L’émission ‘’Yaakaar’’ s’adapte et s’impose
Pour soutenir et valoriser la créativité des artistes sénégalais dans le monde, Boubacar Thioye et Aïssata Sow Mercereau ont conçu l’émission ‘’Yaakaar’’ qu’ils coaniment et diffusent sur les réseaux sociaux. Dans un contexte de bouleversement des habitudes de vie, cette émission est très vite devenue un rendez-vous majeur, offrant aux musiciens la possibilité de communiquer avec leurs fans du Sénégal, de la diaspora et du monde.
C’est une innovation intéressante, qui met à l’honneur les artistes sénégalais. L’émission ‘’Yaakaar’’ se veut un cadre de promotion, de valorisation du travail et du parcours des artistes à travers différents réseaux sociaux. C’est un live stream dédié à la musique sénégalaise où l’utile se joint à l’agréable. Conçue et coanimée par Boubacar Thioye et Aïssata Sow Mercereau, deux camarades de promotion sortis de l’Ecole nationale des arts de Dakar et ayant poursuivi leurs études en France, ‘’Yaakaar’’ offre aux mélomanes, pendant deux tours d’horloge, un cadre enchanteur qui leur permet de s’évader et de passer un bon moment musical avec les artistes.
Fraîchement créée, l’émission est déjà très bien suivie dans le monde. C’est la magie des réseaux sociaux. Le rendez-vous est donné tous les dimanches, à 20 h GMT. ‘’L’émission connaît depuis son démarrage une courbe ascendante par rapport à l’audimat. Le public est très diversifié et provient de différentes zones, à savoir : Nantes, Paris, Sénégal, Riyad, Pretoria, Italie, Luxembourg, Chine, Etats-Unis. ‘Yaakaar’ a enregistré, en 10 émissions diffusées, 46 265 vues en web spectateurs, soit un taux d’audience de 46,65 % par émission’’, s’est réjoui le coanimateur de Mme Mercereau, Boubacar Thioye, dans un entretien accordé à ‘’EnQuête’’.
En effet, la possibilité, pour les internautes, de partager cet événement, de montrer leur présence à l’artiste, de lui poser des questions le rend plus sociable et plus participatif. Selon M. Thioye, le concept ‘’live stream’’- qui désigne une diffusion en direct et en simultanée d’une vidéo en même temps que sa captation, ‘’mérite l’attention’’. ‘’C'est donc un événement à part entière, par sa forme’’, dit-il.
D’ailleurs, il précise que Yaakaar est née dans un contexte sanitaire qui a fait prendre conscience au monde de la nécessité des artistes à s’adapter à la réalité des réseaux sociaux, mais aussi du changement de paradigme de leur rapport à l’audiovisuel. ‘’Aujourd’hui, le smartphone prend plus de place dans nos vies. Les réseaux sociaux sont devenus incontournables dans le social selling. Nous préférons regarder une émission ou un film via notre téléphone dans notre chambre, dans un bus, dans une salle d’attente ou simplement dans un jardin. Le changement des habitudes impose une adaptation des artistes. Ayant constaté que les artistes sénégalais étaient présents dans ce domaine, mais pas comme il faudrait, nous avons senti la nécessité de créer ce live streaming afin de les pousser à être plus présents sur ce réseau et d’entretenir cette communauté qui ne cesse de s’agrandir’’, a-t-il soutenu. ‘’Passer virtuellement une fin de week-end avec des gens qui vous aiment et vous suivent, mais qui n’ont pas la possibilité de vous voir tout le temps en concert, est capital pour l’image d’un artiste et captivant pour son public’’, a poursuivi le coanimateur de Yaakaar. Estimant que le public des réseaux sociaux n’est pas à négliger, un artiste doit le chercher et l’entretenir.
La philosophie des coanimateurs de ‘’Yaakaar’’
‘’Chaque émission est adossée à un thème qui nous est inspiré par les origines, la philosophie, les croyances, etc., de l’artiste invité’’, fait savoir Obèye Thioye.
En effet, sur les visuels de chaque émission, Boubacar Thioye et Aïssata Sow Mercereau proposent une phrase d’accroche qui donne une idée sur l’artiste et stimule la curiosité. ‘’Pour Yoro Ndiaye, qui était l’invité du 21 février dernier, il était écrit : ‘Yoro Ndiaye, le Baye Fall à la guitare hybride.’ Cela renseigne sur le contexte géographique, la philosophie (mouridisme), la dimension patrimoniale, le style et les influences artistiques de celui-ci’’, a détaillé M. Thioye. Avec le Groupe Vieux et Mariama, les deux animateurs ont abordé, à travers un voyage au cœur des sonorités mandingue, une page d’histoire très importante de l’Afrique, la Charte de Kouroukan Fouga. Avec l’artiste Abdou Guité Seck, ils ont, avec les éclairages du professeur d’histoire et traditionaliste Lamane Mbaye, visité la question du texte musical et son importance ainsi que son rôle social dans la mémoire collective...
Le duo de ‘’Yaakaar’’ entend se démarquer, grâce à son professionnalisme. ‘’En tant que créateurs, les artistes méritent le respect et la reconnaissance qui sied à leurs égards. Nous pensons leur devoir cette considération. La recherche du buzz et du scandale médiatique ne sont pas des éléments de notre philosophie. La vie privée des artistes, vue sous l’angle négatif, ne nous intéresse pas, c’est uniquement leurs créations qui méritent d’être mises en lumière’’, a estimé le coéquipier d’Aïssata Sow Mercereau.
En attendant que leur chaîne YouTube soit prête, Facebook reste le principal canal de diffusion de Boubacar Thioye et Aïssata Sow Mercereau, qui interagissent avec leurs invités à travers l’application Zoom. ‘’Nous aurions aimé diffuser sur tous les réseaux sociaux (Instagram, Facebook, YouTube et autres), mais techniquement, c’est contraignant. Sur Instagram, le live est limité à maximum 45 minutes et pas plus de deux participants. Sur Facebook, on a plus de temps, mais on ne peut pas dépasser deux personnes, explique notre interlocuteur.
‘’Comme nous sommes deux coanimateurs en plus de l’artiste du jour, il fallait trouver une autre option. Nous avons choisi celle payante de Zoom pro qui est un abonnement mensuel. Il permet de recevoir plusieurs participants et de pouvoir basculer en live sur Facebook et YouTube, mais pas sur Instagram pour l’instant. D'ailleurs, la chaîne YouTube de l’émission est prête ; on va bientôt diffuser sur les deux’’, a-t-il informé.
BABACAR SY SEYE