Publié le 21 Jan 2015 - 01:36
PRESIDENCE DE L’AMS

Les enjeux politiques d’un maroquin

 

Le poste de président de l’Association des maires du Sénégal, qui  a fait l’objet  de tant de convoitises depuis les dernières élections locales et municipales du 29 juin 2014, cache bien des enjeux jusqu’ici inavoués.

 

L’Association des maires du Sénégal (AMS) a fait sa mue ce week-end. Mais le débat sur son enjeu surtout politique reste entier. Quel intérêt y a-t-il aujourd’hui à diriger cette structure de sorte à susciter autant d’appétit ? En tout cas, les avis restent partagés au sein de l’échiquier politique sénégalais et principalement au niveau même de la majorité présidentielle.

Selon le porte-parole de Yoonu askan wi (YAW), ‘’même si l’association n’est pas très bien connue des Sénégalais qui ignorent tout de son fonctionnement, on a comme l’impression que les enjeux sont internes et concernent les problèmes de pouvoir et de positionnement’’. ‘’C’est inacceptable de mettre toute une journée pour élire le président de l’AMS. On a même parlé d’argent qui a été distribué, de négociations et de tractations menées dans les couloirs, ce qui a été une nébuleuse pour ceux qui ne sont pas dedans’’, rumine Madièye Mbodj.

Qui suspecte des intérêts financiers derrière ce poste de président de l’AMS. ‘’Malheureusement au Sénégal, les gens se battent pour des enjeux de pouvoir et d’argent’’, se désole-t-il. ‘’Nous serions désolés que les maires qui voudraient diriger cette association puissent simplement la considérer comme un poste de sinécure, une position leur permettant d’avoir des privilèges personnels’’, soutient pour sa part, Moussa Sarr, porte-parole de la Ligue démocratique (LD).

Forte de 557 membres avec l’entrée en vigueur de   de la décentralisation, l’AMS se révèle être un véritable poids politique voire un levier sur lequel pourrait s’appuyer Macky Sall dans le cadre de sa campagne électorale pour la conquête d’un second mandat en 2017. Et selon l’ancien vice-président de l’Alliance Jëf Jël, ‘’celui qui dirige l’association des maires dirige indirectement l’ensemble des collectivités locales décentralisées du pays’’. ‘’Quand on dirige toutes les communes du pays, c’est comme si on dirigeait tout le Sénégal et c’est à ce niveau que les liens de parenté entre le président de la structure et le chef de l’Etat dérangent’’, déclare Ndiaga Sylla.

Mais selon le porte-parole de YAW, ‘’en aucune manière, l’AMS en tant que structure, ne peut influer sur le plan politique à moins d’être un moyen pour certaines personnes de trouver un positionnement qui leur permet d’avoir des ressources, du poids, des réseaux au plan international pour se renforcer individuellement et puis par ce biais, renforcer le candidat qu’ils soutiennent’’. Mais, ‘’en tant que collectif, l’AMS ne peut peser d’un poids réel dans le choix des Sénégalais aux prochaines échéances électorales’’.

‘’Je ne vois pas ce que l’AMS peut apporter à BBY sur le plan politique’’, estime Moussa Sarr selon qui, ‘’si l’AMS suscite des convoitises, cela doit être la possibilité pour son président et son bureau d’accompagner toutes les mairies’’. ‘’C’est cela le rôle de l’association : permettre un développement à la base. Mais il ne faudrait pas qu’on en profite pour des privilèges personnels’’, souligne-t-il. Avant d’ajouter : ‘’Il ne serait pas souhaitable que le gouvernement du Sénégal puisse utiliser l’AMS comme un levier à des fins de politique politicienne. Chacun doit rester dans son rôle pour l’intérêt du pays.’’

Pour le responsable ‘’jallarbiste’’, ‘’l’AMS a un poids politique énorme qu’elle doit utiliser pour satisfaire les aspirations des collectivités locales’’. En ce sens qu’elle est composée de diverses sensibilités, Macky Sall ne pourra pas, selon lui, dicter sa volonté à l’association même si BBY est majoritaire. ‘’Il n’est pas question de subir la volonté d’un seul individu que ce soit la volonté du président de la République ou du président de l’association’’, déclare-t-il. Non sans estimer que ‘’l’AMS devrait être un instrument de promotion de la gouvernance locale, du développement local, participatif et inclusif’’. 

ASSANE MBAYE

 
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