La mairie de Malicounda apporte des clarifications

C’est la réponse du berger à la bergère ! Après le point de presse tenu mardi par une frange de Thiantacounes réunis autour d’un Collectif pour l’émergence de Madinatou Salam, l’équipe municipale a tenu à livrer sa version des faits dans le litige foncier qui a fini d’accroître le climat de tension régnant depuis le rappel à Dieu en 2019 du guide Cheikh Béthio Thioune, entre deux communautés de fidèles. Pour Maïssa Faye, 1er adjoint au maire de Malicounda, il n’y a rien d’anormal relevé par la commission mixte de recensement mise en place à cet effet.
À Madinatou Salam, un village de la commune de Malicounda, le torchon brûle entre des membres d’une même communauté confrérique, à cause d’une question foncière rendue complexe par des enjeux multiples. En effet, des fidèles héritiers du défunt guide spirituel des Thiantacounes Cheikh Béthio Thioune sont en train de se crêper le chignon pour des histoires de terres !
Tout commence en 2007, lorsque Cheikh Béthio Thioune, natif du village de Keur Samba Laobé Diop, décide de revenir au bercail et d’y acquérir des terres, rebaptisant l’endroit Madinatou Salam (cité de la félicité). Au total, ce sont 4 000 parcelles qui seront acquises dans le cadre de ce processus.
Dans son objectif de créer une colonie de peuplement pour les Thiantacounes (sa communauté de disciples), il commence à attribuer aux intéressés des parcelles à usage d’habitation. D’autres, par la suite, sont venus acquérir par leurs propres moyens des parcelles dans ce même dessein d’y former une communauté harmonieuse de Thiantacounes.
C’est ainsi que Madinatou Salam, au fil des années, est passée d’une bourgade à une cité moderne mais surtout très vite peuplée. Cette expansion a donc naturellement induit la question des normes d’urbanisation avec la problématique des titres fonciers.
D’ailleurs, Cheikh Béthio Thioune avait très tôt mis en place une commission de recensement des parcelles de sa nouvelle cité en assignant à la structure une mission de recensement proprement dite, mais aussi de pilotage du processus devant déboucher sur la régularisation de l’assiette foncière par la délivrance de titres de propriété à qui de droit.
« Tout a été fait dans les règles de l’art… »
Plus tard, en 2014, la toute nouvelle et première équipe municipale de Malicounda, dirigée par Maguette Séne, a mis elle aussi en place une commission pour mieux accompagner ce processus. Depuis lors, cette commission composée de représentants des Thiantacounes de chaque côté, de l’urbanisme, de la Dgscos, de la mairie, du cadastre, des autochtones et des réfugiés a recensé toutes les maisons occupées dont les occupants disposent d’un document attestant que la parcelle leur a été cédée. Il y avait également des parcelles non occupées et d’autres litigieuses.
Le premier adjoint au maire, Maïssa Faye, a affirmé que ladite commission a travaillé en parfaite cohésion pendant plusieurs mois, avec des procès-verbaux signés par tous les participants, preuve à l’appui. « Le 16 septembre, nous devions rencontrer le préfet qui nous avait demandé, avant validation, de procéder à un toilettage du dossier. Aujourd’hui, comme prévu, la commission a été convoquée une dernière fois et, à notre grande surprise, deux conseillers de la localité sont venus déposer une lettre protestant contre les décisions prises antérieurement, alors même qu’ils y avaient pris part. Je leur ai dit que les portes de la discussion restaient ouvertes et qu’ils pouvaient exposer leur désaccord, mais ils ont préféré bouder et aller tenir un point de presse », s’est désolé l’adjoint du maire Maguette Séne, désigné président de ladite commission.
Lors de leur point de presse, les membres du Collectif pour l’Émergence de Madinatou Salam ont dénoncé le fait que des conseillers municipaux aient reçu des parcelles dans le village, avec la complicité, disent-ils, de l’équipe municipale. Laquelle se serait aussi rendue coupable, à leurs yeux, d’attribution de parcelles nues au fils de leur défunt guide religieux, Serigne Khadim Thioune, « en toute illégalité ».
Faux, rétorque l’adjoint au maire Maïssa Faye, imité en cela par le président de la commission domaniale Bouré Diouf, le conseiller municipal Safaye Mboup ainsi que les sieurs Lat Diop et Aliou Séne, tous membres de la commission. « Aucun conseiller n’a reçu de parcelle dans le village car le lotissement avait déjà été fait. Concernant les terrains nus, au moment du recensement, la commission avait déjà décidé de muter les parcelles au nom de Cheikh Béthio, puisqu’il s’agit d’une affaire d’héritage. Nous ne pouvons pas prendre le risque de partager les biens du défunt Cheikh. Si la famille trouve un terrain d’entente, cela devra se faire devant un notaire », précisent les mandataires du maire.
Pour finir, ils précisent qu’à Keur Samba, il n’y a pas seulement des Thiantacounes : la population est diversifiée et souhaite, pour la plupart, obtenir ses titres de délibération. D’ailleurs, parmi les Thiantacounes, seule une minorité s’agite, disent-ils. « Personne n’a été spolié : il s’agit simplement de régulariser et de valider le recensement que nous avons réalisé afin de permettre aux ayants droit d’obtenir leurs titres. La commission poursuivra son travail sans état d’âme, et ceux qui ne sont pas d’accord ont le droit de recours et peuvent saisir la justice », conclut l’autorité municipale sur cette question.
PAPE MBAR FAYE