Publié le 16 Jun 2012 - 11:08
POST-POINT

Macky Sall et sa parole d'honneur

 

Durablement, Abdoulaye Wade a été marqué par le reniement sans fard de propos relatifs à l'impossibilité pour lui de briguer un mandat présidentiel en février 2012. Le peuple vigilant lui attribua alors le surnom assassin de «wakh wakheet» (NDLR : dire et se dédire). Une faute désastreuse que même des enfants de 10 ans ont transformée en chanson du déshonneur qu'un homme de 87 ans, qui n'en a cure, leur offrit sur un plateau.

 

Passablement, on serait en train de vivre un reniement du même genre, qui viendrait du successeur d'Abdoulaye Wade. Et comme souvent avec les politiques, on procède par ballons de sonde pour lesquels on envoie au front des personnes dépourvues de toute légitimité défendre l'inacceptable. La modernisation de la vie politique nationale, les Assises nationales en ont fait une priorité absolue. Elle passe, entre autres innovations, par la limitation à deux des mandats successifs du président de la République élu, et leurs réduction de sept à cinq ans. Or, ce que des proches du chef de l'Etat sont en train de proposer, le maintien de la durée actuelle du mandat (7 ans), serait un parfait scandale politique s'il devait être avalisé. Leur thèse se résume à ceci : Macky Sall a juré de respecter et de faire respecter la Constitution, alors toute initiative qui irait en sens contraire constituerait une violation de la Charte fondamentale.

 

C'est un argumentaire à la fois mince et, surtout, d'une grande malhonnêteté intellectuelle que les porteurs de torches allumées en plein jour nous servent là ! Si ceux qui s'acharnent depuis quelques semaines à faire revenir Sall sur sa parole étaient sérieux et crédibles, ils auraient exprimé leur opposition à cette annonce lorsque le futur président de la République, en prenait solennellement l'engagement, dans une surprise totale, devant la presse locale et internationale. Il est vrai que c'était le temps du grand rassemblement contre l'ancien régime ! Toutes fausses notes étaient taboues.

 

Dépositaire de la légitimité populaire et à la tête d'une coalition à laquelle il a donné sa parole d'honneur, le président de la République n'a aucun intérêt à se transformer en clone wadien dont les promesses n'engageraient que ceux qui y auraient cru. C'est à lui fondamentalement qu'un reniement de cette dimension porterait préjudice dans l'opinion publique, beaucoup moins aux va-t-en-guerre à ceux qui lui en soufflent l'idée.

 

Du reste, s'ils n'ont pas l'intention de partager cette éventuelle posture de reniement avec le président de la République, les autres leaders de la coalition Benno Bokk Yaakaar devraient très vite tuer dans l’œuf cette initiative dont l'onde de choc est en mesure de décourager bien des électeurs décidés à aller aux urnes le 1er juillet. Sauf si l'idée de renoncer à la réduction du mandat était un combat commun à BBY, on devrait entendre Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Idrissa Seck et les autres alliés... Sur ce registre, ils ont tellement vilipendé Abdoulaye Wade que l'on interpréterait leur silence à notre manière... Mais on pourra toujours compter sur Y en a marre et sur toutes les autres forces vives de la Nation qui ne pensent pas forcément à la prochaine élection !

 

MOMAR DIENG

 

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