l’intérieur du pays. Ils avaient le droit de les garder jusqu’à 7 ou 14 ans, avant de les affranchir. Et une fois rachetés, ces jeunes étaient obligatoirement enregistrés par leurs maîtres au registre des services judiciaires de Saint-Louis’’.

Selon l’historien, c’est cet de acte d’enregistrement de ces jeunes garçons et jeunes filles, que vient le mot ‘’Mbindane’’ (avec la racine du verbe écrire : ‘’bind’’ en wolof). Si on en croit toujours l’historien, certains maîtres refusaient d’affranchir les jeunes. Ils les prenaient pour aller les revendre en Mauritanie ou dans le Walo qui était considéré comme un Etat à part mais, qui entretenait des liens diplomatiques avec le Sénégal d’alors composé de Saint-Louis, Dakar, Rufisque.

Devant un public composé de nombreux doctorants du Sénégal et de l’étranger, le professeur Ibrahima Thioub a éclairé la lanterne des uns et des autres sur la différence qui existe entre les mots esclave et captif. ‘’Le captif est une personne qui reconnaît encore d’où il vient, sa culture, bref, ses origines, tandis que l’esclave, c’est tout à fait le contraire.’’  Il a rappelé le rôle de l’historien qui est, selon lui, ‘’quelqu’un qui réfléchit sur le passé pour éclairer les difficultés du présent, sans trop de violence, en comprenant les origines des comportements contemporains’’. ‘’Toutes les sociétés ont connu l’esclavage’’, a précisé le président de l’Assemblée de l’Université.

Cette rencontre va durer cinq jours avec la participation de l’Institut ‘’Re : work’’ de l’Université Humboldt.

Abdoul Goudoussy Diallo (Stagiaire)

 

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