Publié le 1 Jun 2016 - 13:22
PONCTION DES SALAIRES DES ENSEIGNANTS

Dianté et Cie bandent les muscles

 

L’apaisement dans le système éducatif sénégalais n’est pas pour demain. Les syndicalistes qui accusent le gouvernement de ponctionner leurs salaires sans distinction entre grévistes et non-grévistes se disent prêts pour la confrontation.

 

Le combat entre l’Etat et les syndicats d’enseignants est loin de connaître son épilogue. Quelques jours après avoir décidé de réquisitionner les enseignants pour  les obliger à reprendre les cours et à rendre les notes des élèves, le gouvernement accentue la pression. Il a décidé d’appliquer la loi en ponctionnant les salaires des grévistes. Selon les syndicalistes, la mesure est effective depuis quelques jours et concerne tout le monde. Des sommes très importantes ont été coupées dans les salaires du mois de mai. Le Coordonnateur du Grand cadre, Mamadou Lamine Dianté, soutient que le gouvernement a fait un cumul des jours de grèves entre octobre 2015 et mars 2016 pour les déflaquer aux salaires du mois de mai. ‘’Ce qui a fait que certains enseignants ont eu des ponctions allant jusqu’à 200 mille francs CFA’’, révèle-t-il.

L’autre Grand cadre dirigé par Abdou Faty qui a tout récemment suspendu son mot d’ordre de grève a fait le même constat. ‘’On nous a signalé des sommes allant de 70 à 100 mille francs CFA sur les salaires de ce mois’’, a dit pour sa part le Secrétaire général du Syndicat unique des enseignants du Sénégal (Sudes), Amadou Diaouné.

Interpellés sur la légalité des ponctions, seul le Sudes reconnaît et accepte la décision. Selon M. Diaouné, c’est tout à fait normal que l’Etat ponctionne les salaires pour ceux qui ont observé la grève. ‘’La loi est claire. Elle dit que quand on va en grève, les jours concernés ne doivent pas être payés‘’, précise-t-il. Par contre, il dénonce des dérives dans l’application de la loi. Selon lui, il y a des enseignants qui ne sont jamais allés en grève et qui ont vu leur salaire coupé. ‘’Il faut que les dérives soient rectifiées. Il y a des camarades qui n’ont pas fait la grève alors qu’on a ponctionné leurs salaires’’, regrette le Sg du Sudes.

Du côté d’Abdou Faty et Mamadou Lamine Dianté, l’on renvoie toute la responsabilité à l’Etat et refuse de légitimer le non-payement des jours de grève. Selon Dianté, la loi est générale et impersonnelle. ‘’Tous les Sénégalais peuvent témoigner qu’on ne parle de ponction de salaire que quand il s’agit des enseignants. Si cela était appliqué à tous les autres secteurs d’activité, nous allions accepter‘’, se défend le syndicaliste. Très remonté contre l’Etat, il ajoute : ‘’Quand on fait des grèves au mois d’octobre et que l’Etat vous paye votre salaire intégralement. Quel est votre responsabilité ? L’Etat est fautif. Maintenant l’Etat n’a pas le droit de cumuler 6 mois de grève pour les prélever sur le salaire du mois de mai’’, croit savoir le syndicaliste.

‘’Plainte contre l’Etat’’

Mamadou Lamine Dianté qui incarne la ligne dure affirme que la mesure a été prise de manière aveugle. ‘’Beaucoup d’enseignants ont été délestés, d’autres ont fait dix jours de grève sans être ponctionnés’’, dit-il. Pour ensuite réaffirmer leur détermination à aller jusqu’au bout. Selon lui, l’Etat cherche uniquement à leur faire mal à la veille du mois de ramadan. ‘’Tout ce qu’on demande à l’Etat est de nous coller la paix. Ils n’ont qu’à nous arrêter tous. On maintient nos mots d’ordre de grève et la rétention des notes. Nous sommes en train de constituer des avocats pour porter plainte contre l’Etat. Nous allons aussi saisir le Bureau international du travail (Bit) et l’Organisation internationale du travail (OIT) pour dénoncer cette nouvelle pratique de l’Etat’’, a conclu Dianté sur un ton très agressif.

Moins virulent que Dianté, Abdou Faty  adopte la même position sur la légalité de la ponction. Il accuse l’Etat d’être responsable de tout. ‘’C’est vrai qu’en droit, on paye le service rendu. Mais il y a ce vieux débat sur la légalité ou non des ponctions de salaires en cas de grève. Mais nous, nous disons que c’est l’Etat qui est à l’origine de la grève’’, soutient-il. Il pense que cette mesure est inopportune au moment où on cherche à pacifier l’espace scolaire. Dénonçant la non-distinction entre les grévistes et les autres dans la coupure des salaires, il attend la réunion de son syndicat demain jeudi pour voir l’attitude à adopter. 

Abdourahim Barry (Stagiaire)

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