Publié le 26 Jan 2019 - 01:37
POURSUIVIS POUR RECEL DE RIZ

 Pas de peine requise contre Aziz Ndiaye et son père et le sursis pour son frère

 

Après plusieurs renvois, l'affaire de recel de riz dans laquelle sont cités le promoteur Aziz Ndiaye ainsi que son père Baye Alé Ndiaye et son frère Massata Ndiaye a été jugée, hier. A l'issue des débats, le ministère public n'a pas requis de peine contre Aziz et son père.  Il a demandé un an avec sursis pour Massata.

 

Quel sort le tribunal va t-il réserver, le 14 février prochain, à Aziz Ndiaye, son père et son frère cités dans une affaire de recel de riz ? En tous les cas, hier, à l'issue des débats d'audience du tribunal correctionnel de Dakar, le parquet n'a pas requis de peine contre le promoteur de lutte et son père. Le maitre des poursuites a dit qu'il s'en rapportait à la décision du tribunal. En revanche, il a demandé un an avec sursis contre Massata.

Le patron d’Aziz Productions et son père sont poursuivis pour les chefs d’association de malfaiteurs et complicité de recel. Massata Ndiaye comparaissait pour association de malfaiteurs, recel et vente de riz impropre à leur quatrième acolyte, le transporteur Abdou Konté qui  faisait l'objet d'un mandat d’arrêt et qui a finalement bénéficié d'un non-lieu. Dans cette affaire, Abdou Konté avait été mandaté pour convoyer au Mali, une cargaison de 124 tonnes de riz, soit une valeur de 100 millions de francs CFA pour le compte de Mamadou Kébé, agent commercial à Bambi solution. La marchandise destinée au Mali s’était retrouvée curieusement dans les locaux de la société du promoteur de lutte Aziz Business Company (Abc) qui s'active dans le commerce, le transport, l'import-export et l’événementiel. C’est la raison pour laquelle le juge avait inculpé Aziz Ndiaye, son frère et son père. Les inculpés ont toujours contesté les faits.

Face aux juges hier, Mamadou Kébé a maintenu ses accusations contre la famille Ndiaye. Le plaignant a expliqué qu'après rechargement, son client malien l'a appelé pour se plaindre du retard dans la livraison de la marchandise. Lorsqu'il a appelé le transporteur Abdou Konté pour s'enquérir de la situation, ce dernier a prétendu que les chauffeurs étaient partis au magal de Kazou Radjab, tout en lui promettant que la marchandise va arriver à bon port. Lasse d'attendre, il a porté plainte et a décidé de suivre les traces du riz qui, selon lui, ne devait même pas rester au Sénégal car destiné au Mali. Ainsi de fil en aiguille, un des apprentis lui a confié avoir vu Massata et son père conditionner le riz dans d'autres sacs pour, dit-il, pouvoir les écouler facilement sur le marché sénégalais. 

Des accusations que la famille Ndiaye a toujours contestées. Aziz Ndiaye a réitéré ses dénégations faites à l'enquête, en déclarant qu’il ignorait même que le riz était stocké dans le garage prêté à lui pour y stationner des camions. Aussi s'est-il inscrit en faux contre les allégations de son gardien, arguant que c'est à la Dic qu'il a su que du riz y était déchargé, car il peut rester six mois sans mettre les pieds au garage que sa famille utilise également.

Massata Ndiaye a maintenu sa déposition. Il a confirmé qu'Abdou Konté lui a vendu une valeur 21 millions F Cfa, soit 42 tonnes qu'il a revendues.  et que c'était du riz de qualité. Il a tenté de disculper son frère, indiquant qu'Aziz Ndiaye n'était même pas au courant du stockage. Il a également soutenu qu'il s'agissait de riz de qualité et que la denrée qu'il conditionnait était achetée par son frère auprès de la Douane. "Nous changions les sacs car le riz était mouillé. Si c'était impropre à la consommation, il n'aurait pas quitté le port", s'est-il défendu.

Son père, Baye Allé Ndiaye, a soutenu qu’il ignorait l’origine illicite du riz et qu’il ne pouvait en douter, dans la mesure où, le riz a été déchargé en plein jour et qu’on lui a présenté des factures. Il a confirmé que le riz trié et reconditionné était celui acheté par son autre fils Babacar.

Bambi solution a fermé boutique

Compte tenu du temoignage du gardien de l'entrepôt, Me Bassirou Sakho a laissé entendre qu'Aziz Ndiaye était au courant de tout, puisqu'il a été informé du déchargement. Pour lui, il s'agit d'un vol planifié depuis la réception du riz et que le conditionnement était destiné "à maquiller le vol".  "Depuis quand met-on du riz de qualité, Big Joe dans des sacs anonymes ?" s'est interrogé Me Sakho. Et de réclamer la somme de 100 millions au titre de dommages et intérêts. Il juge que ce montant se justifie amplement, car la société Bambi solution a fermé boutique et les employés se sont retrouvés au chômage, depuis cette affaire.

Outré par les dégâts subis par leur client et le fait que Massata Ndiaye ait avoué avoir vendu à Diaobé du riz impropre à la consommation, Me Diallo a qualifié les prévenus "d'assassins". Lui également considère que Massata a participé à la commission de l'infraction, car étant ami avec Abdou Konté avec qui il a fomenté le coup. Aussi a-t-il demandé que les faits soient requalifiés en abus de confiance. Me Diallo estime aussi que la responsabilité civile du promoteur doit être retenue.

Le représentant du parquet n'en est pas convaincu, surtout pour l'association de malfaiteurs, en ce qui concerne tous les prévenus. Pour la complicité de recel, le parquetier a déclaré qu'il ne peut pas affirmer avec certitude qu'Aziz Ndiaye et son père ont détenu le riz, en connaissance de cause. Par conséquent, l'élément intentionnelle n'est pas établie à leur endroit. Contrairement à Massata dont il juge le comportement "douteux", compte tenu de la manière dont il a acheté, le lieu où il a acheté, ainsi que la qualité du vendeur. En conséquence, le recel et la mise en consommation de produit impropre à la consommation sont établis. "En mélangeant les riz big Joe et riz Thaïlandais, on a corrompu la qualité", a fulminé le substitut Doudou Senghor, soulignant que Massata devait même être poursuivie pour tromperie sur la marchandise, ainsi que le recel et la mise en consommation.

"On ne peut poursuivre une même personne pour abus de confiance et recel’’

"Il n'y a pas de rapport technique pour viser la mise en consommation de denrée impropre à la consommation", a répliqué Me Abdou Thiam dans sa plaidoirie. Il considère également qu'on ne peut pas parler de recel, car il n'y a pas de vil prix, puisque la différence est de 250F. Me Moustapha Dieng a soutenu pour sa part que, dès lors que l'abus de confiance n'est pas retenu contre Abdou Konté, le recel ne peut pas être retenu contre Massata et ses supposés complices. Donc, ils doivent tous etre renvoyés des fins de la poursuite. Me  Abdou Dialy Kane a abondé dans le sens. "On ne peut poursuivre une même personne pour abus de confiance et recel également. En accordant le non-lieu, il n'y plus d'infraction de recel, car celle-ci suppose une infraction préalable. La seule personne qui était susceptible d'être poursuivi pour recel est Massata, or il a acheté en bonne foi", a-t-il renchéri.

Face aux arguments développés par la défense, le parquet a répliqué en soulignant que pour Abdou Konté, c'est un non-lieu de fait, car les recherches ont été infructueuses. Il a ajouté avoir assis l'infraction primitive, à savoir l'abus de confiance. "Ce délit n'est même pas envisageable, car nous sommes dans une affaire de contrat de transport'', a rétorqué Me Kane. Un argument écarté par Me Sakho pour qui, Abdou Konté avait pour contrat de transporter la marchandise à destination.

Délibéré 14 février

FATOU SY

 

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