Publié le 27 Dec 2012 - 14:29
POST-POINT PAR MOMAR DIENG :

Le technocrate et ses laudateurs !

 

Comme attendu, la motion de censure du groupe des Libéraux et démocrates a été rejetée à une très forte majorité. Comme attendu aussi, le chef du gouvernement s'est encore expliqué sur sa relation avec le dossier Hissène Habré. Et comme attendu enfin, le discours des députés de la majorité parlementaire, encadré à l'extrême, a été un modèle de corporatisme dans lequel personne n'a osé faire paraître le plus infime zeste de défiance qui aurait affaibli la cohésion du groupe. Bref, en cette après-midi du 26 décembre 2012, il n'y a rien eu de neuf dans l'enceinte de Soweto. Les majorités passent et confient le flambeau de l'autarcie politicienne à leurs épigones.

 

L'enjeu de cette cinquième motion de censure de l'histoire parlementaire de l'Assemblée nationale du Sénégal était donc moins dans le résultat du «vote» que dans ce que l'on pouvait attendre de nouveau du Premier ministre. Reconnaissons-lui l'aisance dont il a fait preuve tout au long de son adresse. Concédons-lui également la clarté des mots et des explications fournies sur son action dans ce blanchiment d'argent public tchadien.

 

Mais acceptons que, sans contradicteur, ce n'était pas la mer à boire pour quelqu'un qui a passé environ quarante ans de sa vie à ne faire que de la banque. Sous cet angle là, son discours technocratique sur les procédures bancaires manque de sens et de valeur par rapport à deux éléments fondamentaux de politique publique : la démocratie et la transparence.

 

Si notre démocratie n'est pas en mesure de supporter qu'un Premier ministre démissionne naturellement pour son implication manifeste dans des procédures frauduleuses de blanchiment d'argent qui mettent en cause un ancien chef d'Etat qui est lui-même accusé de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et actes de torture, cela voudrait dire que nous nous prenons pour ce que nous ne sommes pas : une démocratie majeure capable de remettre en cause toute probité morale surfaite de quelque homme ou la qualité fonctionnelle de quelque système. Si des députés de la majorité présidentielle ne sont pas en mesure de faire la différence entre solidarité partisane et devoir d'élever la transparence au rang du sacré, alors il faudra se faire violence pour espérer une vraie rupture dans la prise en charge et la conduite des affaires parlementaires. La preuve, aucun débat d'orientation budgétaire n'a eu lieu cette année.

 

En vérité, il n'y a pas eu débat hier à l'Assemblée nationale car un débat suppose liberté de conscience et indépendance, et non inféodation à un groupe politique. Il n'y a pas eu débat politique parce que la Politique augure un peu plus de hauteur que la seule expression de flots dithyrambiques de louanges. En net, et au contact du cas Abdoul Mbaye, il ne semble pas qu'il y ait cohérence globale dans la politique de transparence que le pouvoir s'évertue à mener depuis le 25 mars.

 

Si dans quelques semaines Macky Sall est obligé de remercier son Premier ministre pour une raison ou pour une autre, il faudra bien que les députés de la majorité se posent des questions sur le sens de leur engagement dans l'hémicycle.

 

 

 

 

 

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