Un objectif national de 46 % en 2028, des défis persistants

Alors que le taux national de planification familiale (PF) au Sénégal est de 25,6 % pour un objectif fixé en 2028 de l’ordre de 46 %, des efforts ont été faits, mais il reste des contraintes à relever.
L'Association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD), en partenariat avec International Budget Partnership (IBP), a organisé un forum communautaire visant à renforcer la sensibilisation autour des enjeux de la planification familiale, tout en favorisant un changement de comportement positif à l’échelle individuelle, communautaire et sociétale. L'objectif de cette journée, qui avait pour thème général : « Médias et communauté en synergie pour une planification familiale inclusive et éclairée », était de renforcer le plaidoyer et la sensibilisation sur la planification familiale à travers une approche communautaire inclusive.
Lors de cette rencontre, la cheffe de la planification familiale à la Direction santé mère enfant (DSME) a rappelé que le taux national actuel de PF est de 25,6 %, alors que l’objectif fixé en 2028 est de 46 %.
Dr Ndèye Awa Diagne est également revenue sur les bien-fondés de la PF : réduction de la mortalité maternelle de 17 à 35 %, prévention des grossesses précoces, tardives, nombreuses et rapprochées, protection contre les grossesses non désirées, réduction des avortements clandestins mortels et des infanticides, sauvegarde de la vie des enfants grâce à l’espacement des naissances d’au moins 24 mois, et contribution à la réduction de la mortalité infantile de 20 à 30 %. La PF, selon elle, améliore la qualité de vie tout en diminuant la mortalité infantile.
Concernant les impacts de la croissance du taux de prévalence contraceptive (TPC), en 2025, 900 000 femmes utilisent actuellement une méthode contraceptive au Sénégal. Cela a permis d’éviter 353 000 grossesses non désirées, 75 000 avortements à risque et 640 décès de mères.
S’agissant des contraintes, elle a évoqué : l’insuffisance d’accès aux services de PF, la faible capitalisation des données des secteurs (privé et communautaire), l’insuffisante généralisation de l’offre de services à base communautaire, la mauvaise gestion des rumeurs et des effets indésirables, le statut matrimonial et le consentement du conjoint encore exigés par certains prestataires, le non-respect du coût harmonisé des prestations de services. Elle a également relevé : le faible niveau d’instruction des femmes (scolarisation insuffisante), le faible pouvoir de décision et le faible pouvoir économique de celles-ci, l’insuffisante implication des réseaux (journalistes, religieux, parlementaires, associations), le caractère pronataliste de la société sénégalaise. Enfin, elle a conclu sur : la valeur culturelle de l’enfant (signe de virilité, préférence pour le sexe masculin), l’influence des détracteurs, la perception négative de la PF, la faible implication des hommes (défaut de ciblage dans les activités IEC), les rumeurs et les convictions socioculturelles et religieuses.
« Des efforts importants ont été faits dans la promotion de la PF. Cependant, pour assurer un accès universel aux services de PF, il faut une approche inclusive, durable et adaptée aux réalités, un engagement communautaire et un soutien accru des pouvoirs publics pour garantir une couverture et une efficacité optimales des programmes de PF », a-t-elle recommandé.
Les effets secondaires de la PF
Pour sa part, Sina Diop, sage-femme d’État, a indiqué que la planification familiale (PF) regroupe l’ensemble des méthodes qui permettent aux femmes et aux couples de décider du nombre d’enfants et du moment de leur naissance. Elle contribue à la santé maternelle, infantile et au développement socio-économique.
La planification familiale, d’après elle, est un droit fondamental et un outil puissant pour améliorer la santé des femmes et des familles. L’appropriation dépend de l’accès à une information claire, de la lutte contre les préjugés et du respect du choix individuel.
Concernant les effets secondaires, elle a précisé qu’ils diffèrent selon les méthodes. Pour celles hormonales et DIU, pour la pilule, par exemple, il y a les nausées, les maux de tête ou prise de poids. Pour les injectables, ils peuvent causer des irrégularités menstruelles, pour les implants des saignements irréguliers et des céphalées. Pour les DIU cuivre et hormonal, elle souligné des des règles abondantes, douleurs ou du spotting. Concernant les autres méthodes dont les préservatifs il y a des risques mêmes s’ils sont rares d’allergies au latex tandis que pour celles naturelles l’efficacité est limitée